Die Antwoord, clips d’un OVNI musical

Die Antwoord (qui signifie « la réponse », en afrikaans) est un groupe sud africain qui, grâce à l’aide d’une seule video, Zef Side, présentant leur musique et leur environnement, a exercé une fascination rare sur les internautes du monde entier tout en semant le doute sur leur véritable identité. Retour sur les clips de ces déjantés bien décidés à lancer leur propre révolution musicale.

Lorsque l’on pense à d’éminentes personnalités d’Afrique du Sud, des noms tels que Nelson Mandela, J.R.R. Tolkien ou encore Charlize Theron sont les premiers qui viennent à l’esprit. Et tout porte à croire que Yo-Landi Visser, Ninja et DJ Hi-Tek – le trio de Die Antwoord -, pourraient prochainement chambouler nos associations cognitives.
Leur musique, qu’ils définissent par le terme « Zef », est un accouplement du rap avec la rave. Le flow de Ninja, souvent porté sur le sexe et rarement tendre, mélange l’anglais et l’afrikaans tandis que le chant de sa complice, Yo-Landi, n’est pas sans rappeler le raggaeton (« In your Face ») lorsqu’elle ne chantonne pas d’une voix d’adolescente sortie d’un dessin animé japonais (« Enter the Ninja »). Mais le premier choc provoqué par Die Antwoord est avant tout visuel : un type tatoué, au visage peu avenant, portant un calbute Pink Floyd ; une nénette à la coupe de cheveux improbable, portant un T-shirt à l’effigie de Batista ; et un grand benêt mutique qui affiche fièrement une feuille de cannabis sur son bandana. Mais trêve de blabla, la vidéo parle d’elle-même :

Réalisée par Sean Metelerkamp et Ninja, la vidéo surréaliste Zef Side a créé un buzz énorme en début d’année : véritable groupe ou campagne de pub pour une marque ? On parlait de Puma à cause du bandeau de poignets porté par Ninja, ainsi que le sac de cette même marque sous le banc sur lequel sont assis Yo-Landi et DJ Hi-tek. Face à un tel professionnalisme dans la production de ce court-métrage musical, personne ne pouvait accepter qu’il n’était pas question d’une blague, surtout lorsqu’à la fin, on demande à Ninja la signification de Die Antwoord. La réponse, dit-il. Mais la réponse à quoi, rétorque-t-on hors champ. Peu importe, lâche-t-il, Fuck !

Die Antwoord est bien un groupe en pleine ascension et qui s’est doté d’un univers visuel aussi soigné que glauque. Le très phallique « Evil Boy », réalisé par Rob Malpage et Ninja et où apparait le DJ Diplo, ferait passer Marilyn Manson pour un misérable enfant de choeur. Il est question de circoncision sauvage à laquelle le rappeur Wanga refuse de se plier :

Vous aurez peut-être remarqué le bras alien que porte Ninja dans certains plans, référence directe au District 9 de Neil Blompkamp. Le cinéma est d’ailleurs à la porte des Die Antwoord, mais ces derniers ne semblent pas encore prêts à répondre. Yo-Landi, remarquée par David Fincher, aurait pu décrocher sans problème le rôle de Lisbeth Salander dans le remake américain de Millénium ; l’intéressée aurait tout simplement refusé, ce qui est fort regrettable.

L’hymne du groupe, « Enter the Ninja », est d’autant plus déconcertant par ses contrastes. Yo-Landi évolue dans une chambre d’ado ; Ninja, dans un endroit lugubre décoré à coup de tags. Y apparait un certain DJ Solarize, une personne atteinte d’une maladie génétique rare appelée progéria qui emporte la plupart des malades avant d’atteindre l’âge adulte.

Reste à savoir si le groupe joue la carte du second degré non avoué ou bien, si leur univers décalé est à prendre au sérieux, une interrogation qui ne peut que grandir à la consultation d’interviews disponibles sur la toile. Déconcertant et fascinant, Die Antwoord débarque dans les bacs français avec un premier album intitulé $O$, en écoute libre sur Deezer avec une tracklist étendue ou bien en CD sur Amazon :

Site officiel de Die Antwoord