Justine Triet en trois films

Justine Triet a obtenu la Palme d’Or samedi 27 mai 2023 pour son film Anatomie d’une chute, quatrième long-métrage d’une cinéaste construisant une filmographie singulière. Il est possible, pendant un mois, de (re)découvrir ses trois précédents films grâce à France Télévisions, et ce, gratuitement.
Ci-dessus Jane Fonda et Justine Triet lors de la cérémonie de clôture du 76e Festival de Cannes. © Andreas Rentz / Getty Images

Quand la parole est d’or

Si vous ne connaissiez pas Justine Triet avant le 27 mai 2023, date à laquelle elle a reçu la récompense suprême au Festival de Cannes, vous devez probablement la situer depuis au travers des vives et désolantes réactions au sein du gouvernement suite à son discours engagé et criant de vérité sur la scène du Palais des Festivals. De la réforme des retraites et sa répression infâme aux menaces latentes du financement du cinéma en France, la cinéaste a provoqué un choc politique salutaire. Ainsi, si elle reçoit le soutien du milieu – voir cet article sur mediapart – et des politiques de gauche, de l’autre côté de l’échiquier, les attaques fusent, allant jusqu’à remettre en cause le droit de s’exprimer lorsqu’on travaille dans un univers subventionné. D’aucuns n’hésitent pas à montrer leur méconnaissance totale du milieu, oubliant les effets bénéfiques d’un tournage, avant même que de la TVA ne soit glanée sur le ticket d’entrée. Puisque le chef de l’état se montre toujours mutique suite à cette récompense, félicitons à nouveau la cinéaste, dont le film sera à découvrir dans les salles françaises à partir du 23 août 2023.

Et remercions France Télévisions pour une belle initiative, proposer gratuitement jusqu’au 1er juillet 2023, les trois premiers longs-métrages de la réalisatrice.

La Bataille de Solférino (2013) avec Laetitia Dosch, Vincent Macaigne et Arthur Harari
6 mai 2012, Solférino. Laetitia, journaliste télé, couvre les présidentielles. Mais débarque Vincent, l’ex, pour voir leurs filles. Gamines déchaînées, baby-sitter submergé, amant vaguement incrust, avocat misanthrope, France coupée en deux : c’est dimanche, tout s’emmêle, rien ne va plus !

Victoria (2016) avec Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laure Calamy
Victoria Spick, avocate pénaliste en plein néant sentimental, débarque à un mariage où elle y retrouve son ami Vincent et Sam, un ex-dealer qu’elle a sorti d’affaire. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne. Seul témoin de la scène, le chien de la victime. 
Victoria accepte à contrecœur de défendre Vincent tandis qu’elle embauche Sam comme jeune homme au pair. Le début d’une série de cataclysmes pour Victoria.
La critique du film

Sibyl (2019) avec Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos, Sandra Hüller, Gaspard Ulliel, Niels Schneider
Sibyl est une romancière reconvertie en psychanalyste. Rattrapée par le désir d’écrire, elle décide de quitter la plupart de ses patients. Alors qu’elle cherche l’inspiration, Margot, une jeune actrice en détresse, la supplie de la recevoir. En plein tournage, elle est enceinte de l’acteur principal… qui est en couple avec la réalisatrice du film. Tandis qu’elle lui expose son dilemme passionnel, Sibyl, fascinée, l’enregistre secrètement. La parole de sa patiente nourrit son roman et la replonge dans le tourbillon de son passé. Quand Margot implore Sibyl de la rejoindre à Stromboli pour la fin du tournage, tout s’accélère à une allure vertigineuse…