Test Blu-ray : Alfred Hitchcock les années Selznick

Fiche Technique :

Alfred Hitchcock – Les années Selznick : Rebecca (1940), La Maison du Docteur Edwarded (1945), Les Enchaînés (1946), Le procès Paradine (1947) réalisés par Alfred Hitchcock
Avec : Joan Fontaine, Laurence Olivier, Judith Anderson, Ingrid Bergman, Cary Grant, Alexander Sebastian, Gregory Peck, Michael Chekhov, Ann Todd, Louis Jourdan, Alida Valli
Genre : Thriller, Drame, Romance
Blu-ray testé : Edition française – Région B
Pistes Audio : Anglais, Français DTS-HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Format d’image : 1.33:1 et 1.37:1
Codec : MPEG-4 AVC
Résolution : 1080p
Editeur : Carlotta Films

 

Le coffret :

Pour leur nouveau coffret ultra collector, le septième de la collection, Carlotta Films se consacre sur la collaboration entre le producteur David O. Selznick et Alfred Hitchcock, qui donna naissance à quatre longs métrages dans la riche carrière du maître du suspense. Une chronique blu-ray un peu particulière puisqu’elle ne se fragmentera pas sur les quatre films pour tout regrouper ici. Un coffret composé de cinq disques, un pour chaque film ainsi qu’un blu-ray complet de bonus – chaque film est aussi accompagné de quelques bonus, voir le détails dans la section ci-dessous.

Rebecca s’apparente en premier lieu à un conte de fée, un conte hanté par le fantôme d’une femme, Rebecca, épouse décédée de Maxim de Winter (Laurence Olivier). Alors qu’il s’apprêtait à se suicider en se jetant d’une falaise, Maxim est sauvé par la voix d’une inconnue, jouée par Joan Fontaine – merveilleuse dans un rôle assez complexe, femme d’une grande bonté, prudente dans ses rapports avec les autres mais qui sera amenée à s’affirmer, à gagner en caractère en réponse à l’insidieuse méchanceté déployée envers elle. C’est donc par un sauvetage et un coup de foudre à Monte Carlo que débute le film, et un temps, les deux êtres vont se chercher, jusqu’à ce que Maxim contrecarre leur séparation en demandant la main de cette jeune femme d’une autre caste, sans famille depuis le décès de son père. Marqué par des touches d’humour vouées à s’évanouir, Rebecca nous conduit au château de Manderley, impressionnante résidence de Maxim de Winter où la présence de sa femme décédée reste si prégnante : toute une aile y est condamnée depuis sa disparition. Joan Fontaine devient alors la nouvelle madame de Winter, glissant de son travail de « dame de compagnie » à celui d’épouse d’aristocrate, impliquant de prendre la position de maîtresse de maison d’une demeure hors du commun.
Ce long métrage passionne par le parcours de sa protagoniste ainsi que dans son rapport avec la mort, de la présence par l’absence de Rebecca de Winter au travers de ce qu’elle a laissé, jusque dans les manifestations fantomatiques qui guident le récit au fil des agissements de la nouvelle jeune épouse, prise dans l’étrange étau du veuf et de l’énigmatique gouvernante, Mrs. Danvers (Judith Anderson). Rebecca est une œuvre qui étend son voile sur les genres (drame, romance, polar) avec maestria, et qui conserve encore aujourd’hui tout de son singulier éclat.

La maison du docteur Edwardes (1945) : amour et psychanalyse. Dans ce film noir, Ingrid Bergman, en psychiatre solitaire au milieu de ses compères masculins, donne la réplique à un Gregory Peck se présentant à son institut comme le Docteur Edwardes : pourtant, c’est un vol d’identité, et l’intéressé avoue qu’il souffre d’amnésie. Alors qu’il pourrait avoir tué le fameux docteur, Constance Petersen (Bergman, donc), va écouter son cœur et mettre toute son énergie dans la résolution d’une énigme qui passera par un rêve à décrypter, alors que la police est à leurs trousses. Vulgarisant de façon un peu désuète aujourd’hui le travail de psychanalyse, La maison du docteur Edwardes repose avant tout sur le jeu de Bergman avec un personnage intelligent, fort et sensible. La comédienne saisit ce rôle avec brio et si la narration peut sembler convenue – notamment en insistant sur la possible culpabilité du personnage joué par Peck –, quelques rebondissements pimentent cette affaire sublimée par un thème musical des plus romanesques de Miklós Rózsa. A noter que la séquence de rêve s’appuie sur des dessins de Salvador Dalì, apportant un brin de surréalisme inédit dans l’univers hitchcockien.

Les Enchaînés (1946) réunit deux légendes, Ingrid Bergman et Cary Grant, pour un film d’espionnage à la narration guidée par les sentiments mutuels éprouvés par les deux protagonistes – ou serait-ce une romance troublée par la nécessité patriotique d’épouser le carcan du film d’espionnage ? D’une simplicité narrative fabuleuse, le film construit son suspense par le sens du découpage génial d’Alfred Hitchcock, exploitant tardivement mais avec une efficacité remarquable un de ses fameux MacGuffin. Se déroulant en 1946 au Brésil, le film s’ancre dans son époque, dans la traque de nazis expatriés. Alicia Huberman (Ingrid Bergman), fille d’un homme tout juste condamné pour sa collaboration avec des nazis, est contactée par un agent des services secrets, Devlin (Cary Grant), afin qu’elle montre son amour pour la patrie en infiltrant un réseau de nazis en Amérique du Sud. Coup de foudre immédiat entre ces deux êtres qui se verront, insidieusement, éloignés par la mission qu’accepte Alicia : devenir la compagne d’Alex Sebastian (excellent Claude Rains) afin d’accumuler suffisamment d’informations sur son groupuscule et faire tomber toutes les têtes. Cruel par les embûches qu’il place entre les deux amants, ce thriller passionne autant par ses interprètes fabuleux que ses séquences à forte teneur en suspense : grâce à une simple clé donnant accès à une cave à vin, Hitchcock génère une tension prodigieuse, qui semble parfois suspendre le temps à de simples gestes, chacun d’eux pouvant s’avérer fatal. Une œuvre emblématique dans sa carrière, objet de fascination à déguster et à étudier toujours et encore.

Le Procès Paradine (1947) est sans nul doute le film le plus méconnu des quatre œuvres réunies ici. D’aucuns emploieront le terme de film « mineur », pourtant, s’il peut être moins marquant que les autres longs métrages de ce coffret, il regorge de qualités par l’étude de mœurs à laquelle il procède dans son affaire judiciaire, et ce, avec des comédiens remarquables. On touche presque à l’analyse de l’aristocratie britannique de l’époque grâce à ses principaux personnages. Anthony Keane (Gregory Peck), avocat de renom, doit défendre une femme d’avoir empoisonnée son mari aveugle. Cette femme, c’est Maddalena Paradine (Alida Valli), et, dès leur rencontre, l’avocat tombe sous son charme – bien qu’il soit marié et heureux. Il mène alors une enquête précédant le procès afin de construire sa défense en choisissant deux options possibles, le suicide du mari, ou un assassinat perpétré par le valet, André Latour (Louis Jourdan). Par la relation entre les divers personnages, de l’avocat de la défense au juge sans pitié joué par Charles Laughton, Le Procès Paradine s’intéresse plus aux actes que l’on accomplit par la force des sentiments qu’à construire un véritable suspense autour de son crime, pourtant prenant. La place de la femme dans le couple y tient une importance toute particulière, qu’il s’agisse de Gay (Ann Todd), la femme de l’avocat, ou bien encore de celle qui partage la vie du juge, Sophie Horfield (Ethel Barrymore). Le film est seulement plombé par quelques élans mélodramatiques parfois maladroits, mais il reste une œuvre à ne pas négliger dans la carrière du grand Hitch, nous gratifiant de quelques plans mémorables.

 

Les Blu-ray

– Image :

Parmi ces quatre longs métrages, Rebecca est doté du plus beau transfert ainsi que de la plus belle restauration. Du début à la fin, le film montre un piqué absolument fantastique, avec un niveau de détail épatant. Les pièces du château de Manderley impressionnent par leur décoration opulente et la profondeur de champ n’entrave jamais les qualités exceptionnelles de ce blu-ray. Avec ses noirs profonds et ses contrastes solides, son absence totale de rayure et d’artefact, ce film de 1940 s’est offert une seconde jeunesse.

Pour La maison du docteur Edwardes, l’image marque par son homogénéité remarquable. On peut compter à nouveau sur des contrastes de qualité, un piqué d’une grande finesse et un niveau de détail vraiment épatants. Subsistent seulement une poignée de rayures sur certains plans, et encore plus rarement, des noirs penchant vers le gris.

Les Enchaînés débute par des scènes qui, heureusement, ne sont pas représentatives de l’ensemble du film : définition proche du DVD avec de nombreuses marques et même des traces lumineuses sur le bord gauche du cadre. Vient ensuite une image avec un piqué des plus satisfaisants. Si aucun fourmillement ne se présente, quelques rayures et points blancs subsistent sur certaines scènes, tout en restant discrets. Les noirs, profonds, n’avalent aucun détail, et les visages d’Ingrid Bergman et Cary Grant émerveillent par leur splendeur. Les plans de coupe et fondus offrent une image plus douce.

Enfin, Le Procès Paradine affiche aussi une image impressionnante, grâce à un piqué ciselant et un niveau de détail très élevé, sans avoir perdu le grain caractéristique de la pellicule. On remarque du fourmillement dans les noirs sur certains plans, parfois de façon prononcée, mais sur l’ensemble du film, le phénomène reste rare, comme cette poignée de plans avec une définition plus chétive. Etant donné qu’il n’y a aucune trace de poussière, ni d’artefact et encore moins de rayure, on reste dans la gamme de l’excellence du noir et blanc.

– Son :

Seule la piste en VO est testée.

Tous les films sont proposées avec deux pistes audio en DTS-HD MA mono, en français et en anglais. C’est le Le Procès Paradine avec un mixage très équilibré et ses voix d’une grande clarté qui propose la meilleure expérience audio. Avare en effet mais toujours accompagnée par la musique de Franz Waxman, la piste audio présente son dynamisme dans la dernière partie du film, culminant avec la tension dramatique. Rebecca montre des qualités quasiment identiques, à l’exception d’un léger souffle qui se noie dans les musiques, presque omniprésentes sur ce film. De même avec Les Enchaînés, un souffle discret sera capté par les oreilles les plus sensibles sur certaines répliques, mais c’est le seul défaut notable de cette piste conforme à la qualité générale du coffret. Enfin La maison du docteur Edwardes présente aussi ce léger souffle sur toute la durée du film, mais il présente aussi des premières minutes assez décevantes avec une sensation de compression affectant à la fois la musique et les dialogues. Ce manque d’éclat disparaît heureusement rapidement.
Le sous-titres français ne sont pas obligatoires pour chaque film regardé en VO.

– Bonus :

Rebecca : Obsédante absence, entretien avec le cinéaste Laurent Bouzereau à propos du film (20 min), Hitchcock/Truffaut, conversation entre les deux maîtres suivie d’un commentaire du cinéaste Nicolas Saada (34 min), Screen tests de Margaret Sullivan et Vivian Leigh pour le rôle qu’obtiendra finalement Joan Fontaine (9 min, SD), Bande annonce (non restaurée, en SD)

La maison du docteur Edwardes : Subliminal, entretien avec le cinéaste Laurent Bouzereau à propos du film (16 min), Hitchcock/Truffaut, conversation entre les deux maîtres suivie d’un commentaire du cinéaste Nicolas Saada (23 min), Bande annonce (non restaurée, en SD)

Les Enchaînés : La clé du suspense, entretien avec le cinéaste Laurent Bouzereau à propos du film (14 min), Hitchcock/Truffaut, conversation entre les deux maîtres suivie d’un commentaire du cinéaste Nicolas Saada (30 min), Bande annonce (non restaurée, en SD)

Le Procès Paradine : Réminiscences, entretien avec le cinéaste Laurent Bouzereau à propos du film (16 min), Hitchcock/Truffaut, conversation entre les deux maîtres suivie d’un commentaire du cinéaste Nicolas Saada (24 min), Bande annonce (non restaurée, en SD)

– Blu-ray de bonus :
Hitchcock/Selznick : entretien avec David Selznick, fils de David O. Selznick (23 min)
« Monsieur Truffaut meets Mr. Hitchcock » : la genèse d’un livre de légende et d’une relation singulière ( 39 min)
Documentaire « Daphné du Maurier sur les traces de Rebecca » (57 min)
– Home movies (36 min) : Alfred Hitchcock en famille et sur les plateaux de tournage

Annotations :

Ce superbe coffret de 5 Blu-ray (4 films + 1 bonus), limité à 3000 exemplaires, est aussi édité dans une version DVD avec un contenu identique, dont un livre de 300 pages « La Conquête de de l’indépendance », composé d’articles d’époque, d’entretiens et de photos inédites.

 

Film :
4 étoiles
Image:
4 étoiles
Son :
4 étoiles
Bonus :
5 étoile
Avis Global :
5 étoiles
Article rédigé par Dom

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