[Cannes 2014] #10 Court toujours

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Vendredi 23 mai, dernier jour de compétition. Malgré la fin, on court toujours d’un point à l’autre pour ne rien manquer, des courts métrages de la Sélection Officielle à la montée des marches de Sils Maria en passant par la masterclass de Jacques Audiard. Photo ci-dessus, les réalisateurs des courts métrages en compétition.

Alors que la compétition officielle n’a plus qu’un long métrage à nous révéler, Sils Maria d’Olivier Assayas, les courts métrages restaient à découvrir. Au nombre de neuf, ces films sont projetés en salle Debussy, en présence du jury court métrage présidé par Abbas Kiarostami.

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C’est le norvégien Yes we love qui a suscité le plus grand engouement dans la salle. Cette comédie se compose de quatre plans fixes pour quatre lieux à des heures différentes le jour de la fête nationale norvégienne, le 17 mai. Quatre situations loufoques ou cocasses qui font dérailler la commémoration pour détruire le caractère solennel propre à l’événement. Le court métrage belge Les Corps étrangers est peut-être le plus touchant, par son regard et son récit. Un photographe de guerre, amputé d’une jambe, fait sa rééducation dans une piscine où il est confronté à des corps parfaitement valides. La jeune réalisatrice Laura Wandel, filme les corps avec une fascination contagieuse qui nous met au plus près de son protagoniste blessé, physiquement mais aussi moralement, et qui doit apprendre à revenir dans notre monde. Autres œuvres séduisantes, L’Exécution, à la charge politique forte au travers du regard d’une enfant et le touchant Les Espaces invisibles sur l’émancipation impossible de la femme dans la société roumaine.

A peine le temps d’attraper un sandwich et d’échanger quelques mots avec des collègues qu’il faut retourner au palais. Baignant dans le soleil, la croisette semble avoir retrouvé toute sa force. Serait-ce dû à la présence de Quentin Tarantino, Uma Thurman et John Travolta, venus pour présenter au cinéma de la plage une projection de Pulp Fiction, Palme d’Or en 1994 ? Toujours est-il qu’il est toujours question de choix : au même moment se déroulent la conférence de presse de Quention Tarantino et une masterclass de Jacques Audiard. C’est à cette dernière que je me rends.

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Animée par Michel Ciment, cette masterclass a suivi le fil de la filmographie du cinéaste français afin de comprendre son approche du cinéma, sa façon de travailler et de distiller, au travers d’anecdotes personnelles et de tournage un précieux enseignement. Un peu nerveux au début, Jacques Audiard s’est détentu face aux légers problèmes techniques qui ont agacé quelques peu Michel Ciment pour le lancement d’extraits de film. C’est la bonne humeur qui finira par détendre les deux hommes. Et puisqu’il est plus agréable de suivre cette conversation comme elle s’est déroulée, je vous invite à regarder la vidéo sur le site du festival plutôt que de livrer ici mes notes.

La course continue : pour monter les marches pour Sils Maria, il faut troquer le jean et le T-shirt contre une tenue de soirée. Sur les marches, Tarantino, a, comme à l’accoutumée, attiré tous les regards avec son équipe. Surprise : une personne en Madame Doubtfire a également monté les marches en jouant de son sac à main comme une fronde pour le plus grand délire des festivaliers ! Mais c’est aussi la présence de Kristen Stewart, aux côtés d’Olivier Assayas, Juliette Binoche et Chloé Moretz qui a créé l’événement sur le tapis rouge. Absente du photocall et de la conférence de presse, l’actrice américaine n’était plus attendue pour la présentation du film.

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Sils Maria est probablement la plus grande déception de la Sélection officielle – son passage à la dernière journée renforce peut-être ce sentiment. C’est l’histoire d’une comédienne, Maria Enders (Juliette Binoche) qui va être amenée à rejouer dans une pièce qui avait fait sa réputation alors qu’elle avait 18 ans, Le Serpent de Maloja. Seulement, aujourd’hui, son auteur et ami est décédé subitement et ce n’est pas le rôle de la jeune fille qu’elle doit reprendre mais le rôle opposé, de la femme mûre. Une histoire tragique qu’elle va travailler avec son assistante Valentine – Kristen Stewart qui se montre à la hauteur de son rôle. La frontière entre le jeu et la réalité va alors devenir poreuse tandis que Maria ne sait pas si elle doit jouer dans cette pièce dans un rôle qu’elle ne supporte pas. Le film offre également une vision satirique sur les starlettes au travers de Jo-Ann Ellis joué par Chloe Moretz. Flirtant avec la mise en abyme, ce film d’Olivier Assayas tourné dans les chaînes montagneuses suisses ressemblent à l’atroce collision entre Inland Empire et Alceste à bicyclette. Jamais le film ne trouve la densité recherchée et même la relation troublante entre ces femmes ne parvient jamais à fasciner. Malgré un improbable duo efficace Binoche/Stewart, Sils Maria reste aussi inconsistant que les nuages qu’il contemple.

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En parallèle de la dernière projection officielle, la montée des marches pour Leviathan, Quentin Tarantino et ses comédiens gagnent la plage pour présenter Pulp Fiction devant une foule monumentale. Animée par l’énergie débordante qui le caractérise, le cinéaste américain a appelé un à un Uma Thurman, John Travolta et Harvey Weinstein. C’est donc dans une ambiance géniale que le film fut lancé mais en compagnie d’Antoine Corte, Viguen, Claire et Cyrille du Passeur critique nous nous sommes dirigés vers la soirée de la Quinzaine où la foule était au rendez-vous. Si certains ont réussi à dégoter une invitation pour profiter de l’une des dernières fêtes, ce ne fut pas mon cas pour cette édition du festival très infructueuse dans le monde de la nuit.

Prochain point avec les rattrapages, la cérémonie de clôture et le tant attendu palmarès.
Voici d’ailleurs mes pronostics :

Palme d’Or : « Mommy » de Xavier Dolan
Grand Prix : « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako
Prix de la mise en scène : « Saint Laurent » de Bertrand Bonello
Prix d’interprétation féminine : Maria Alexandra Lungu dans « Le Meraviglie »
Prix d’interprétation masculine : Abdul-Khalim Mamutsiev dans « The Search »
Prix du scénario : « Leviathan » d’Andreï Zviaguintsev
Prix du jury : « Still the water » de Naomi Kawase

(Films manqués : « Captives », « Relatos Salvajes », « Jimmy’s Hall »)

Article rédigé par Dom

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