Critique : San Andreas

La faille de San Andreas pourrait anéantir une grande partie de la Californie un jour ou l’autre : la nature est capable du pitch parfait pour un film catastrophe. Comptant sur Dwayne Johnson – alias The Rock – pour attirer les chalands, San Andreas est un délirant nanar difficile à situer sur l’échelle de Richter. Examen des secousses sismiques en critique.

Super Papa

On connaît bien le coup de la jeune fille distraite au volant de sa voiture, fouillant dans son sac à main alors qu’un autre automobiliste s’apprête à la croiser. Inévitable et stupide collision. Sauf que San Andreas débute ainsi pour jouer avec nos attentes, deux fois de suite, pour voir un éboulement, provoqué par un tremblement de terre, embarquer le véhicule de la jolie blonde. Toujours consciente malgré une chute qui aurait tué un coriace footballeur américain, la voilà à quelques mètres de la fin, dépendant d’une simple branche retenant sa voiture. Mais Ray (Dwayne Johnson), sauveteur intrépide, débarque en hélicoptère avec son équipe. Pas de soucis pour descendre entre deux parois rocheuses, ni pour venir à l’aide d’un coéquipier ayant trouvé le moyen de se coincer sous le véhicule. Ray maîtrise toute situation à risque. Par son second degré, le long métrage de Brad Peyton – réalisateur de Voyage au centre de la Terre 2 : l’île mystérieuse et Comme chiens et chats : la revanche de Kitty Galore , ça ne s’invente pas ! – semblait avoir opté pour la parfaite tonalité, mais au-delà de cette séquence d’ouverture, l’humour et l’auto-dérision vont se terrer bien en-dessous de la nappe phréatique. Alors que des scientifiques, menés par Paul Giamatti, réalisent qu’ils ont trouvé un moyen de prédire les secousses sismiques – d’abord trente secondes avant les secousses, ce qui n’est pas si pratique, puis quelques minutes avant, entre deux secousses, ce qui est parfait pour alerter ceux qui seraient restés devant leur télévision –, Ray s’apprête à signer les papiers de la demande de divorce de sa femme Emma – l’insipide Carla Gugino. Heureusement pour lui, le séisme du siècle qui va dévaster la côte californienne lui permettra de reconstruire sa famille, avec effet cathartique en bonus.

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Pour un film sur les tremblements de terre, on pouvait s’attendre au pire de la shakycam : après tout, cette méthode de fainéant simule parfaitement une secousse sismique. Bien que Brad Peyton s’appuie souvent sur ce type de cadrage, le réalisateur canadien fait parfois preuve de plus d’ambition, avec notamment un plan séquence plus qu’honorable en matière d’immersion à défaut d’être saisissant, passage par une fenêtre pour suivre Emma dans un immeuble gagné par la panique. En matière de cinéma numérique où le fond vert est roi, San Andreas se positionne loin des standards du moment, avec son « modeste » budget de 100 millions de dollars, et si l’esthétique du film est loin d’être splendide, l’aspect quelque peu désuet lui confère le charme d’une luxueuse série B. Marqué par des dialogues vains et des scènes de panique et de destruction répétitives – re-bonjour traumatisme post 9/11 –, San Andreas évite certains clichés au travers de la fille de Ray et Emma, Blake (Alexandra Daddario). D’abord demoiselle en détresse, c’est elle qui mènera le groupe qu’elle compose avec deux frangins alors que papa et maman volent à son secours en hélicoptère, en pick-up, en avion de tourisme mais aussi en bateau. Trois scénaristes ont jugé bon de faire grimper les enchères jusqu’à un tsunami gigantesque, phénomène impossible dans la réalité puisque la faille de San Andreas s’étend principalement sur une zone terrestre. Mais passons sur ce détail puisqu’il permet au film d’entrer dans sa phase la plus idiote mais aussi la plus plaisante – pour peu qu’on puisse tirer du plaisir de ce type de spectacle. Dans un San Francisco submergé, Ray et Emma recherchent leur fille, qui a pris comme refuge un immeuble en construction loin d’être insubmersible. Mais Super Papa, épaulé par Super Maman, affronteront tous les dangers pour être à nouveau réunis, les papiers du divorce oubliés. En situation d’urgence, il faut s’appuyer contre un mur solide dit Ray à une poignée de personnes qu’il sauve in-extremis. Ce mur, c’est bien sûr The Rock, la seule personne contre qui se lover pour passer au travers d’une telle épreuve de destruction massivement sotte et invraisemblable. Pas sûr que l’Amérique tremble devant cette miteuse production qu’est San Andreas.

2 étoiles

Film converti en 3D pour son exploitation en salle mais découvert dans sa version 2D.

 

san-andreas-affiche

San Andreas

Film américain
Réalisateur : Brad Peyton
Avec : Dwayne Johnson, Carla Gugino, Alexandra Daddario, Ioan Gruffudd, Paul Giamatti
Scénario de :
Durée : 114 min
Genre : Action, Aventure
Date de sortie en France : 27 mai 2015
Distributeur : Warner Bros. France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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3 commentaires

  1. Salut Dom,
    Tu fais bien de critiquer ce film, mais je pense que personne ne s’attend a de l’écriture ou tout autre artifice intéressant du cinéma. La seule chose qui compte, c’est que tout soit démoli !!
    Dwayne Jonhson est un ovni du cinoche, je l’adore, il est naturellement drôle (depuis « Southland tales », petite merveille de Richard Kelly) et sa seule présence est un gage de bonne humeur (??).
    Je sors de Mad Max en 3d (première fois que je ne trouve pas le procédé pourri, et certains décors sont incroyables) et j’ai donc ma dose de « fureur » pour quelques semaines, mais je verrais ce film catastrophique soit en BR soit au cinoche si on me dit que la 3d « claque »… ce qui m’étonnerai.
    Bref je suis fan des film « cata » mais j’ai conscience que 80% d’entre eux sont des nanars merveilleux.

  2. Salut Dom Dom !
    C’est certain qu’en m’y rendant, je ne cherche pas un scénario des plus subtils mais un minimum d’engagement.
    Perso, « 2012 » m’insupporte, et je trouve d’ailleurs « San Andreas » plus agréable à regarder bien qu’il soit techniquement en dessous et que j’aurais tout oublié du film d’ici deux semaines.
    J’adore aussi Dwayne Johnson, qui a vraiment su se reconvertir depuis « Southland Tales », mais ici, peu de place au second degré ou aux démonstrations de force herculéenne, le film est très premier degré au-delà de son introduction malheureusement.
    Que ce soit « Mad Max : Fury Road » ou celui-ci, je les ai découvert en 2D

  3. Bon, ce sera donc dans 4 mois sur un BR. Je suis d’accord avec toi pour 2012, et j’ai résolu le problème. Il suffit de zapper toutes les scènes inutiles (au moins la moitié du film, et là, on est devant un sacrée morceau de destruction délirante. Je vais aller voir ta critique sur Max de ce pas…..

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