Les Arcs 2015 : Family Festival

Avant dernière journée de festival avec les projections des deux derniers films de la compétition, Family Film et Chevalier et l’avant dernière soirée fragmentée sur trois lieux.

Jeudi. Profitant d’un café en début d’après-midi sur la place centrale du Village 1950, un nouveau combat de sabres laser débute sous mes yeux, tandis qu’en partenariat avec Cinext, du chocolat chaud pimenté à la chartreuse est distribué. Cette fois, preuve à l’appui :

sabre-laser

sabre-laser-chocolat-chartreuse

J’aurais pu descendre au Taillefer plus tôt pour découvrir Kon-Tiki dans le cadre du focus Norvège, mais je préfère rester en haut pour peaufiner mon interview avec Danielle Arbid, réalisatrice de Peur de rien, peu avant 17h. La cinéaste se montre passionnante, évoquant son amour pour la photographie et la littérature, ses méthodes de travail avec ses comédiens, sa vision sur l’immigration. L’entretien sera transcris ici à l’occasion de la sortie du film en salle le 10 février 2016 : consulter l’interview.

Frédéric Boyer et Julie Gayet. Derrière eux, Massoumeh Lahidji et Olmo Omerzu.

Frédéric Boyer et Julie Gayet. Derrière eux, Massoumeh Lahidji et Olmo Omerzu.

A partir de 18h, le Taillefer révèle les deux derniers films en compétition, à commencer par Family Film du slovène Olmo Omerzu, venu présenter son film avec sa productrice Julie Gayet. L’histoire se déroule à Prague, dans une famille aisée et banale. Le couple s’apprête à partir naviguer, emportant avec eux aussi le berger australien, Otto. Anna, majeure, veillera sur son frère cadet Martin jusqu’à ce qu’ils rejoignent leurs parents pour Noël. Seulement Martin profite de l’absence parentale pour sécher les cours, et Anna invite une amie à vivre chez eux, une belle jeune femme qui s’adonne à de drôles de jeux, dont un troublant le cœur de Martin. Lorsqu’Anna est appelée par l’école, elle contacte ses parents qui font venir leur oncle pour remettre de l’ordre au domicile. Family Film est un drame évolutif, quelque peu apathique comme son adolescent – rien ne caractérise ces personnages, Anna étant absolument transparente -, mais qui parvient à dévoiler un segment absolument prodigieux où Otto est filmé sur une île déserte. Un jour, un accident se produit : le spectateur ne découvrira que le chien, nageant vers le rivage. Après quelques jours sans nouvelles, l’alerte est lancée à Prague. Face à la disparition des parents, Martin se laisse aller, se retrouve hospitalisé.

family-film

En parallèle, on suit toujours Otto survivre seul, mangeant des racines, se frayant un chemin dans la végétation, tentant même de prendre la fuite à la nage, en vain. Rarement le cinéma n’aura donné d’aussi belles scènes avec un chien sans aucune présence humaine, le berger australien se montrant terriblement émouvant – et d’ailleurs, Julie Gayet me confiera après la séance qu’ils ont tourné avec un seul animal ! Imparfait mais intéressant, Family Film invite à questionner les apparences dans une œuvre qui semble en contenir une autre, un peu à la façon de Tropical Malady d’Apichatpong Weerasethakul. Dommage qu’aucun prix animalier n’existe aux Arcs, car l’interprète d’Otto a vraiment du chien – excusez-moi !

chevalier

Toujours au Taillefer, la réalisatrice grecque Athina Rachel Tsangari présente son troisième long métrage avec Chevalier. Elle nous dit avant le lancement du film qu’il s’agit d’un jeu, un jeu que nous pratiquons tous, nous et elle, sans nous en rendre compte. Un film qui fut une expérience particulière car elle ne fut qu’entourée d’hommes, la distribution du film étant exclusivement masculine. Un groupe de six amis en vacances a loué un yacht avec équipage pour s’adonner au plaisir de la plongée et de la pêche. Sur la route du retour, l’un d’eux lance un jeu baptisé chevalier, le vainqueur gagnant une chevalière qui sera remise en jeu à la prochaine « partie ». Il s’agit de déterminer qui est le meilleur d’entre eux au travers d’épreuves créées par chacun, mais le jeu va pousser son vice dans les gestes du quotidien, tout sera jugé et noté par les six amis : la position adoptée pour dormir, la coiffure, le temps de réaction lorsque quelqu’un crie à l’aide, la taille du pénis en érection, la qualité de la relation avec la compagne actuelle, … Athina Rachel Tsangari poursuit l’étude du corps entreprise avec Ariane Labed dans Attenberg pour se concentrer sur une psychologie très virile. Dans cette comédie, l’esprit de compétition, poussé à son paroxysme, tourne à la farce satirique avec des saillies burlesques – on y trouve la scène la plus ahurissante de tous les films découverts en compétition. L’implosion du groupe menace tandis que l’équipage prend les paris sur le vainqueur de ce jeu insidieux. On quitte l’aventure en pensant que l’on devrait tous accepter ses défauts et ceux des autres, et comme dirait Tony Curtis à la fin de Certains l’aiment chaud, « Nobody’s perfect ! »

La nuit débute encore O’Chaud, mais le nombre de festivalier a réduit. Il y a eu des départs et certains se préservent pour la clôture, comme Lola Créton. Paul Hamy et Damien Chapelle sont toujours d’attaque – Vincent Lacoste est déjà reparti -, tout comme l’équipe d’Amaury et Quentin, du moins, ceux encore présents au village. N’arrivant pas à rentrer dans cette soirée à la playlist désuète, je m’apprête à rentrer quand Jules Sitruk et un de ses amis me proposent de passer à la soirée du jury. On y prend un verre et discute cinéma au milieu de Guillaume Calop, Claudy Duty, Danielle Arbid ou encore Louis-Do de Lencquesaing, mais tout ce beau monde s’apprête à regagner O’Chaud ou regagner le lit. De retour au bar où le niveau de marrade est très modéré, on me glisse à l’oreille le plan de contre-soirée parfait, dans la chambre d’un DJ de la soirée de clôture, Thibault (aka Ip Stick, ou Hip stick ?)
traktorLes platines sont de sortie et l’ambiance est bien plus cool que dans le bar où l’on retrouve des visages familiers, quelques membres du staff, bénévoles, Jules Sitruk et l’acteur irlandais Robert Sheehan, qui aimante toutes les attentions. Aux Arcs, on ressemble à une grande famille qui ne connaît aucun clivage, autant portée sur le cinéma, la glisse et les nuits écourtées. Tous plus d’humeur à discuter plutôt qu’à danser, c’est vissé dans les fauteuils et canapés que la nuit s’écoule sur une musique éclectique que n’aura pas apprécié tout le voisinage. Vers 5 heures, les stocks de bière et de chartreuse sont épuisés, il est temps de rentrer pour l’ultime journée.

Article rédigé par Dom

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