Critique : Lego Batman, le film

Trois ans après le très drôle La Grande aventure Lego, les têtes de brique sont de retour pour un épisode consacré au justicier de Gotham City. Sans Phil Lord et Christopher Miller à la réalisation, Lego Batman, le film se positionne comme un triste film d’animation, tapageur et répétitif.

DÇU comique

Le succès ahurissant de La Grande Aventure Lego appelait forcément à une suite. Aux commandes cette fois, Chris McKay, superviseur des effets visuels et chef monteur sur le premier opus. C’est une première réalisation qui déçoit fortement : certes, le style visuel et l’énergie du premier film se retrouvent ici, mais il y a un travail d’écriture assez faible et surtout, un personnage principal, Batman (voix de Will Arnett), plus rebutant qu’amusant. L’erreur est de jouer uniquement sur ses caractéristiques – la solitude, l’arrogance ténébreuse, la richesse – dans scènes aux répliques bien plates. En face, un Joker (Zach Galifianakis) qui n’a pas de raison d’être s’il n’est pas l’ennemi juré de l’homme chauve-souris. Entre un vilain abattu et un héros qui ne voit pas l’utilité du travail d’équipe, Lego Batman, le film creuse sans aucune finesse la condition des super héros et de leurs adversaires, sans atteindre la cible parfaite : la parodie.

Aussi nerveux que bavard dans ses nombreuses scènes d’action, ce nouveau film Lego n’apporte guère de plaisir tant le spectacle généré se montre chaotique et tapageur, à l’image des mauvais blockbusters américains. Avec sa vaste galerie de personnages, c’est peut-être du côté de Robin (Michael Cera) ou de Batgirl (Rosario Dawson) que l’on trouve les scènes les plus drôles ou attendrissantes. Les fanas de Batman seront probablement ravis de trouver une myriade de références aux précédentes apparitions du justicier, mais ces éléments ne peuvent en aucun cas redresser la barre d’un film qui n’a plus rien à offrir à mi-chemin. Répétitif, Lego Batman, le film ne capitalise même pas sur son armée de méchants, qui convoque King Kong – y-a-t-il une erreur au casting ? – ou bien même l’œil de Sauron. Passé entre les mains de cinq scénaristes, Lego Batman, le film tient du produit sans saveur, démontrant qu’un univers viable et intéressant a aussi besoin du ou des bons réalisateurs avec un minimum d’habilité pour divertir.