[Cannes 2014] #09 Fin imminente

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Jeudi 23 mai 2014, avant-dernière journée de compétition avec L’Incomprise et Leviathan ainsi que la soirée des exploitants. Photo ci-dessus, Giulia Salerno dans L’Incomprise.

Sentiment bien réel que le Festival de Cannes touche à sa fin : plus que trois films en compétition officielle et les sélections parallèles livrent leurs derniers films . Etrangement, la croisette est touchée par une tempête alors que le film le plus détonnant du festival s’apprête à être présenté, Mommy de Xavier Dolan, découvert hier à sa première projection presse. Direction la salle Debussy pour L’Incomprise d’Asia Argento. Son second long métrage, Le Livre de Jérémie a déjà dix ans et ce retour derrière les caméras s’avère réussi.

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C’est encore une fois une chronique centrée sur une enfant, Aria (Giulia Salerno), fruit de l’union d’une pianiste (Charlotte Gainsbourg) et d’un acteur (Gabriel Garko). Tous deux ont eu une fille avec leur précédent conjoint et Aria se verra ballottée d’un parent à l’autre lors de leur rupture. Cet enfant est en quête d’amour, parental avant tout mais aussi sentimental, en pinçant pour le petit rebelle de l’école, Adriano. En ce qui concerne les amies, elle a déjà son âme soeur avec Angelica (Alice Pea), allant jusqu’à employer pour elles le même surnom, Ist. Un peu kitsch et fêlé, L’Incomprise se montre très drôle par les situations cocasses et les personnages en haut en couleurs qui vont et viennent dans ce récit qui reste à hauteur d’enfant tout en piochant des deux mains dans le monde plus sombre des adultes. Si Charlotte Gainsbourg et Gabriel Garko se montrent excellents dans leurs rôles archétypaux, la petite Giulia Salerno, pétillante et
lumineuse, subjugue tout au long du film. Asia Argento donne à son oeuvre se déroulant dans le Rome du milieu des années 1980 une image qui a du caractère grâce à un tournage en 16 mm. Dans sa partie centrale, L’Incomprise accuse d’une certaine baisse de rythme mais le film s’emballe à nouveau par l’humour et la malice de sa jeune héroïne qui va voir son univers constamment se renforcer pour se fragiliser par la suite de plus en plus. Seul compagnon fidèle, Dac, un chat noir qu’elle a trouvé dans la rue – et qui sera responsable de nombreuses scènes hilarantes avec son père Guido. Alors que la cinéaste et actrice italienne nous habitue à rire de toutes les situations, elle renverse brutalement (mais avec brio) l’ambiance de sa nouvelle oeuvre pour finir sur une note d’amertume. Une chronique drôle, touchante et sincère sur une singulière enfance.

Rapide tour à la plage Magnum avant de continuer les festivités. J’y retrouve des amies mais l’ambiance est des plus austères avec son manque hallucinant de festivaliers, même si le temps s’avère maussade. Qu’importe, puisque le principal est de pouvoir savourer une glace personnalisée avant de repartir à la salle Debussy pour la projection presse de Leviathan. Entré de justesse dans la salle je débute le film dans les marches jusqu’à l’abandon d’un collègue dans un rang. Rien de tel qu’une place centrale au balcon pour admirer ce film.

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Leviathan se déroule dans une petite ville côtière au nord de la Russie. Impressionnants, les paysages sont notre porte d’entrée dans ce récit qui débute sur le bras de fer entre Kolia et le maire, Vadim Cheleviat. Ce dernier veut s’approprier le terrain de Kolia en lui rachetant à un prix dérisoire ; commence alors un combat grâce à Dmitri, frère de Kolia, un avocat exerçant à Moscou. Si le bras de fer avec le maire pourri par le pouvoir s’avère dangereux, ce sont des éléments de la sphère privée qui vont pousser Kolia dans une spirale infernale. Andreï Zviaguintsev est fidèle à la sérénité de ses plans et de son montage habituels, capturant toute la splendeur d’une contrée et composant certains plans avec subtilités, où des messages passent par de simples détails dans le cadre. Au travers de ce drame puissant, où l’on trouve de vrais moments comiques par ses personnages portés sur la vodka, Zviaguintsev parle de l’Etat russe en démontrant l’influence de l’Eglise sur le pouvoir afin d’asseoir sa propre domination. Une histoire d’injustice traitée avec toute la subtilité et la perspicacité que l’on pouvait attendre de ce cinéaste russe majeur. Superbement interprété et mis en scène, c’est peut-être du côté du scénario que ce Leviathan, oeuvre cruelle et profonde, pourrait décrocher un prix samedi soir.

La nuit se déroule à la Pantiero à la soirée des exploitants, qui débute sur un cocktail dînatoire sous fond de musique jazzy et de quelques célèbres chansons de film. Un buffet fourni et varié pour satisfaire toutes les bouches qui parlent un peu des films mais aussi du tout numérique dans les salles. Sur les coups de 23h30, la soirée évolue pour devenir plus festive mais la pluie décourage de nombreuses personnes pour danser au-delà des chapiteaux et parasols. La soirée se conclut avec des festivaliers en débattant sur le dernier Godard : Est-il toujours un génie ou un escroc ? Mérite-t-il la palme ou non ?La décision finale est entre les mains du jury. Vendredi le soleil devrait revenir pour, espérons-le, donner un peu de vitalité à cette fin de festival.

Prochain point avec le dernier film en compétition Sils Maria et les courts métrages de la compétition officielle

Article rédigé par Dom

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