Critique : Scream 4 (Wes Craven)

Scream 4

Film américain
Réalisateur : Wes Craven
Avec : Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Marley Shelton, Jill Roberts, Kristen Bell, Rory Culkin, Hayden Panettiere, Erik Knudsen, Anna Paquin
Scénario de : Kevin Williamson
Directeur de la photographie : Peter Deming
Monteur : Peter McNulty
Durée : 110 mn
Genre : Mystère, Epouvante
Date de sortie en France : 13 avril 2011

 

 

 

 

La trame :

Sidney Prescott, enfin prête à tourner la page avec le passé, revient à Woodsboro dix ans après les derniers massacres pour présenter son premier roman. Un nouveau ghostface

 

Bande Annonce (VOST) :

 

Critique

Il y a quinze ans, le duo Wes Craven/Kevin Williamson créait avec Scream un sous-genre chétif du cinéma d’horreur : le neo slasher. Un sous genre embourbé dans ses propres codes, dont la facilité de production a contribué à la prolifération de films médiocres – dans le meilleur des cas. L’annonce d’un quatrième opus de Scream, dix ans après sa ridicule conclusion, semblait alors une idée saugrenue… Retour à Woodsboro sous un angle inattendu.

Une gourmandise macabre

Scream, c’est un jeu sur la déclinaison de son propre univers, sur l’indexation des codes des films d’horreur, maitrisés par les protagonistes qui peuvent alors déjouer les plans du tueur masqué, le sadique ghostface, dont la facture téléphonique s’est allégée avec l’arrivée des forfaits illimités. En dix ans, notre mode de vie a muté au gré des évolutions technologiques : banalisation des téléphones portables, de l’internet, et évolution des rapports sociaux avec des sites tels que Facebook ou Twitter. Ces éléments, nouveaux pour l’univers de Scream, sont intégrés à une recette qui semble inchangée : un téléphone sonne, des menaces sont proférées, des nymphettes sont massacrées. Pourtant, Scream 4 marque une terrible rupture avec le passé, dès son segment introductif, qui a la particularité, à chaque épisode, de donner le ton du métrage. Scream 4 est un film d’épouvante au sourire narquois, qui se contemple dans un miroir, le visage ensanglanté. Kevin Williamson, scénariste écarté du projet Scream 3, reprend la garde de son enfant avec la ferme intention de se venger, du précédent opus, mais également des productions horrifiques sans fin – vous connaissez Saw ? – qui ont vu le jour pendant cette absence. Wes Craven et Kevin Williamson font preuve d’une lucidité sans égale dans l’univers des neo slasher : ces films, dont raffolent les ados, sont incapables de susciter la peur, la vraie, viscérale ; si ce n’est des soubresauts provoqués par des détonations orchestrales que Scream 4 distribue sagement ça et là. La mission consiste alors à réunir les meilleurs ingrédients des deux premiers épisodes de Scream pour réaliser une sorte de remake, pointé du doigt par les protagonistes eux-mêmes, qui pousse à nouveau au flirt avec une délicieuse mise en abyme, rapprochant le spectateur du trio central « d’enquêteurs-victimes » : Sidney Prescott (Neve Campbell), Gale Weathers (Courteney Cox), et Dewey Riley (David Arquette).

Pas de neo slasher sans adolescents ! L’intrigue dévoile un nouveau membre de la famille de Sidney, sa cousine Jill Roberts (Emma Roberts), dont le cercle d’amies a été menacé par téléphone après le meurtre de deux étudiantes, un drame de mauvais augure alors que le massacre de Woodsboro fête ses dix ans. La belle brochette de chair fraiche (Kristen Bell, Rory Culkin, Hayden Panettiere, Erik Knudsen, …), dirigée avec brio par Wes Craven, est bien évidemment férue de films d’horreur. Les références, manipulées avec subtilité et humour, abondent dans un flot plus naturel que le premier opus. La réunion de jeunes autour d’un « Stabathon » (le faux film Stab ayant connu un destin similaire à Saw) fait écho à Scream 2 tandis que la soirée pyjama autour de Shaun of the Dead souligne un déplacement du référentiel horrifique : dans Scream, le culte est voué à Halloween, film d’horreur dans la plus pure tradition du slasher ; dans Scream 4, c’est le film parodique de zombies avec Simon Pegg et Nick Frost qui est à l’honneur. La parodie, unique issue pour le neo slasher ? C’est sans nul doute ce que cherche à démontrer ce quatrième épisode malgré le caractère répugnant des meurtres, les plus sanglants de la saga, puisque l’autodérision anime ce long-métrage de la première à la dernière scène. Rire du massacre, de l’horreur, rire de ces personnages conscients de leur condition et de la fatalité. Dans l’une des scènes les plus amusantes du film, deux flics en charge de surveiller la demeure de Jill discutent des faits et gestes qui pourraient leur être fatals dans un film. Leur mort, inéluctable, est d’autant plus savoureuse que l’humour jaillit en lieu et place du râle d’agonie. Conscient de ne plus choquer une génération biberonnée à la violence, Scream 4 prend le contrepied de ses compères et déroule le tapis rouge (sang) de la satire légère. Après tout, comme le déclare Dewey à l’officier Judy Hicks (Marley Shelton), le drame d’une génération est une plaisanterie pour la suivante.

Au-delà des délicieuses effluves de l’autodérision, le plaisir que procure Scream 4, version actualisée, revue et corrigée des deux premiers épisodes de la série, découle de l’écriture même, plus soignée, dans le respect des protagonistes historiques qui s’affirment et évoluent enfin. Sidney Prescott est présentée en femme forte, abandonnant sa torpeur traumatique pour affronter ghostface. Dewey, désormais shérif, est en couple avec Gale, qui a délaissé le journalisme au profit de l’écriture de romans. Cette dernière est la plus asticotée : l’inspiration l’a lâchée et une blondinette des forces de police colle aux basques de son mari.
Marque de fabrique du genre oblige, le moindre personnage vivant est un suspect potentiel. L’identité du tueur et son mobile sont dévoilés dans un acte final des plus maitrisés, en deux temps, dans l’élan du massacre humoristique qui donne vie au film. Dans l’ombre de ses progénitures difformes et accidentelles, le jeu sadique de ghostface a mûri pour revenir sous son meilleur jour : Scream 4 est l’épisode le plus jouissif de la saga.

4 étoiles


Article rédigé par Dom

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16 commentaires

  1. 4 étoiles parce que c’est Scream 4 ? 😉

    Sur ASBAF on vient de spoiler la fin juste pour le fun : http://www.asbaf.fr/2011/04/le-scre4m-etait-presque-parfait.html

  2. ça ne veut rien dire quand vous écrivez « métrage » en pensant que c’est un synonyme de « film », ça ne veut rien dire du tout…

  3. ça veut dire quoi ça « Cette dernière est la plus asticotée » ? Asticotée ?

  4. @Vincent, 4 étoiles parce que j’ai vraiment aimé :p J’ai attribué une seule étoile à Scream 3 😉 Ce que vous avez fait sur ASBAF et que je vais lire ne me surprend guère !

    @Denver, eh bien « métrage » est un néologisme de plus en plus répandu pour désigner un film, qu’il soit un court ou un long. Mince, d’autres néologismes ? Quant à asticoter, familièrement, cela signifie « irritier physiquement ou moralement un individu par des taquineries ». J’espère que, malgré mon vocabulaire, vous avez compris que le film vaut le détour !

    @Val, tu le connais ? :p

  5. Il est clair qu’avec Scream 4, c’est un bon moment assuré, du moins jusqu’à la finalité, qui elle m’a sèchement refroidie.

    Comme tu le dis, il a pris ce qu’il y a de mieux dans le 1 et le 2, mais hélas, il nous a giclé du 3 au visage en guise de dernière sommation (un hommage à Michelle Rodriguez, Battle LA ?). Chacun appréciera ou non cet acte final, mais j’ai vraiment l’impression que Kevin Williamson était sous champignon hallucinogène lors de l’écriture, ok c’est sans doute de l’autodérision, mais tout de même…

    Après au niveau cast, les patrons de la série sont toujours dans le coup, et Sidney maitrise maintenant de puissant coup de kung fu (coup de pied impossible qui fait disparaitre sa cible, surement une attaque caché de Bruce Lee). Par contre les adolescents, plutôt agaçant, enfin des adolescents quoi.. mais surtout pas crédible pour un sous, même si souvent l’objectif, c’est faire rire, il en manque au moins 1 de vraiment charismatique à l’instar de Matthew Lillard (Stuart dans Scream premier du nom) pour vraiment transporter le délire.

    Bref, Scream 4 c’est franchement à voir pour tout ceux qui ont déjà apprécié voir les précédents (c’est d’ailleurs un prérequis), malgré quelque point très discutable, comme je l’ai dit, c’est une excellente fusion du 1 et du 2, mais aussi quelques injections du 3, bilan, DANGER ! HIGH VOLTAGE (http://www.youtube.com/watch?v=2a4gyJsY0mc).

    @Dom : Scream 4 est l’épisode le plus jouissif de la saga, mais pas le meilleur.

    Mat, Born in the USA, i was.

  6. @dom : hé bien pour moi c’est juste un néologisme qui n’a aucune raison d’être, mais bon je chipote c’est vrai 😉 ceci mis à part, j’ai apprécié ta critique et elle m’a redonné foi en ce film que j’attends avec impatience ^^

    oui Val’ ?
    je pense que tu dois me confondre avec un autre Denver (cela m’est arrivé plus d’une fois) car je n’ai pas pour habitude de poster des commentaires, je devrais changer de pseudonyme! ^^

  7. @Denver : Non ça sert a rien maintenant.

    Je suis sur qu’il est trop bien Scream ! 😀

  8. @Denver, j’évite de l’utiliser mais là, c’est venu tout seul :p J’espère que tu apprécieras aussi le film.

    @Mat, j’ai trouvé les ados bien choisis et bien dirigés, y a un jeu sur les clichés intéressants, notamment avec le personnage d’Hayden Panettiere et le côté désabusé du duo de cinéphiles Culkin/Knudsen.
    (le plus joussif, et par conséquent, le meilleur !)

  9. « le plus jouissif » sérieux ? je sens que je vais prendre mon pied alors !! 🙂
    mais pourquoi je ne suis pas invité aux projo presse de scream 4 moi ? bouh…

  10. Je n’ai pas lu ta critique pour préserver toute surprise, mais ta note me donne encore plus envie de le voir !!!

  11. @Phil, Le plus jouissif oui ! Si ton préféré est Scream 2, je pense vraiment que tu vas te régaler avec Scream 4.

    @Squizzz, pas de spoilers ni de révélations sur ce très bon film mais tu fais bien de te préserver de tout avis rédigé 😉

  12. Peut-être le plus jouissif, mais je le placerais quand même en deuxième position juste derrière le premier (mais ils se suivent de très très près). On peut donc dire que « Scream 4 » est un très bon remake de « Scream 1 », pari réussi ! Je crois que ce que j’ai le plus aimé, ce sont les clins d’œil aux autres opus, surtout au premier, avec la reprise de scènes (en partie ou en entier), en les réinventant, les déplaçant dans le récit, les reprenant à plus grande échelle, pour le plus grand plaisir du spectateur averti, mais aussi pour le tromper.

  13. Personnellement, je préfére Scream 2 au premier opus : il jouait déjà sur l’autodérision qui apporte énormément à ce genre de récit. J’ai lu ta critique sur ton blog et on s’accorde sur le fait que Scream 4 est une réussite.

  14. Pour moi ce film n’était pas terrible ! , Je m’attendais à mieux , il est comme on dirrais  » culcul la praline  » , et en plus Je l’est vue au cinéma , donc le voir chez soit serait encore plus ennuyeux , bon après Chacun ces goûts !

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