Critique : Un moment d’égarement / Unfriended

Dans les sorties DVD et Blu-ray de la semaine du 26 octobre, on peut trouver Un moment d’égarement de Jean-François Richet et Unfriended. Partageant une construction autour d’un acte précis qui détermine toute la direction du récit, l’un reste en surface et s’avère artificiel tandis que le second brandit son message (certes louable) sans soucier de sombrer dans la connerie pure.

Un moment d’égarement : critique

moment-egarement-afficheRemake du film éponyme de Claude Berri, produit par son fils Thomas Langmann – ce qui aura lancé une bataille puérile sur internet entre ce dernier et le critique Vincent Malausa –, ce moment d’égarement passe dans les mains du réalisateur Jean-François Richet, que l’on avait pas revu depuis le diptyque sur Mesrine en 2008 avec Vincent Cassel. Ce dernier joue Laurent, un quadra qui va coucher avec la fille de son meilleur ami, Antoine (François Cluzet). Une fille pleine de charme, certes, mais qui n’a que 17 printemps. Il faut dire que Louna (Lola Le Lann) s’est montrée plus qu’entreprenante, écartant Laurent des bras d’une femme de son âge lors d’une fête pour le pousser à l’acte sur la plage – un acte qui ne sera pas filmé, décence oblige ! Dès lors, les vacances en Corse tournent au cauchemar pour Laurent, non seulement sa fille Marie (Alice Isaaz) comprend rapidement ce qui s’est passé mais Louna se dit amoureuse, veut prolonger l’idylle factice sous peine de tout raconter à son père, personnage hallucinant et grotesque.

Outre quelques scènes embarrassantes – entre le ridicule d’Antoine alcoolisé et les clichés misogynes attribués aux corses –, le vrai problème d’Un moment d’égarement réside dans l’asservissement total du film à son acte central. Tout y est alors artificiel ou calculé sans finesse, Louna étant dépeinte comme une gamine immature et Laurent comme un sympathique quadragénaire divorcé, ayant dérapé un soir. Lisse, le film aurait pu plonger dans une logique psychologique bien plus intéressante, ou même virer vers le genre, mais à chaque ouverture possible, le récit revient sagement sur sa route toute tracée. Dans une scène où Louna contraint Laurent à faire un tour de jetski, l’homme s’emballe, violente sa passagère par sa conduite : les rapports et le ton pourraient changer par exemple ici, mais il n’en sera rien, la scène reste une parenthèse de plus de l’après. Seuls (légers) remèdes à la lassitude, le jeu toujours aussi plaisant de Vincent Cassel et une Alice Isaaz qui, dans la deuxième partie du film, confirme tout son talent. Ah oui, il y a aussi la Corse, cadre superbe d’une aventure interdite bien dispensable.

2 étoiles
Un moment d’égarement (Jean-François Richet), disponible en DVD et Blu-ray depuis le 28 octobre 2015. Bonus : making of.

Unfriended : critique

unfriended-afficheAvec internet, le harcèlement a pris une toute autre envergure, un acte de moquerie pouvant s’étendre au-delà du cercle local de l’école ou du lycée pour devenir un fardeau accessible pour tout internaute. Au travers du suicide de Laura Barns (Heather Sossaman), Unfriended cherche à dénoncer le harcèlement en ligne, la jeune fille s’étant donnée la mort à son lycée suite à la publication sur internet d’une vidéo où on pouvait la voir dans un état déplorable lors d’une soirée. Ridiculisée et poussée au suicide par ses camarades, Laura va se venger dans un film-concept qui, un temps, s’avère prometteur. Tout le film se déroule au travers de l’écran d’ordinateur de Blaire (Shelley Hennig). Facebook, Spotify et Skype composent alors tout l’horizon du film qui convoque ses autres personnages, le groupe d’amis de Blaire, via la visioconférence. Le principe séduit d’abord car il se montre réaliste, exploitant des logiciels réels sans se fourvoyer dans des imitations ni une utilisation délirante de la machine.

L’angoisse s’invite alors que Blaire et son petit ami reçoivent des messages provenant du profil Facebook de la défunte. La farce et le piratage sont envisagés jusqu’à ce que la réunion sur Skype soit perturbée par une entité dont il est impossible de se débarrasser. Débute alors un jeu qui plonge le film dans les tréfonds du cinéma d’épouvante, les personnages restant bêtement face à leur écran alors que toute personne sensée éteindrait ou débrancherait l’appareil. Alors oui, bien sûr, le film tournerait bien court ainsi – alors qu’il dure déjà seulement 83 minutes –, mais certains principes acceptables dans des films d’horreur classiques – mauvaise prises de décision, enfermement dans un espace clos – sont totalement irrecevables pour leur équivalence en ligne dans ce cousin connecté de Souviens-toi l’été dernier. L’élimination des personnages au fur et à mesure des révélations sur le rôle de chacun dans le suicide se montre à la fois insignifiante et navrante. Oui, Unfriended adresse un message fort et important envers une jeunesse née avec les réseaux sociaux, mais la manière, malgré un style qui se tient, se montre calamiteuse. Dans cette optique, il vaut mieux mourir scalpé que skypé.

1.5 étoiles
Unfriended (Levan Gabriadze), disponible en DVD et Blu-ray depuis le 27 octobre 2015. Bonus : aucun.

Article rédigé par Dom

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