L’Usine de films amateurs de Michel Gondry

Vendredi 25 février 2011, je me suis rendu à l’Usine de films amateurs de Michel Gondry, au Centre Pompidou, pour réaliser un court-métrage avec de parfaits inconnus, en seulement 3 heures chrono. Découvrez cet endroit incroyable ainsi que notre court-métrage.

Armé du roman « Sur la Route » de Jack Kerouac, je prends place dans la longue file d’attente du Centre Pompidou pour finalement arriver bien en avance au point de rendez-vous, à la galerie Sud. Heureusement, l’Usine peut être visitée, gratuitement, par tous, même lorsque les équipes de tournage d’un jour sont en train de tourner une scène.
A l’entrée se trouve un décor de forêt qui mène à une carcasse de Renault R5. Derrière le véhicule, un écran géant projette des images d’un centre ville qui défile si le conducteur appuie sur la pédale d’accélération. Quelques pas plus loin, c’est un décor de terrain vague, jonché d’accessoires en tout genre. Il suffit de tourner la tête vers la droite pour se retrouver dans une rue parisienne, avec des automobiles en carton.

(excusez-moi pour la médiocrité des photos, j’avais seulement un très vieil appareil sous la main !)

Au cœur de l’usine, des couloirs mènent à une chambre, un restaurant, l’intérieur d’une rame de métro, une chapelle, un commissariat, … tant de décors sont offerts aux participants qui peuvent, à leur guise, déplacer des éléments de ces décors – il paraît que certains ont transformé le commissariat en salle d’opération !

Un vidéo club, un peu comme celui de Soyez sympas, Rembobinez, est présent à l’entrée. A l’intérieur, on trouve de vieilles VHS, pouvant être regardées sur le petit téléviseur au magnétoscope intégré. Mais le plus intriguant, ce sont les étranges DVD aux pochettes coloriées ou réalisées grâce à des collages. On y trouve des films comme « Zombie Rider », « Coup de Foudre à Malakoff » ou encore « La Rencontre du Crabe et de la Salamandre ». Ces films exposés sur les étagères, ce sont les œuvres des précédents participants, en consultation libre pour les visiteurs qui peuvent les regarder sur l’écran plasma du vidéo club.

Visiter l’Usine de films est une aventure qui vaut le détour ; se balader dans ces studios provisoires est un vrai régal et on peut y découvrir des dizaines (et probablement bientôt, des centaines) de court-métrages.

Sur les coups de 16 heures, notre groupe est au complet à l’entrée de l’Usine. Nous sommes un groupe mixte, de tous les âges, mais de taille assez exceptionnelle puisque nous sommes une vingtaine alors que la moyenne tourne autour de quinze personnes. Peu importe puisque, plus on est de fous, plus on rit. Une demoiselle nous prend en charge et commence par nous faire une visite guidée des décors à notre disposition. Cette personne qui encadre le groupe n’interfère à aucun moment dans le processus créatif et veille simplement à ce que les contraintes temporelles soient respectées. Nous arrivons à l’atelier 1, une salle dans laquelle le squelette du film est créé, en 45 minutes. La consigne est de choisir un cadreur (dans notre cas, deux personnes ont été désignés), de définir le genre, puis de choisir le titre du film avant de s’attaquer aux scènes.
Nous procédons de façon assez démocratique : tous les genres cités sont reportés sur un tableau et nous avons lancé un vote à main levé pour garder les trois plus populaires (surréaliste, aventure et comique). Pour le titre, les mots fusèrent jusqu’à décider d’assembler un titre sous le principe du cadavre exquis. Notre film est baptisé « Rendez-vous sur Mars pour un Sandwich ».
Vient le chaos : le choix des scènes. Les personnes les plus timides restent en retrait tandis que les autres débattent, et la taille du groupe devient un léger problème : les échanges se scindent en deux sous groupes.

Le temps imparti écoulé, nous passons au second atelier alors que la scène de fin du film reste un peu obscure, deux idées radicalement différentes ayant été évoquées. A ce stade, 45 minutes sont à nouveau attribuées à la description détaillée des scènes, l’attribution des rôles, le choix des décors, des costumes et la fabrication éventuelles d’accessoires supplémentaires. Normalement, personne ne doit choisir son rôle pour se le voir proposé par les autres. Et voilà que l’on me désigne pour le rôle principal, une tâche un peu trop difficile pour moi, n’ayant pas tourné depuis Casino de Martin Scorsese – je suis le croupier au fond à gauche quand De Niro porte son costume rose. Il est donc décidé de prendre des volontaires pour les rôles principaux (un couple) et nous choisissons à nouveau par votes – nous étions une démocratie si parfaite ! Les deux finalistes sont départagés en montrant leur talent d’acteur sur une réplique. A noter également que tout le monde doit apparaître au moins une fois à l’écran.
Cet atelier passe également à une vitesse éclair, chacun vacant à sa petite occupation. A cette heure là, nous ne savions pas que notre film était bien trop ambitieux et que nous ne pourrions pas tourner toutes les scènes, dont celle du groupe de rock chrétien. Dans l’urgence, des idées proposées dans le premier atelier sont abandonnées.

Et là débute le tournage, dans le restaurant. Je ne vais pas vous raconter cette partie en détail pour vous laisser découvrir le film. Toujours est-il qu’il y a eu pas mal d’improvisation (nous n’avions écrit aucun dialogue) et que le temps a été notre pire ennemi. Cependant, nous avons été autorisé à déborder un peu (les groupes s’enchainent d’un atelier à l’autre avec un peu de marge) pour boucler le film.



C’est donc l’histoire d’un homme qui se téléporte en mordant dans un étrange sandwich. Et le bougre souhaiterait bien retrouver sa copine ! (sinon, je suis le chasseur à la longue barbe noire.)
Comme vous l’aurez constaté, le film souffre de quelques problèmes de montage. Le film est effectivement tourné dans l’ordre chronologique et un oubli de pression sur le bouton stop est sanctionné par des portions de vidéo non désirées. C’est la règle du jeu et nous nous en sommes plutôt bien tirés (certains groupes finissent avec une vidéo des pieds du cadreur).

L’expérience continue par une projection du film suite à laquelle il faut créer une pochette DVD. Nous avons décidé d’y faire figurer la star du court-métrage, le fameux sandwich. Le voici, trônant sur une étagère du vidéo club :

Un DVD du court-métrage est remis à une personne pour que la vidéo circule entre les membres du groupe par email ou courrier.
On nous a également informé qu’une rétrospective sera organisée, en compagnie de Michel Gondry, pour (re)voir les meilleurs films créés.

Le projet de Michel Gondry est une ode à la créativité communautaire exceptionnelle qui démontre qu’il est possible, quelque soit son milieu et ses connaissances, de créer un film en quelques heures avec des inconnus en suivant une poignée de directives simples.
L’Usine de films amateurs restera ouverte jusqu’au 28 mars et malgré l’impossibilité de réserver sur internet, vous pouvez tenter de vous y rendre pour obtenir une place dans un groupe. Oh, j’oubliais : cette activité est entièrement gratuite !

Bravo et merci à toute l’équipe, au Centre Pompidou et son staff, et Michel Gondry pour cette expérience fantastique.

D’autres vidéos issues de l’usine à découvrir :
Qu’est-ce que ça veut dire ? Péplum surréaliste avec Michel Gondry et Mélanie Laurent. (Merci à Marc pour le lien.)
Le Frigo Exquis, un film post-apocalyptique qui se déroule en 2013.
Hélène versus les garçons II – Le return, une sitcom qui tourne à l’horreur !
Des racines et des têtes « Entretien avec le Docteur Horror », un reportage effrayant sur les traces d’un scientifique un peu dérangé.

Article rédigé par Dom

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12 commentaires

  1. Le concept est franchement sympa, dommage que je ne passe pas par Paris d’ici la fin du mois. Il manque juste l’étape montage… mais bon comme ça, ça fait un peu making-of en même temps 😉

  2. ON VA CE LE FAIRE CE SOIR CELUI LA !

  3. Putain comme il t’a envoyé valser le voyageur dans le temps!!Mdr!! En tout cas c’est franchement délire comme truc!! Je félicite Michel Gondry pour cette initiative!!!

  4. @Squizz, oui, le montage permettrait de peaufiner les métrages mais doublerait presque le temps de production. Ce serait pas mal que ce genre de projet puisse prendre place également en province.

    @Mat, Actor Studio.

    @Bruce, oui, je réalise mes propres cascades tant que mon pauvre dos le permet !

  5. Ouai bin moi j’suis sûr de rien et je pense que t’as été doublé!!lol!

  6. Activité plus qu’intéressante.
    Je pardonne Michel Gondry après son Green Hornet à cause de ça.

  7. J’ai adoré son Green Hornet. Une parodie musclée qui m’a beaucoup surpris !

  8. Pour avoir participé à l’Usine de films de M. Gondry, je certifie que c’est un vrai challenge.
    Le défi est de respecter le temps imparti et de créer de A à Z un petit film. Pour la réussite du projet il faut une équipe complice désireuse de faire aboutir au mieux l’entreprise. Chacun doit avoir son rôle défini, pleinement accepté par lui et par les autres. Ces quelques règles de base mises en oeuvre, jointes à l’enthousiasme et à la créativité donnent un résultat inventif, bricolé en diable et parfois jubilatoire. C’est un travail d’équipe où chacun et chacune doit être soutenu dans sa tâche tout en soutenant les autres. Au vu des vidéos postées on se rend compte que ces règles ont été plus ou moins suivies selon les équipes; la qualité des film s’en ressent. Pour encourager Michel Gondry à perenniser ce projet (ce qu’il souhaite), contacter :
    dorothee.mireux@centrepompidou.fr

  9. Merci pour votre message et cette information Marc.

  10. Pour voir un film de l’atelier Gondry aboutit (selon moi), regardez sur Youtube : « Quest-ce que ça veut dire » péplum surréaliste et animé.
    Dans ce court métrage l’équipe a réussi à insuffler sur une trame surréaliste des idées délirantes tout en conservant une cohérence. D’un thème mineur (la recherche de chaussures) on aboutit, de fil en aiguille, à un thème majeur (l’amour). Le tout sous l’apparence d’un conte où l’insolite ne perd pas ses droits au gré des caprices d’un cheminement scénaristique finalement maîtrisé. De ce fait la poésie et la magie surviennent de ce « bric à brac » spontané, sans calcul, beaucoup mieux que dans bien des oeuvres élaborées à coup d’effets spéciaux recherchés. On sent l’équipe soudée et au diapason d’un projet pas si anodin que ça, chacun s’acquittant de son travail, ça se voit dans les scènes faisant intervenir de nombreux personnages, aucun acteur ne semble « tirer la couverture à lui ». Les intéractions des différents protagonistes dans ces séquences sont particulièrement bien réglées compte tenu du peu de temps disponible. Ce sont des films comme celui-ci qui me fait dire que l’atelier Gondry doit se poursuivre. Battons le rappel..

  11. Merci Marc, voici le lien direct pour les intéressés : http://www.youtube.com/watch?v=D7QDdgFWOos
    C’est effectivement le film le plus abouti parmi ceux que j’ai vu, mais la présence de Michel Gondry y est probablement pour quelque chose… C’est un peu dommage d’avoir donné un si grand rôle à Mélanie Laurent au détriment d’inconnus.

  12. Réponse à Dom,
    Mélanie Laurent et Michel Gondry étant de la partie, effectivement on n’est plus dans le film d’amateur pur et dur. M. Gondry a dû veiller à ce qu’aucun des participant ne soit mis sur la touche, d’où l’impression d’équipe soudée. Pour joindre M. Gondry, je pense que le mieux est de finalement contacter sa maison de production Partizan film par Mail ou téléphone. L’information sera toujours acheminée vers la bonne personne.

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