Test Blu-ray : L’argent

Fiche Technique :

L’argent (1983) réalisé par Robert Bresson
Avec : Christian Patey, Vincent Risterucci, Caroline Lang, Sylvie Van den Elsen
Durée : 84 min
Genre : Drame
Blu-ray testé : Edition française – Région B
Pistes Audio : Français DTS-HD Master Audio 1.0, Audiodescription
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Format d’image : 1.66:1
Codec : MPEG-4 AVC
Résolution : 1080p
Editeur : Potemkine Films

Synopsis :

Pour une futile histoire de cadre photographique acheté avec un faux billet de 500 francs, Yvon se trouve pris dans l’engrenage d’événements de plus en plus sombres. Perdant pied dans cette violence, il commet l’impensable.

Le film :

Jusqu’à son ultime long métrage, Robert Bresson aura considéré ses films comme des essais, tentatives de maîtrise du cinématographe. L’argent sera donc sa dernière expérimetenation, Grand prix du cinéma de création à Cannes en 1983 – récompense désormais devenue le Prix du meilleur réalisateur –, ex æquo avec Nostalghia d’Andreï Tarkovski. Détail amusant, un berger allemand accompagne lors de certaines séquences les protagonistes de ces deux films ancrés dans la culture russe. L’un étant l’œuvre d’un russe exilé en Italie, et l’autre trouvant comme source la nouvelle Le Faux coupon de Leon Tolstoï. Robert Bresson reste fidèle à ses méthodes de travail, avec des comédiens non professionnels, dont le manque de naturel dans la diction façonne un artifice qui s’oppose à la précision des plans fixes, une précision contrebalancée par les plans en mouvement où règne une sorte d’incertitude, d’imperfection. Le montage, lui, assez brut, surprend par des coupes qui se font parfois désirer. D’un regard indolent, d’aucuns pourraient employer le mot « amateurisme » à ce style unique, demandant une certaine acclimatation car à contre-courant, mais fondamentalement fascinant.

L’argent est un traité de la malhonnêteté et de ses conséquences sur l’innocence. La première partie du film suit le cheminement d’un faux billet de 500 francs : à l’origine, un adolescent ne reçoit pas assez d’argent de poche de son père pour rembourser des dettes. Un ami a une solution : il a fabriqué un faux billet qu’ils refourguent en achetant un petit cadre chez un photographe. Lorsque le patron de l’enseigne découvre que sa femme s’est faite bernée, il décide de régler le livreur de fioul avec ce faux billet, ainsi que deux autres qu’il a reçu ces derniers temps. Ce jeune père de famille, Yvon (Christian Patey), ne vérifie pas les billets obtenus et lorsqu’il se retrouve à régler son déjeuner au restaurant, le patron le réprimande comme un truand. De retour dans la boutique de photographie avec la police, le patron et son employé nient avoir vu Yvon, malgré la facture que ce dernier leur présente. Procès. Déjà, un innocent passe dans une cour de justice, tandis que cet événement crée un dérèglement – peut-être déjà présent, qui sait ? – dans la boutique : l’employé arnaque les clients lorsqu’il se retrouve seul. Dès lors, le film suit deux trajectoires amenées à se recroiser, celle de ce jeune truand, et celle de l’innocent qui continuera de sombrer, jusqu’à perdre tout espoir ainsi que toute valeur morale. On pourrait dire que Bresson se penche ici sur les méfaits du blé, ou comment un acte de contrefaçon d’abord anodin, peut conduire à la déchéance absolue, celle qui se niche sur le territoire de l’effroi. Sans porter de jugement sur ses personnages, le cinéaste regarde le cruel déraillement d’un destin par un mensonge sur lequel la justice expose ses tristes limites. Et Bresson cessa ses « essais cinématographiques » sur un film profondément noir et désespéré.

 

Le Blu-ray

– Image :

Restauré en 2K à partir du négatif 35 mm pour être ensuite scanné en 4K, L’argent a fait peau neuve. Le piqué si précis et le niveau de détails sont véritablement bluffants. Certes, le film propose peu de plans larges, se focalisant sur les comédiens en plans moyens ou sur des détails et actions en gros plan, mais la qualité, exceptionnelle, caractérise tout le film. La palette de couleurs naturalistes ne connaît aucune variation tandis qu’aucun artefact, aucune rayure sont à noter. Et ce, en conservant la spécificité du grain. Un transfert absolument magnifique.

– Son :

Seule la piste en VO est testée.
Le mono d’origine a été conservé lors de la restauration pour être présenté sur une piste en DTS-HD Master audio. Aucune musique dans ce film dont la piste audio est entièrement post-synchronisée, des voix aux effets. Démarche appuyant le manque de naturel dans le jeu mais aussi déplaçant l’univers sonore dans une zone loin du réalisme apparent. C’est donc minimaliste mais fin, mixé avec précision – on le voit parfaitement dans la scène de messe où un échange a lieu en même temps que la litanie du prêtre. Pas de souffle, ni de bruit parasite : c’est parfait.
On trouve aussi de l’audiodescription et des sous-titres à destination des sourds et malentendants.

– Bonus :

Les bonus sont en haute définition
– Interview de Robert Bresson, précédant la projection du film à Cannes en 1983 (6 min)
– Entretien avec le cinéaste et écrivain Eugene Green (33 min)
– Entretien avec Jean-François Naudon, monteur du film (21 min)

 

Film :
4 étoiles
Image:
5 étoiles
Son :
5 étoiles
Bonus :
3.5 étoile
Avis Global :
4 étoiles
Article rédigé par Dom

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