[Critique] L’Aigle de la Neuvième légion (Kevin Macdonald)

C’est le cru 2011 de l’empire romain vu par des anglo-saxons. Bien différent du dérisoire Centurion de Neil Marshall, L’Aigle de la Neuvième légion s’inspire d’un fait réel (s’appuyant sur le roman éponyme de Rosemary Sutcliff) et ne mise pas tout sur les combats, ce qui est assez rare pour le souligner. Ce n’est pas pour autant que le résultat est brillant, loin de là…

Sauver l’honneur

Par son orgueil sans limite, l’empire romain ne supportait ni les échecs, ni les affronts. Il n’est pas difficile d’imaginer la catastrophe que représenta la perte de l’aigle d’or de la Neuvième légion, avec la disparition de cinq milles hommes, en 140 après J.-C., au Nord de cette contrée que nous appelons aujourd’hui l’Angleterre. Troupes décimées ou désertion ? Nul ne pouvait en témoigner mais les faits étaient là : Rome avait été vaincue par des indigènes. L’empereur Hadrien ordonna la construction d’un mur de 120 km pour dresser une frontière à la limite du monde connu. Le film de Kevin Macdonald (réalisateur du Dernier Empereur d’Ecosse) suit le destin de Marcus Aquila (Channing Tatum), fils du commandant de la Neuvième tenu pour responsable du désastre, hanté par la mémoire de son père et bien décidé à redorer le blase familial. En compagnie d’un esclave d’une tribu écossaise qu’il a sauvé du glaive d’un gladiateur, Marcus part sur les terres hostiles où son père disparut vingt-ans plus tôt, certain d’être capable de ramener le symbole ailé de la légion déchue.

Avec sa mise en scène ordinaire, nerveuse lors des quelques scènes d’action, sans intérêt lors des explorations, ce récit qui étudie la loyauté entre deux hommes de classes opposées mais unis par un destin similaire – ils ont perdu leur père au combat – manque de profondeur. Les sublimes Highlands écossais sont parcourus sans jamais susciter un sentiment de danger malgré les rencontres éparses avec des peuplades qui ne manqueraient pas de dépecer Marcus si seulement Esca (Jamie Bell) n’officiait pas en guide touristique. Le duo Tatum/Bell assure leur partition mais il est regrettable que leur psychologie se limite à la promesse de loyauté d’un esclave envers un centurion au grand cœur. Ce doux périple mène toutefois à la découverte d’un étonnant Tahar Rahim, parfaitement grimé en guerrier tribal. Plutôt convenu, L’Aigle de la Neuvième Légion, sans tomber dans les plus agaçants travers des films à caractère patriotique, n’ose pas aborder une thématique qui lui aurait donné un réel cachet : la condition du jeune esclave, qui, ici, renie les siens sans scrupule, au nom d’une dette de vie envers son maître, issu d’une civilisation qui a colonisé et massacré ses semblables.
Distillant ses séquences de combats selon la recette hollywoodienne et soulignant sans subtilité des valeurs à la gloire des héros de Rome, L’Aigle de la Neuvième Légion reste aussi anecdotique que ses protagonistes. Une petite erreur de parcours pour Kevin Macdonald.

2.5 étoiles

 

Chronique réalisée en partenariat avec Cinetrafic dans le cadre de la thématique « les guerres de l’empire romain »

L’aigle de la Neuvième Légion

Film britannique
Réalisateur : Kevin Macdonald
Avec : Channing Tatum, Jamie Bell, Tahar Rahim, Donald Sutherland
Titre original : The Eagle
Scénario de : Jeremy Brock d’après le roman « The Eagle of the Ninth » de Rosemary Sutcliff
Durée : 114 min
Genre : Aventure, Drame, Péplum
Date de sortie en France : 4 mai 2011
Disponible en DVD et Blu-ray à partir du 7 septembre 2011
Distributeur : Metropolitan Filmexport

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. Oh mon dieu ! Complétement d’accord : ce film est aussi anecdotique d’insipide ! Channing tatum n’est même plus beau et tahar Rahim se fourvoie (son talent vaut bien plus que ça). La réal est assez curieuse : sorte d’ambiance esthétisante à coup de filtres et d’effets… Y aurait pas aussi comme une relation ambigue entre ces deux héros ou est-ce seulement une relation virile avec beaucoup d’estime 😉 (Faut bien essayer de creuser quelque chose la dedans… pff)
    Rick

  2. Le sous-texte homosexuel est assez envisagé au début du film, et puis, comme tout, c’est vite oublié : il faut récupérer l’aigle, un point c’est tout !

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