Inauguration d’une nouvelle rubrique avec Love Life de Kôji Fukada, en salle depuis le 14 juin 2023 : un avis plus concis sur un film afin de permettre de le découvrir avant qu’il ne disparaisse des salles (ou peut-être à terme des films aussi présents en VOD, SVOD et TV).
Un drame japonais avec lequel il est préférable de lire le moins de choses, la promotion du distributeur Art House allant parfaitement dans ce sens, et ce papier numérique également.
On a parfois le plaisir de se rendre dans une salle de cinéma à la faveur d’un espace vierge et inattendu dans son emploi du temps. Loin d’avoir été séduit par Le Soupir des vagues (2018), j’en avais même oublié le nom du cinéaste Kôji Fukada, dont le récit se montre ici bien plus poignant, et qui aborde ses multiples problématiques et réflexions en exploitant intelligemment le caractère, les envies et blessures de ses différents personnages. Nous découvrons une famille recomposée qui s’apprête à célébrer un événement dans leur appartement. Rien d’exceptionnel, si ce n’est une petite mise en scène à l’extérieur, au goût amer, puisque le patriarche se dispute avec sa belle-fille Taeko quelques instants auparavant. Ce qui assombrit les premières minutes de cette œuvre développant une certaine quiétude, alimentée par l’enfant de Taeko, Keita, jeune prodige du jeu Othello. D’autres éléments troublants ont été esquissés au tout début, à propos du mari Jiro, mais le récit exploitera tout cela plus tard, dans l’intimité de chaque personnage.
Grâce à l’essence même du tragique, sur les terres du mélodrame, Fukada livre une réflexion sur les partenaires amoureux qui jalonnent une vie. Love life, titre-slogan tiré d’une chanson du film, aurait pu se limiter à un versant noir et douloureux, qui aurait été alors très convenu. En exploitant avec finesse le passé des parents, le cinéaste japonais interroge les choix de vie sans émettre de jugement sur ses personnages. Émouvant, le film se dote d’un certain versant social, densifiant aussi le scénario. Ses personnages, parfois durs dans des mouvements impulsifs, sont tous animés par une magnifique capacité à pardonner, sans tomber dans des archétypes : jusqu’au bout, Love Life réserve des surprises offrant des perspectives sur les itinéraires de nos vies, des actes destructeurs aux actes salvateurs. En bref, une œuvre qui secoue, sans volonté d’atterrer : les hauts et les bas de toute vie.
Love Life de Kôji Fukada, en salle depuis le 14 juin 2023, avec Fumino Kimura, Kento Nagayama, Tetta Shimida, Tomorowo Taguchi et Atom Sunada.
Photos du film Copyright 2022 LOVE LIFE FILM PARTNERS & COMME DES CINEMAS
Avant de publier un commentaire, vous devez lire et approuver notre politique de confidentialité.