[Critique] Cartel (Ridley Scott)

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De retour sur Terre après Prometheus, Ridley Scott tente avec Cormac McCarthy d’apporter un souffle de fraîcheur aux histoires de trafic de drogue. Les intentions sont louables, mais le résultat est calamiteux.

Trafic verbal

Cormac McCarthy, déjà introduit au cinéma indirectement avec les adaptations de No Country for old men et La Route, signe son premier scénario ici. On comprend rapidement qu’il évite d’épouser la structure des thrillers de trafic de drogue habituels puisque les personnages sont présentés et suivis au travers de dialogues évitant d’entrer dans les détails de l’affaire. L’action est réduite à son strict minimum, présente uniquement si elle s’avère nécessaire pour ne pas perdre des morceaux du puzzle. C’est un avocat – comme l’indiquait clairement le titre original du film – campé par Michael Fassbender qui tient la place principale dans cette histoire. Il roule en Bentley, débourse une somme phénoménale pour offrir une bague à sa dulcinée (Penélope Cruz) mais, ses finances l’inquiètent et il se décide à participer à un gros coup fumant et risqué. Si le déraillement ne tiendra pas tout à fait de lui, Cartel va, sans surprise, démontrer que la cupidité se paye cher dans le milieu des trafiquants. C’est probablement ce qui frustre le plus dans ce film, voir à l’oeuvre un changement d’optique narrative mais qui, fondamentalement, reste sagement sur les sentiers battus.

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Les digressions verbales entre l’avocat et ses associés, Reiner (Javier Bardem) et Westray (Brad Pitt), finissent par lasser à cause de leur manque de substance. On parle d’abord de femmes, de sexe, des us et coutumes du milieu, et l’on sombre dans des discussions pseudo-philosophiques d’un ridicule incroyable, un ridicule accentué par le jeu étrangement trop appuyé de Michael Fassbender. Cette propension au bavardage n’est pas sans rappeler Cogan – Killing them soflty d’Andrew Dominik, où l’on retrouvait Brad Pitt mais qui développait lourdement un message politique absent ici. Le procédé scénaristique est intéressant car il permet de donner vie aux personnages naturellement, sans les réduire à leur place fonctionnelle dans le récit, mais Cartel dévie au point de quitter la route et perdre tout intérêt. Certes, Ridley Scott livre quelques scènes à la violence sèche impressionnante, mais aucune ne vient relancer l’intérêt d’une œuvre qui s’est dépourvue elle-même de tout mystère, présentant sa conduite en quelques minutes. Aucun plaisir non plus n’est obtenu par la brochette d’acteur aux rôles trop bien taillés. C’est peut-être l’autre problème de cette histoire de trafic de drogue qui brasse énormément de vent, être si soigneusement calculée que toute émotion, tout suspense y sont absents. Terriblement vain.

1.5 étoiles

 

Cartel

cartel-afficheFilm américain, britannique, espagnol
Réalisateur : Ridley Scott
Avec : Michael Fassbender, Javier Bardem, Brad Pitt, Penélope Cruz, Cameron Diaz, Bruno Ganz
Titre original :
Scénario de :
Durée : 117 min
Genre : Thriller, Drame
Date de sortie en France : 13 novembre 2013
Distributeur : Twentieth Century Fox France


Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. Un film bavard ne me dérange pas surtout quand c’est bien écrit. J’ai d’ailleurs adoré « Cogan »… Pour moi ça reste un Ridley Scott mineur mais un thriller au-dessus de la moyenne… 2/4

  2. Pingback :Critique : Napoléon - Silence... Action !

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