Critique : Green Book sur les routes du Sud

Green Book : sur les routes du sud marque un tournant dans la carrière de Peter Farrelly : c’est le premier film qu’il réalise sans son frère Bobby, et c’est un biopic à tendance dramatique bien que ce road movie mise aussi sur l’humour de son duo central composé de Mahershala Ali et Viggo Mortensen. Une belle histoire d’amitié traçant sa route sur les terres du racisme et des préjugés.

Vaincre la ségrégation

Il y a derrière le titre du film un certain « livre de Green », ouvrage recensant les lieux où les afro-américains pouvaient se rendre sans crainte, et c’est la véritable histoire de Tony Vallelonga, dit Tony Lip pour sa gouaille, et du pianiste Don Shirley que raconte Peter Farrelly. En 1962, le célèbre Copacabana du Bronx doit fermer ses portes deux mois pour des rénovations. Tony (Viggo Mortensen) y travaille comme videur et doit nourrir sa famille jusqu’aux fêtes de fin d’année. On lui propose d’officier comme chauffer pour le Docteur Don Shirley (Mahershala Ali), pour une période de deux mois. Le plan presque parfait : Tony est surpris de faire la rencontre d’un homme noir – lui qui semble rebuté par les personnes de couleur – et qui plus est, n’est pas un homme de médecine mais un pianiste émérite. Malgré une rencontre froide, ne laissant pas présager de collaboration entre les deux hommes, Tony se retrouve chargé de la mission, armé de ses préjugés pour accompagner un artiste en tournée dans des états où la ségrégation et le racisme sont omniprésents.

Pour camper cet italo-américain, Viggo Mortensen a acquis un sacré accent et gagné une vingtaine de kilos pour coller à la figure originale. Quant à Mahershala Ali, ce dernier n’avait pas de documents vidéos pour se documenter sur son personnage, et si les effets spéciaux s’avèrent réussis pour lui donner les airs d’un génie du piano, c’est le compositeur Kris Bowers qui assure la partition à sa place. Si Green Book : sur les routes du Sud est une réussite, c’est grâce à son duo de comédiens, cette magie propre à la réunion de personnages d’univers différents et qui apprendront à s’apprécier, à mettre leurs préjugés mutuels de côté : la naissance d’une belle amitié. Dans cette traversée, le racisme est d’autant plus violent qu’il s’exprime rarement par la violence physique mais dans des paroles et actions discrètes, banalisées. Prenons par exemple cette scène où lorsque Don Shirley et son trio doivent jouer dans une ancienne plantation – malaise du cadre –, il se voit refusé l’accès aux toilettes pour hommes. Il retentit une déflagration sourde quand le propriétaire lui demande aimablement de rejoindre une cabane dans le jardin, destinés aux employés noirs.

Auscultant une Amérique au racisme profondément ancré, baignant dans l’intolérance absolue à l’égard des différences, de nationalités ou même d’orientations sexuelles, Green Book : sur les routes du sud dessine un itinéraire qui tend naturellement vers l’ouverture et la compréhension. Joué finement avec une dose d’humour sans exagération, ce film qui brille aussi par les morceaux qui y sont interprétés manque d’atteindre des sommets par la mise en scène trop proprette de Peter Farrelly. Il y a un manque d’envergure qui ne nuit pas à la narration mais qui témoigne d’une certaine frilosité. Ce n’est pas une approche classique mais timorée, et si le charme opère toutefois, le film apparaît bien en-dessous du récent BlacKkKlansman de Spike Lee, abordant des thématiques communes sous un mode totalement différent, mais surtout avec une vraie prise de risque dans son acte final. Restons lucides : tout joli film portant ce type de valeurs est à défendre.

3.5 étoiles

 

Green Book

Film américain
Réalisateur : Peter Farrelly
Avec : Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardenilli, Dimiter D. Marinov, Mike Hatton, Sebastian Maniscalco
Titre original : Green Book
Scénario de : Nick Vallelonga, Brian Hayes Currie, Peter Farrelly
Durée : 130 min
Genre : Biopic, Drame
Date de sortie en France : 23 janvier 2019
Distributeur : Metropolitan FilmExport

 

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Très bon et très beau film, même si effectivement le contexte ségrégationniste reste un peu trop complaisant le côté buddy movie reste réussi et reste le sujet de l’auteur.

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