[Critique] Iron Man 3 (Shane Black)

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Tout juste un an après la réunion Avengers, l’écurie Marvel livre le troisième opus solo de son Iron Man, toujours campé par Robert Downey Jr. Cette fois, Jon Favreau a cédé sa place derrière les caméras a Shane Black. Alors qu’on pouvait espérer le meilleur de ce remplacement, Iron Man 3 parvient à prendre la place du moins bon épisode de la saga.

Armures creuses

Avec pour unique long métrage à la réalisation Kiss Kiss Bang Bang avec Robert Downey Jr. et Val Kilmer, Shane Black n’est peut-être pas un nom très évocateur pour tous. Il est pourtant derrière les scénarios de L’Arme fatale et de Last action hero, et bien que son expérience de metteur en scène soit limitée, l’annonce du départ de Jon Favreau – qui reste dans l’aventure Iron Man face au caméra en garde du corps de Tony Stark – ne pouvait que réjouir. Avant même d’évoquer les enjeux scénaristiques, c’est bien la mise en scène qui endigue les deux premiers épisodes d’Iron Man. Avec un seul film, Shane Black surpasse sans mal les capacités de Favreau derrière les caméras, mais pourtant, en terme de mise en scène, cet Iron Man 3 profite à peine de son nouveau maître d’œuvre. Plus que jamais dans la série des films Marvel, l’emprise aseptisante d’un grand studio se fait ressentir, où le réalisateur n’est qu’un pantin sous les ordres des producteurs, procédant sagement à la mise en scène d’un scénario – ici écrit par Shane Black et Drew Pearce. Autre problème pour construire une saga cohérente : le changement systématique des scénaristes d’un épisode à l’autre.

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Dans les faits, Iron Man 3 se déroule après l’impressionnante invasion extraterrestre d’Avengers au cours de laquelle Tony Stark échappa de peu à la mort pour sauver New York. Combattant son traumatisme dans le bricolage incessant de nouvelles armures, Stark délaisse Pepper (Gwyneth Paltrow) alors que les Etats-Unis sont la cible d’attaques suicides revendiquées par un certain Mandarin (Ben Kingsley). Avengers de Joss Whedon brillait par sa volonté de proposer un pur divertissement, tournant parfois le dos aux poncifs du cinéma de super héros avec humour – dans une démarche à l’opposé de Christopher Nolan qui inscrit son héros dans un contexte des plus réalistes, progressant dans un récit à la dramaturgie classique. Aujourd’hui, Marvel – difficile désormais de désigner les individus réellement derrière ces projets – hésite entre deux démarches : celle d’un cinéma léger et fun, porté par ses acteurs comme l’a toujours été Iron Man, et celle d’un cinéma plus adulte, où les démons intérieurs du héros prennent les rênes du récit. Dans ce grand écart, Iron Man 3 manque le coche totalement. De la menace terroriste à l’émergence d’un danger transformant des hommes en véritables bombes incendiaires, tout en gardant pour centre de gravité Stark – avec une Pepper plus présente –, Iron Man 3 peine à lancer la machine, même lorsque les séquences d’action viennent injecter un peu d’énergie. C’est Robert Downey Jr. qui permet à son personnage d’éviter de finir à la casse, notamment grâce à sa répartie toujours aussi plaisante – l’humour est la bouée de sauvetage du film. Hormis une impressionnante séquence aérienne, l’exaltation explosive n’est pas à l’ordre de cet épisode, touchant parfois au grotesque – Guy Pearce crachant du feu, terrible – ou à la poussive pétarade – le final, surenchère d’affrontements, n’arrive pas à la cheville du combat dantesque offert par Whedon dans Avengers.

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La volonté de dépasser les premiers épisodes provoque un phénomène inverse de désincarnation. La démultiplication des armures technologiques ne décuple en rien le plaisir, au contraire, bien que cet élément trouve aussi une justification dramaturgique. L’utilisation d’ennemis capables de régénérer n’amplifie pas le sentiment de danger, la faute une exploitation balourde de ces personnages – difficile de ne pas comparer le saisissant Terminator 2 de James Cameron sur ce point. Exploité en salle en 3D alors que le montage s’y prête si peu souvent, Iron Man 3 s’inscrit simplement dans la logique de l’arrivée d’un prochain épisode des Avengers en 2015 – avec, auparavant, le retour de Thor en octobre 2013 et de Captain America au printemps 2014. Traitant du détournement des avancées scientifiques afin de répandre le mal sur terre, ce nouveau Marvel apparaît comme le détournement purement mercantile de l’univers des supers héros, éculé au cinéma par des adaptations trop nombreuses, manquant de caractère et sondant toujours l’air du temps afin de proposer un produit plus ou moins conforme aux attentes des spectateurs. Aujourd’hui, l’illusion ne prend plus, et l’armada d’armures indépendantes de Tony Stark représente parfaitement le vide au cœur de ce long métrage.

2.5 étoiles

 

Iron Man 3

iron-man-3-afficheFilm américain, chinois
Réalisateur : Shane Black
Avec : Robert Downey Jr., Gwyneth Paltrow, Guy Pearce, Ben Kingsley, Rebecca Hall, Don Cheadle, Jon Favreau
Scénario de : Shane Black, Drew Pearce
Durée : 130 min
Genre : Action, Science-fiction
Date de sortie en France : 24 avril 2013
Distributeur : The Walt Disney Company France


Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. Coucou,
    J’ai trouvé en visionnant ce troisième opus d’Iron Man, qu’il avait complètement surpassé ses prédécesseurs. Cependant, je pense qu’il y avait encore mieux à faire en ce qui concerne le scénario.

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