[Critique] God Bless America (Bobcat Goldthwait)

Cinquième long-métrage de Bobcat Goldthwait, God Bless America est une comédie noire qui emmène le spectateur dans un road trip meurtrier. Avec son duo qui n’est pas sans rappeler Bonnie and Clyde – référence revendiquée – ou encore Tueurs Nés – la nervosité et le trash en moins –, le film se confronte à des icônes qu’il ne parvient pas à égaler malgré une idée de départ séduisante : éradiquer la sottise humaine par l’homicide.

Mort aux cons

Frank est le genre de solitaire vieillissant loin de mener une vie idéale : divorcé, avec une gamine qui ne veut plus le voir et des voisins horripilants, il ne manquait plus qu’il perde son boulot et apprenne qu’une tumeur au cerveau l’emportera pour péter un câble. Exaspéré par le flot d’idiotie présent sur la télévision américaine, Frank décide d’aller abattre une insupportable gosse de riche que l’on peut voir dans des émissions sur MTV, du type « Mon incroyable anniversaire ». Alors qu’il aurait pu s’arrêter là, il fait la rencontre de la jeune Roxy qui va le pousser à continuer sa croisade anti-cons. Si Bobcat Goldthwait dépeint la dégénérescence culturo-intellectuelle en partie provoquée par la télévision avec brio, il peine à rythmer l’odyssée meurtrière dans laquelle il lance Frank, interprétée par Joel Murray – frère cadet du légendaire Bill Murray –, et Roxy, jouée par Tara Lynne Barr, dont la frimousse rappelle Anna Farris à ses débuts, et qui affiche toutes les qualités nécessaires pour percer sur le grand écran. Citer Bonnie and Clyde et Taxi Driver à plusieurs reprises prête à sourire, mais montre aussi à quelle point la mise en scène et le montage peinent ici à côté de ceux de grands maitres du 7ème art.

Avec sa bande originale rock – Black Rebel Motorcycle Club, Alice Cooper, The Kinks –, et ses acteurs méconnus mais charismatiques, God Bless America dispose d’un réel potentiel cool qui ne se concrétise que rarement. L’idée de flinguer les pires imbéciles – ce qui implique un jugement de supériorité intellectuelle – possède quelque chose d’aussi jouissif que malsain, mais aucune remise en question ne vient mettre en perspective les agissements de ce duo à peine inquiété par les autorités malgré leur palmarès sanglant. Après tout, si l’Amérique est victime d’un abrutissement massif – un fait que l’on peut probablement appliquer à notre contrée ! -, la solution se trouve t-elle dans une éradication aux accents nazis ? Même s’il s’agit d’une comédie qui joue la carte du second degré et de l’humour noir, il est difficile de ne pas questionner le sous-texte de God Bless America. Malgré ses nombreux travers, le film aligne quelques séquences exaltantes et possède aussi la qualité d’assumer sa position jusqu’au bout. Une œuvre distrayante mais fortement inaboutie.

Remerciements : Allociné

2.5 étoiles

 

God Bless America

Film américain
Réalisateur : Bobcat Goldthwait
Avec : Joel Murray, Tara Lynne Barr, Melinda Page Hamilton, Mackenzie Brooke Smith
Scénario de : Bobcat Goldthwait
Durée : 105 min
Genre : Comédie
Date de sortie en France : 10 octobre 2012
Distributeur : Potemkine Films

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Un seul défaut… Du subversif poil à gratter le film s’arase peu à peu pour devenir un poil démago et plutôt gentillet, entre autres le pourquoi du comment de la gamine reste une énigme assez énorme… 2/4

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