Critique : Anomalisa

Adaptation d’une « pièce musicale » de Charlie Kaufman, Anomalisa met le scénariste de Dans la Peau de John Malkovich et Duke Johnson à la tête d’un film d’animation au sujet et au style atypiques. Une comédie dramatique qui vaut le détour.

Voix de la psychose

Afin d’apprécier au maximum Anomalisa, il est préférable d’en savoir le moins possible : une chance que la bande-annonce du film préserve également l’élément capital du film, faisant de ce long métrage une expérience perturbante. Michael Stone (David Thewlis), auteur d’un livre à succès sur la relation client, se rend à Cincinnati afin d’y tenir une conférence. L’homme semble terne, éteint, accablé. Un mariage pas tout à fait heureux, une certaine monotonie dans le train de vie, et tout est gris, identique et sans importance. Les problèmes existentiels sont au cœur de l’œuvre de Charlie Kaufman, signant ici un long métrage plus intimiste qu’à l’accoutumée, où le déraillement se niche dans une situation initiale plutôt que sur la route des protagonistes – bien que le film y vienne brièvement dans une scène assez fantastique. C’est un sentiment de solitude sur lequel se penche le film mais par le prisme d’un état d’esprit ou plutôt d’une pathologie, mais il est délicat de cerner la situation dès les premiers chapitres un peu ankylosés de ce film d’animation. Résolu à tuer le temps en compagnie d’une femme, Michael contacte une ex, avant de se rabattre sur une autre cliente de l’hôtel, Lisa (Jennifer Jason Leigh). Lisa, une femme si particulière aux yeux de Michael, sa petite anomalie : anomalisa.

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Dans le confinement de son hôtel à la lumière tamisée, Anomalisa se distingue par ses marionnettes au visage scindé en deux parties visibles, laissant apparaître une démarcation au niveau des yeux. Un choix qui ramène tous ces personnages à leur statut de marionnette, qui renvoie alors à Dans la Peau de John Malkovich dans lequel John Cusack campait un marionnettiste talentueux mais sans aucun succès. Aussi drôle que déstabilisant, ce film d’animation est porté par une très belle bande originale de Carter Burwell – qui avait aussi signé les B.O. du film centré sur John Malkovich ainsi qu’Adaptation. Souffrant d’un démarrage longuet, certes en accord avec l’état d’esprit de son protagoniste, Anomalisa débouche sur un acte final sous forme de sprint étonnant et amer pour conclure cette chronique sur la différence, le désir et le rapport avec l’autre. Si ce n’est pas l’histoire la plus folle contée par Charlie Kaufman, ce curieux film s’avère très loin d’une faiblesse dans sa filmographie, au contraire : tirant pleinement partie des particularités formelles que peut offrir l’animation, Anomalisa conduit le spectateur au cœur d’une psychose asphyxiante avec une originalité plutôt subtile.

3.5 étoiles

 

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Anomalisa

Film américain
Réalisateurs : Charlie Kaufman, Duke Johnson
Avec les voix de : David Thewlis, Jennifer Jason Leigh, Tom Noonan
Scénario de :
Durée : 90 mn
Genre : Animation, Comédie dramatique
Date de sortie en France : 3 février 2016
Distributeur : Paramount Pictures France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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