[Les Arcs 2013] #04 Blessures de guerre

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D’un petit-déjeuner en haute montagne à la découverte de deux films dont les récits trouvent leur source dans la Seconde Guerre Mondiale, découvrez ma 4ème journée d’aventure aux Arcs.

Ascension matinale. Trois montées en télécabine, une goutte de chartreuse sur un sucre et nous voici à l’aiguille rouge, à 3226 mètres d’altitude. De la hauteur pour un petit déjeuner exceptionnel organisé par le festival, nous offrant une vue fantastique sur les chaines montagneuses et le Mont Blanc (photo ci-dessus). Parmi le groupe vaillant de marcheurs et de skieurs, on trouvait Anaïs Demoustier et Audrey Fleurot prêtes à dévaler les pistes sous un magnifique soleil chassant le froid.

Alors que mon parcours de festivalier me guidait systématiquement vers le Taillefer, j’ai enfin assisté à une projection en un autre lieu, situé à Arcs 2000 : la Salle des festivals (aussi appelée cinémobile 2000). Il s’agit d’une salle polyvalente aménagée pour la projection de films, bien plus modeste que le Taillefer mais dont l’accès est bien plus rapide depuis les Arcs 1950. Une quinzaine de minutes sont nécessaires grâce à la rapidité du cabriolet et de la proximité du bâtiment.

Le-Grand-Cahier

C’est un film hongrois qui y était projeté à 14:00, Le Grand Cahier, en Compétition officielle. Réalisé par János Szász et adapté d’un roman d’Agota Kristof, il trace le parcours douloureux de jeune jumeaux confiés à leur grand-mère qu’il n’avait jamais rencontré en 1944. Un père sur le front et une mère absente, mais un précieux objet pour que le quotidien des garçons ne soit pas perdu pour leurs parents : un cahier, pour y écrire toutes leurs expériences. Face à une grand-mère dure et à une population gangrénée par la guerre, les deux garçons vont s’endurcir physiquement et mentalement. Si ce récit initiatique bénéficiant d’une photographie soignée captive dans sa première partie, le film tourne doucement au chemin de croix. Une chute lente dans une série d’événements dramatiques, lancés aux visages souvent inexpressifs des deux jeunes acteurs. Film témoin de l’horreur de la seconde guerre mondiale sur la population civile, Le Grand Cahier ne trouve pas les éléments nécessaires pour devenir poignant.

ida

Après une interview de Jacques Gamblin – portrait chinois à découvrir dans Après la séance –, retour au Taillefer pour le film polonais Ida de Pawel Pawlikowski. Tourné dans un noir et blanc somptueux, au format 1.37, ce film dresse le portrait d’une jeune femme qui s’apprête à faire ses voeux dans un couvent dans les années 1950. Cette femme, soeur Anna, va rendre visite à une tante qu’elle n’a jamais rencontré, Wanda (Agata Kulesza). Une rencontre qui lui apprend qu’elle est juive et que le prénom que lui ont donné ses parents qu’elle n’a jamais connu est Ida. Ida, un visage captivant, un regard d’une profondeur troublante, une forme de sensualité chaste dûe aux habits de nonne qu’elle refuse de quitter. Agata Trzebuchowska, dans le rôle titre, est une véritable révélation dans ce film à la mise en scène et à la narration audacieuses. Pawlikowski compose des cadres d’une grande pureté et place ses acteurs en bordure, à gauche, à droite, ou en bas, jusqu’à couper leurs visages. Cette volonté d’éviter de mettre les acteurs au centre s’accorde avec la méthode narrative, où l’essentiel est caché, en arrière-plan. Pourtant, cela n’empêche pas l’émotion de surgir vivement dans les derniers chapitres du film, au contraire. Wanda et Ida se lancent à la recherche de la sépulture des parents de la jeune religieuse, tués au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Il est aussi touchant de voir la réunion de ces deux femmes que tout oppose, Wanda étant juge mais menant une vie proche de la débauche. D’une profonde tristesse, Ida est probablement le film le plus fort découvert en Compétition Officielle. A découvrir au cinéma à partir du 12 février 2014.

Après une discussion passionnante avec Anna Mouglalis à propos du film – étant membre du jury, je ne pourrai entrer dans aucun détail –, une navette nous reconduit dans les hauteurs des Arcs 1950. Comme la plupart des soirées, le quartier général est O Chaud, où se tient la fête d’après projection de Nymphomaniac – Volume 1. On peut croiser Julie Gayet et Clémence Poésy qui viennent d’arriver sur le festival. D’ailleurs, les visages ont beaucoup changé, de nombreux festivaliers sont déjà partis mais les nouveaux arrivants, frais et motivés, risquent de nous contaminer avec leur énergie.

Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. Bonjour,
    Je ne connaissais pas l’existence de ce festival.
    Allier cinéma et sports d’hiver, quelle bonne idée.
    Les projections sont-elles ouvertes au public ? Si oui, je me laisserais bien tenter pour l’année prochaine !

  2. Bonjour Julien,
    Oui, il est possible d’acheter les places à l’unité ou bien un pass pour le festival.
    Toutes les infos sur le site officiel : http://www.lesarcs-filmfest.com/

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