3 bonnes raisons de regarder la saison 1 de True Detective

La première saison de True Detective arrive en DVD et Blu-ray. Voici trois bonnes raisons de plonger dans les huit épisodes de cette série policière prenante créée par Nic Pizzolatto.

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1. Des comédiens fascinants

La saison 1 de True Detective, ce sont deux enquêteurs joués par Matthew McConaughey et Woody Harrelson. Le premier campe Rust Cohle, ancien membre des Stups qui souffre de dommages collatéraux dus à l’abus de substances illicites. Cynique et même nihiliste, ce solitaire qui ne semble animé que par son nouveau poste dans la police criminelle souffre aussi de la mort de sa fille. Avec son premier Oscar en poche pour son rôle dans Dallas Buyers Club, Matthew McConaughey ne cesse de fasciner par son engagement physique, multiple ici puisque le récit se déroule à trois époques recouvrant une vingtaine d’années. Le regard perdu dans le vide ou sondant son interlocuteur, McConaughey met son âme au service de son personnage torturé et mystérieux, décuplant la portée de ses noires répliques. Exploitant une formule classique, Nic Pizzolatto donne à Woody Harrelson un personnage au tempérament opposé, Marty Hart, père de famille en apparence simple, sans histoire et ne partageant absolument pas les pensées de son coéquipier. Sans surprise, Harrelson campe avec brio cet enquêteur sanguin et bourru, incapable de rester fidèle à sa femme comme si la quiétude de son foyer le poussait à chercher l’étincelle. Autre personnage récurrent, Maggie, la femme de Marty, interprétée par Michelle Monaghan. Bien qu’en retrait par rapport au duo de flics, cette dernière tient un rôle d’importance dans l’évolution de la relation entre les deux hommes. La comédienne offre une performance solide, se mettant au diapason de ses collègues masculins dans une série sans second rôle défaillant.

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2. Une unique enquête passionnante

Contrairement à la majorité des séries policières, la saison 1 de True Detective ne se consacre qu’à un seul meurtrier sur ses huit épisodes. Au terme de cette saison, adieu à Rust et Cohle qui laisseront place à de nouveaux enquêteurs. Tout débute par la découverte du corps d’une jeune femme dans une mise en scène macabre, proche d’un rituel vaudou ou de sorcellerie. Ce point de départ se déroule en 1995, et cette saison se fragmente sur deux autres années, 2002 et 2012. Une navigation temporelle qui ne fera que brouiller les pistes et installer le doute chez le spectateur, car en 2012, Rust et Cohle sont, séparément, assis face à de jeunes enquêteurs – dont l’objet de leur enquête alimente un suspense épais. Trois époques qui offrent une riche matière pour l’évolution des rapports entre les différents personnages, que l’on voit s’approcher de l’abîme, comme si cette enquête les rongeait au plus profond d’eux-mêmes. Alors qu’une véritable mythologie se développe au fil de l’histoire, d’un fameux Roi jaune à un lieu baptisé Carcosa – à lire, après avoir terminé la saison pour cause de spoilers, un excellent article sur les références littéraires de True Detective –, le duo d’enquêteurs vogue d’impasses en inattendus chemins de traverse, remontant doucement et dangereusement le fil d’une ténébreuse affaire. Mais le spectateur est aussi placé dans ce rôle d’enquêteur, puisque certains indices qui échapperont (un temps) aux deux protagonistes, disséminés au milieu des rencontres de personnages patibulaires et prostituées, pourront être retenus et exploités par les plus perspicaces. Fondamentalement différente de Twin Peaks, la première saison de True Detective rejoint la série de David Lynch sur ce besoin terrible qu’elle suscite : mettre la main sur l’infâme meurtrier qui ébranle le quotidien d’une communauté, un mal que l’on veut voir incarné grâce à un visage, une voix, un corps, car il n’y a rien de plus terrifiant qu’un monstre dont on voit seulement l’horrible et sinistre besogne.

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3. Une atmosphère digne des grands thrillers du 7ème art

Depuis quelques années, certaines séries télévisées parviennent à dépasser ce que l’on attend du petit écran, notamment par une direction artistique impressionnante – comme Breaking Bad ou Mad Men. C’est le cas avec True Detective dont la première saison prend pour cadre la vénéneuse Louisiane, chère aux thrillers, d’Angel Heart à Bad Lieutnant de Werner Herzog. Tôle rouillée, marais, cyprès et une végétation aussi belle que désolée forment le paysage dans lequel évoluent Woody Harrelson et Matthew McConaughey. La mise en scène de Cary Fukunaga, derrière les huit épisodes de soixante minutes, sobre et donnant de l’espace aux acteurs pour s’exprimer trouve même quelques fulgurances, comme lors d’un incroyable plan-séquence venant conclure l’épisode 4. L’atmosphère poisseuse et funeste tient également de la photographie d’Adam Arkapaw, imprimant la noirceur même en plein jour, et lorsque son travail se montre plus froid et classique – les interrogatoires en 2012 –, la musique prend le relais avec des ambiances inquiétantes, lugubres partitions de sons plaintifs. C’est aussi sur un excellent générique que s’ouvre chaque épisode et que voici :



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La saison 1 de True Detective est désormais disponible en DVD et Blu-ray, deux éditions accompagnées d’excellents bonus (identiques dans les deux formats) :
– La création de True Detective
– Interviews de Matthew McConaughey et Woody Harrelson
– Conversation avec Nic Pizzolatto et T-Bone Burnett à propos de la musique
– Coulisses des épisodes
– Commentaires audio de Nic Pizzolatto, T-Bone Burnett et le producteur exécutif Scott Stephens
– Scènes coupées

Article rédigé par Dom

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3 commentaires

  1. True Detective est tout bonnement un film de cinéma de 8 heures qui se déguste avec entractes.
    Comme vous le dites avec vos « trois bonnes raisons », les acteurs sont ébouriffants, le scénario est aux petits oignons (la force des bonnes séries) et la mise en scène est ambitieuse (ce qui avant était réservé au cinéma).

  2. Les deux acteurs sont bons mais en font des tonnes par moment et leur opposition est systématique, ça en devient artificiel. Ils sont un peu trop chargés pour un récit qui l’est déja et cet équilibre est bancal selon moi. Pendant 3 saisons ça patine et on du mal à s’interesser a la vie conjugale des deux lascars et le point de vue sur eux est peu clair moralement entre le script et la réalisation.

    Cole se transforme en super héros qui parvient, défoncé aux amphétamines et au whisky-coke, à trucider un quarteron de biker et à échapper à deux gangs rivaux le tout sous les balles de la police, avec un tatoué de 120kg sous le bras et des tirs de 45mm d’une main…

    Après oui c’est très addictif mais ça tombe un peu à plat sur la fin, l’intrigue est somme toute banale. La narration en trois période est intéressante au début mais s’étire, disparait et revient pour semer un doute impossible sur la culpabilité de Cole (on y croit pas vraiment).

    Pour autant j’ai aussi aimé la teinte fantastique, la cohérence de l’ensemble et le caractère littéraire de ce southern gothic (Nick P. s’est même accusé de plagiat) et d’en faire une suite achevée. Beaucoup de moment très fort une réalisation (en 35mm…) parfaite, rien à redire de ce côté-là.

    Pour connaitre le fait divers qui a inspiré l’auteur… :

    http://www.vice.com/fr/video/le-vrai-true-detective-852

  3. Salut Mangeclous.
    C’est certain, cette première saison n’est pas non plus parfaite, mais je pense qu’on est dans le haut du panier en matière de télévision.
    Merci pour ton point de vue détaillé.

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