Cannes 2016 : année érotique

Première journée complète de festivités à Cannes, avec trois films qui ne lésinent pas sur le sexe, Rester Vertical, Money Monster et Victoria. Et conclusion de la journée avec l’ouverture de la Villa Schweppes avec Rocco Sifredi !

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Nous ne sommes pas restés bien longtemps à l’horizontal avant de gagner le Grand Théâtre Lumière pour la première fois vers 8H afin de découvrir Rester Vertical d’Alain Guiraudie, en compétition officielle. Dans ce film partagé entre les paysages pyrénéens et Brest, Leo (Damien Bonnard, une présence forte à l’image) erre : on le découvre à bord de sa Laguna, s’arrêtant auprès d’un jeune homme à qui il proposera de faire du cinéma. Mais l’adolescent n’est pas intéressé. Leo, un cinéaste en devenir, butant sur l’écriture d’un scénario dont un producteur lui a déjà fourni des avances sans voir venir la moindre page. Sur sa route, il rencontre Marie (India Hair), une jeune femme avec deux enfants qui vit toujours chez son père, agriculteur, et pour lequel elle offre son aide en veillant sur les troupeaux de mouton, car le loup rode. Rapidement, un couple se forme et un enfant naît : mais la passion n’est pas là et le scénario non plus. Léo continue alors d’errer entre les différents lieux clés de ce film troublant, mais également drôle, par ses situations et dialogues souvent portés sur le sexe. Guiraudie n’épargne d’ailleurs rien au spectateur, comme la naissance d’un enfant filmé en gros plan, mais c’est peut-être une scène de sodomie qui rentrera sans nul doute dans les annales de sa filmographie et du 69ème Festival de Cannes. Mais c’est au fond un profond sentiment de solitude qui frappe en regardant Rester Vertical : les personnages peinent à se connecter sentimentalement, ils se recherchent vainement dans le sexe ou végète dans leur triste routine, en attendant la fin. Léo, cet anti-héros touchant, semble avoir emprunté la mauvaise voie avec le cinéma : on assiste à sa déchéance progressive et terrible alors que Marie lui a laissé le bébé et qu’il tente d’assumer ses responsabilités de père. Cette chronique hors-norme s’achève dans une scène magnifique et glaçante qui, elle aussi, devrait marquer le festival.

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Tout justes sortis de la plus grande salle du festival que l’on s’y engouffre de nouveau pour le nouveau long métrage de Jodie Foster, Money Monster présenté hors compétition. Ce thriller s’attaque aux dérives du boursicotage en bouleversant le quotidien de Lee Gates (George Clooney), présentateur de l’émission éponyme dans laquelle il martèle aux téléspectateurs quelles actions acheter. Mais lorsque la valeur sûre d’Ibis s’effondre sans crier gare, un téléspectateur débarque sur le plateau pour prendre en otage le présentateur vedette en lui enfilant une ceinture d’explosifs. La réalisatrice de l’émission, jouée par Julia Roberts, doit alors gérer la situation sans couper la transmission en direct sous les menaces du fou furieux. Thriller efficace par son rythme et sa mise en scène dynamique, Money Monster souffre d’un scénario aux rebondissements nombreux mais peu plausibles, perdant le rapport au réel dans sa volonté de dénoncer un système pourri et corrompu. Si l’on compare le film à Network de Sidney Lumet, qui s’attaquait à la télévision en direct sans le surplus apporté par l’univers de la finance, Jodie Foster lance ici un véritable pavé dans la marre. Un film que l’on ne retiendra pas malgré les applaudissements soutenus donnés dès le début du générique de fin.

L'équipe de "Victoria"

L’équipe de « Victoria »

L’ouverture de la Semaine de la Critique nous offre le second long métrage de Justine Triet, Victoria, une comédie dramatique avec Virginie Efira dans le rôle titre – et votre cher serviteur en figurant ! L’équipe est venue présenter brièvement le film avec enthousiasme, la réalisatrice française déclarant qu’elle a enfin pu tourner dans des conditions agréables (contrairement à La Bataille de Solférino tourné sur le vif durant les élections présidentielles). Vincent Lacoste et Virginie Efira se sont montrés ravis d’être ici pour présenter le film.

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Victoria est une avocate en chute libre, qui voit sa vie professionnelle et sentimentale se rejoindre dangereusement lorsque son ami Vincent (Melvil Poupaud) lui demande de le défendre dans une affaire délicate : lors d’un mariage où elle était conviée, la compagne de Vincent a été poignardée et c’est son amant qu’elle accuse. Réticente, Victoria se décide à venir à l’aide de son ami. Côté cœur, elle enchaîne les partenaires rencontrés sur internet tandis qu’elle confie la garde de ses enfants à un ami, Sam (Vincent Lacoste), ancien dealer qu’elle a défendu et qui souhaiterait se reconvertir dans le droit, qu’il n’a jamais étudié. Virginie Efira n’a jamais été aussi grande que dans cette comédie dramatique soigneusement écrite, beau portrait de femme qui flirte avec la dépression à un stade de sa vie particulièrement complexe et éreintant. Pour ajouter à ses soucis, son ancien mari publie sur internet une fiction qui fait plus que s’inspirer des affaires de son ex-femme. Gare aux dommages collatéraux. Vincent Lacoste, qui entre dans le film comme un personnage comique, se transforme alors que son personnage décide de se ressaisir. Une évolution aussi rare que plaisante, d’autant que le comédien français forme un beau duo avec Virginie Efira dans ce long métrage à l’humour délicieux, également dotée de quelques belles séquences qui s’emballent au rythme d’un piano impétueux. Victoria est une œuvre singulière, séduisante, et un brin animalière – un dalmatien et un bonobo ont une grande importance dans le film.

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Une photo publiée par Dom (@sushi_overdose) le

Après un copieux dîner à l’Avion, à deux pas de la salle Debussy, direction la Villa Schweppes, toujours perchée au club Les Marches pour son ouverture avec la soirée du documentaire Rocco, consacré à l’acteur porno italien. On y retrouve une ambiance électronique assurée par plusieurs DJ, dont Matias Aguayo, et les fameux cocktails Schweppes dont les festivaliers raffolent. L’occasion de retrouver des collègues et amis, et de faire de nouvelles connaissances sous la bénédiction de Rocco Sifredi, accompagné par sa femme.

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Dans les trois films du jour, le sexe passait autant par la passion donnant naissance à un enfant que la sodomie, l’emploi d’une crème offrant des érections en béton ainsi que des coucheries d’un soir. Le 69ème Festival de Cannes est peut-être bel et bien celui de l’année érotique.

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Les producteurs ont bien compris que le sexe rapporté tout comme les sujets qui créés un peu de buzz… Le sexe rapporte et parfois même si le film est moins bon grâce au buzz amené il peut amener de la visibilité…

    Quel époque…lol

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