Critique : Farang

En prenant la direction de la Thaïlande suite à un arrêt calamiteux en Hongrie sous le sceau de la comédie avec Budapest (2018), Xavier Gens marche dans les pas d’un Gareth Evans pour offrir un film de vengeance à la direction classique, mais qui distribue les bourre-pifs et coups de machette avec rage.

Renaissance à l’épreuve

Misant tout sur l’exotisme asiatique et des bastons qui font grimacer sur son siège de cinéma, sans supplément 3D, Xavier Gens compose avec succès un film d’action vindicatif. Le film démarre comme un boulet de canon, dans une prison parisienne où la salle de musculation est le théâtre d’une violente altercation. Sam (Nassim Lyes), massif, n’intervient pas : dans quelques jours, c’est la liberté. Mais lors d’une sortie, son passé le rattrape et un voyou à ses trousses s’essaie à une épreuve non homologuée aux Jeux olympiques, le saut sans perche depuis un immeuble en construction. C’est donc en Thaïlande, au service d’un hôtel de luxe, que Sam refait sa vie, avec succès malgré les difficultés inhérentes à son statut d’étranger – le film possède un petit versant social qui s’intègre parfaitement à la cadence des nombreuses séquences d’action. Une femme, Mia (Loyrn Nounay), une fille, Dara (Chanantcha Tang-kwa) et s’il pratique le muay-thaï pour arrondir ses fins de mois – et non pas ses pommettes –, Sam a un beau projet qui parle à quiconque : monter un restaurant familial sur le littoral. Mais voilà, un certain Narong a misé un peu plus sur le terrain convoité, et ce Narong possède un petit empire auquel il ne faut pas se frotter. Narong, un expatrié aussi, campé par un Olivier Gourmet inquiétant, imposant le respect en toute simplicité. Sam le rencontre, accepte une mission qui échoue et c’est tout son quotidien qui bascule après avoir été laissé pour mort.

Un généreux coup de latte de Nassim Lyes dans Farang

Si l’on flirte un temps avec la carte postale idyllique avant que la situation ne dérape, Farang ne masque jamais ses intentions : notre protagoniste va perdre celles qu’il aime, et bien que salement amoché, une vengeance implacable l’animera. Les déambulations pour remonter jusqu’à Narong et son bras droit s’avèrent prenantes, d’autant plus que chaque rencontre musclée donne lieu à des scènes ultra-violentes et maîtrisées – alors que certaines scènes plus anodines pêchent parfois dans leurs mouvements de caméra –, avec un supplément d’adrénaline lié à l’infériorité numérique et des blessures qui s’accumulent. Les chorégraphies derrière chaque confrontation impressionnent d’autant plus que ces séquences bénéficient d’une excellente lisibilité, ce qui manque de plus en plus aux divers films d’action contemporains. Aussi, Nassim Lyes s’avère un choix idéal dans le premier rôle, qui ne se limite pas à briser des membres. Xavier Gens ne cache pas suivre les pas d’un Gareth Evans – la saga The Raid (2011-2014) –, qu’il remercie au générique, en prenant aussi pour modèle esthétique Une prière avant l’aube (2017) de Jean-Stéphane Sauvaire – on retrouve aussi dans les deux films Vithaya Pansringarm et au cœur de l’histoire, un protagoniste immigré. Le film ne prétend aucunement révolutionner un genre mais à l’embrasser avec vigueur. Toutefois, le récit reste habilement construit dans sa traque conduisant à remonter tout un univers mafieux d’exploitation de femmes et d’enfants. Avec sa brutalité sans concession, Farang met une renaissance à l’épreuve de la cruauté et de la cupidité de personnages détestables. Avec une telle énergie, la loi du talion a encore de beaux jours sur grand écran !

3.5 étoiles

Farang en Blu-ray

Disponible en DVD et Blu-ray depuis le 8 novembre 2023

 

Affiche du film Farang

Farang

Film français
Réalisateur : Xavier Gens
Avec : Nassim Lyes, Olivier Gourmet, Loryn Nounay, Vithaya Pansringarm, Sahajak Boonthanakit
Scénario de : Xavier Gens, Magali Rossitto
Durée : 109 min
Genre : Action
Date de sortie en France : 28 juin 2023
Distributeur : StudioCanal

 

Photos du film Copyright Thanaporn Arkmanon

Article rédigé par Dom

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