Comédie romantique atypique, La Fée est le troisième long-métrage du trio formé par Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy, reprenant les personnages de Dom et Fiona, présents dans leurs deux précédentes productions. Vous ne les avez pas vus ? Cela ne constitue aucun obstacle pour se délecter de ce long-métrage.
Fantaisie de l’ordinaire
Le Havre est le nouveau port de fertilité du cinéma européen. Belle Epine (Rebecca Zlotowski), La Fée et Le Havre (Aki Kaurismäki) sont des réussites qui semblent confirmer cette allégation. Il y a d’ailleurs un étonnant parallélisme qui s’établit entre La Fée et le nouveau film d’Aki Kaurismäki (en salles le 21 décembre 2011) : les deux récits, bercés par l’humour, semblent se dérouler simultanément et partagent de nombreux points communs dans leur direction artistique, comme si deux équipes de tournage s’étaient mises au diapason grâce à l’identité de cette ville. Mais trêve de digressions : La Fée est une comédie enchanteresse et brillante, à l’humour irrésistible. C’est une fantaisie de l’ordinaire, composée de personnages d’une simplicité séduisante. Dom, veilleur de nuit dans un petit hôtel, tombe amoureux de Fiona, une fée qui lui octroie trois vœux. Aucun rêve de fortune ni de requête extravagante, les deux premiers souhaits de Dom seront l’obtention d’un scooter et d’une réserve illimitée d’essence. Des demandes pragmatiques : le film s’ouvre sur une séquence dans laquelle la chaine du vélo de Dom ne cesse de dérailler. La fée Fiona, dont la magie repose dans l’astuce, bouleverse autant le quotidien du veilleur que le sien – c’est le coup de foudre. Mais pour triompher, l’amour devra surmonter de nombreux obstacles…
Tournés principalement en plans fixes, les cadres et sketchs, aux fabuleuses trouvailles visuelles, évoquent les grands moments du cinéma muet, ce n’est donc pas surprenant que les musiques et dialogues y soient limités. Sans écarter la réalité sociale de la ville, les cinéastes s’adonnent à un détournement poétique de l’urbain, à la folie légère et grisante. La singularité de La Fée tient de ses choix de mise en scène et de ses gags, véritable dynamique de cette romance dans laquelle l’amour se traduit par une danse des corps en d’improbables lieux, sous l’eau où les emballages plastiques sont devenus méduses, et sur des toits sublimés par une lumière crépusculaire féerique.
Il y a un fantastique emploi des décors et accessoires, des moindres personnages, qui forment une unité humoristique tenant du burlesque. Si certaines des premières scènes à l’hôtel semblent s’étioler dans leur durée, on s’étonne de la cohérence finale, où chaque personnage découvert trouve sa place dans cette aventure improbable, et dans laquelle les gags trouvent également un écho dans d’excellents effets boule de neige. La magie gagne en intensité au fil des minutes, au point que l’on souhaiterait les rejoindre dans la toile, et courir, nous aussi, le sourire aux lèvres, après un bonheur simple.
Conte de fée contemporain débordant d’un humour fin et généreux, La Fée égaie le paysage morose des comédies francophones, enclavées dans de lassantes conventions. Une belle réussite qui a du caractère.
La Fée
Film français, belge
Réalisateurs : Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy
Avec : Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy, Philippe Martz
Scénario de : Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy
Durée : 93 min
Genre : Comédie, Romance
Date de sortie en France : 14 septembre 2011
Distributeur : MK2 Diffusion
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