[Critique] Skyfall (Sam Mendes)

James Bond fête ses cinquante ans au cinéma avec un 23ème long métrage, Skyfall, dont la réalisation est revenue à Sam Mendes (American Beauty, Jarhead) à la demande de l’actuel agent 007, Daniel Craig. Après le calamiteux Quantum of Solace, relever le niveau de la saga était loin d’être une tâche délicate, le film est d’ailleurs réussi, mais reste touché par des lacunes facheuses.

Agents de l’ombre

Sur le papier, tout portait Skyfall à être une réussite, voire une grand réussite. Sam Mendes à la réalisation, épaulé sur la bande originale par son collaborateur de longue date Thomas Newman, un James Bond toujours campé par Daniel Craig, désormais adoubé dans le rôle de l’agent secret qui fut toujours brun auparavant, Roger Deakins à la photographie, et l’arrivée en renfort de John Logan au scénario. Une bien belle équipe, qui, toutefois, est amenée à travailler avec le duo de scénaristes Neal Purvis/Robert Wade, présent depuis Le monde ne suffit pas, et qui mériterait d’être remercié pour trouver le vent de fraîcheur que réclame la série. Bien que cet épisode s’ouvre sur une longue course poursuite, impressionnante mais au découpage parfois hasardeux, qui s’arrête sur une note dramatique laissant place au générique accompagné par une magnifique chanson par Adele, Skyfall met l’accent sur ses protagonistes au détriment de l’action. James Bond et M (Judi Dench) sont au centre de l’intrigue qui explore leur passé comme aucun autre épisode. Une volonté de développer l’histoire de ces protagonistes quelque peu surprenante, à ce stade où l’icône aux multiples visages n’éprouve aucunement le besoin de montrer ses racines pour que le spectateur adhère à l’aventure, ici diminuée, notamment sur le plan rythmique.

Influence remarquable dans la narration de ce James Bond : le travail de Christopher Nolan, de son Batman Begins à The Dark Knight Rises, sans oublier Inception. Entre la relecture du héros vulnérable au travers de ses origines, la menace terroriste implacable, le modus operandi du méchant et même certains décors, nombreux sont les éléments qui font appel à l’univers du cinéaste britannique. Le résultat est loin d’être déplaisant, bien que l’intensité dramatique fasse souvent défaut autour du personnage de M, mais tout cela dénote d’un réel manque de créativité de la part des scénaristes, appliquant des recettes fraîchement testées et approuvées. Pour continuer d’évoquer les lacunes de ce Skyfall, on peut aborder la bande originale mitigée de Newman, livrant autant de compositions soignées et plaisantes que de morceaux illustratifs sans aucune saveur, les facilités scénaristiques basées sur des piratages informatiques, le manque toujours aussi cruel de gadgets épatants, et que dire de la transparence des James Bond Girl, rarement aussi sous-exploitées ? C’est alors dans l’obscurité, dans l’ombre dont parle M où évoluent les pires individus, que le film brille. Lors d’une intervention nocturne de 007 dans un gratte-ciel à Shanghai, Roger Deakins et Sam Mendes composent une scène esthétiquement grandiose, subtil jeu de néons dans un labyrinthe de verre. Une splendeur visuelle qui marquera également le dernier acte du film, crépuscule à la saveur tragique.

Il n’y a pas de bon épisode de James Bond sans méchant à la hauteur. Le dérangé Silva, campé par un Javier Bardem génial, sorte de jumeau blond du machiavélique tueur qu’il interprétait chez les frères Coen dans No Country for old men, est une imposante figure face à Bond. Leurs confrontations, physiques et intellectuelles, donnent lieu à des séquences captivantes, et le développement du personnage lui donne une profondeur l’écartant des archétypes.
Au final, c’est donc grâce à sa mise en scène, sa photographie et sa direction d’acteur que Skyfall se dresse au-dessus des derniers opus ; la rupture scénaristique avec eux est louable mais si peu aboutie que l’on passe tout près d’un épisode qui réunissait tous les éléments pour être le plus brillant de la saga. Un peu dommage, car on ne reverra probablement pas de si tôt une si fine équipe derrière le célèbre agent britannique.

3.5 étoiles

 

Skyfall

Film américain, britannique
Réalisateur : Sam Mendes
Avec : Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Ralph Fiennes, Naomi Harris, Bérénice Marlohe, Ben Whishaw, Albert Finney
Scénario de : Neal Purvis, Robert Wade, John Logan
Durée : 143 min
Genre : Action, Espionnage, Thriller
Date de sortie en France : 26 octobre 2012
Distributeur : Sony Pictures Releasing France


Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. J’ai beaucoup aimé, la remise à jour des bases est très judicieux et bien construit. Bémol pour les Girls (peu glamour pour l’une pas assez présente pour l’autre)… 3/4

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