Critique : Jurassic World Fallen Kingdom

Succès oblige de Jurassic World, avec 1,6 milliards de recette pour un budget de 150 millions de dollars, une suite devait voir le jour pour probablement mener à une trilogie. Cette fois, Colin Trevorrow n’est plus à la réalisation mais scénariste avec Derek Connolly, et c’est l’espagnol Juan Antonio Bayona (Quelques minutes après minuit, L’Orphelinat) qui se retrouve aux commandes d’un blockbuster des plus insipides. Critique d’un raté assommant.

Désolation hollywoodienne

Malgré ses nombreuses faiblesses, Jurassic World permettait d’assouvir un certain plaisir vicieux, celui de voir le fameux parc ouvert au public pour voir les dinosaures faire dérailler une attraction à plusieurs millions de dollars, déclencher un carnage sans nom, une apocalypse inédite, défiant les lois de la nature. Mission plutôt accomplie et succès planétaire – le film est le cinquième plus gros succès mondial de tous les temps à ce jour. Avec Jurassic World : Fallen Kingdom, nous voilà trois années après le drame s’étant déroulé sur Isla Nublar, et le film s’ouvre sur une équipe s’emparant d’une dent de l’Indominus Rex alors que les dinosaures de l’île vivent désormais sans aucune présence humaine. Déjà, le film s’inscrit non pas dans l’hommage mais dans l’ordre de la parodie : on reprend non seulement des plans, mais on considère les personnages humains comme de la chair à canon incapable de réfléchir, du moins, d’agir avec une prudence acquise grâce aux erreurs passées, sinon naturelle. Pourquoi investir l’île en pleine nuit, sous une pluie torrentielle et, clou du spectacle, sans véritable protection ni armement ? Simples détails en guise d’ouverture, puisque pour atteindre les sommets de la sottise, il faudra suivre une longue route d’un peu plus de 120 minutes. On apprend dans ce cinquième opus de la saga que le parc a été construit sur une île volcanique, dont le volcan s’est réveillé et s’apprête à tout dévaster, et ainsi, exterminer ces dinosaures créés de la main de l’homme. Qui serait aller construire un parc à plusieurs millions de dollars sur une telle île ? Un élément jeté ainsi pour balancer un argument antispéciste bancal : il faudra retourner sur l’île et sauver les dinosaures d’une nouvelle extinction. Claire Dearing (Bryce Dallas Howard) et Owen Grady (Chris Pratt), accompagnés par Franklin (Justice Smith) et Zia (Daniella Pineda), mettent à nouveau le cap vers l’île, plus terrible que jamais, afin de sauver notamment la vélociraptor Blue, éduquée par Owen.

Sur Isla Nubar, le petit groupe voit sa mission mise en péril par l’équipe paramilitaire les encadrant, avec à leur tête un caricatural Ted Levine. C’est aussi une des tares phénoménales du film, cette incapacité à composer des personnages qui s’inscrivent dans le récit. Tous ne sont que des variables purement fonctionnelles, sans aucune envergure, pour conduire à des scènes d’action – au final, peu nombreuses dans ce film – ou des châtiments. Même cet affligeant et stupide récit n’est qu’un prétexte pour conduire les dinosaures d’un point A vers un point B, et ce, afin d’avoir la base nécessaire à un troisième film à grand spectacle. Rapidement, Claire et sa bande découvrent amèrement que l’opération ne vise pas à sauver les dinosaures mais à les rapatrier sur le sol américain afin de les vendre à des trafiquants d’armes internationaux et divers magnats patibulaires. A force de raccourcis et d’événements déplorables, le film atteint enfin son but : confronter des humains à de virulentes créatures de l’ère Jurassique, avec une nouvelle espèce née de l’esprit dérangé de capitalistes biberonnés à la politique douteuse de nos classes dirigeantes. Là, dans ce dernier segment, Juan Antonio Bayona parvient à livrer quelques séquences impressionnantes, mais à quel prix ? A l’issue d’un récit idiot, et avec des effets visuels qui ne sont pas systématiquement à la hauteur des standards actuels. Jurassic World : Fallen Kingdom, dans la continuité du précédent opus mais aux défauts accentués, s’inscrit dans une logique puante de reproduction d’images et de sensations sans aucun amour pour le cinéma, pour la découverte, la création et l’imaginaire. Ses questions éthiques et morales ne sont que des écrans de fumée. Au cœur d’une bande originale insupportable de Michael Giacchino, le thème original de John Williams est là pour nous rappeler que les grands artistes de l’empire hollywoodien sont des espèces en voie d’extinction : et ne pouvant les sauver de leur inéluctable disparition, nous devons faire de leur héritage un terreau fertile pour de nouvelles créations. Mais comment sortir de cette désolation générée par Hollywood ? Où sont les fusées de détresse ? A l’aide !

1.5 étoiles

 

Jurassic Park : Fallen Kingdom

Film américain
Réalisateur : Juan Antonio Bayona
Avec : Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Rafe Spall, Justice Smith, Daniella Pineda, James Cromwell, Isabella Sermon, Toby Jones, Ted Levin, Jeff Goldblum, B.D. Wong
Scénario de : Colin Trevorrow, Derek Connolly, Geraldine Chaplin
Durée : 128 min
Genre : Aventure, Action, Science-fiction
Date de sortie en France : 6 juin 2018
Distributeur : Universal Pictures International France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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