Critique : Bonne conduite

Le réalisateur Jonathan Barré continue son aventure avec David Marsais et Grégoire Ludig du Palmashow avec Bonne conduite. Seulement ici, au centre, ce n’est pas le duo comique mais Laure Calamy dans un drôle de rôle où elle navigue entre prévention routière et sorties de route assistées.

Permis de tuer

Le jour, Pauline (Laure Calamy) travaille comme formatrice dans un centre de récupération de points. Elle est confrontée avec sa collègue Soazig (Sixtine Aupetit) aux pires comportements des automobilistes, avec parfois un vrai dédain pour la sécurité routière. La nuit, elle s’occupe alors des pires, à sa façon, cagoulée au volant d’une Subaru noire. Il faut dire que Pauline est animée par un profond désir de vengeance, son compagnon est mort dans un accident de la route provoqué par un chauffard qui s’apprête à sortir de prison. Mais les agissements de plus en plus dangereux de cette veuve vont mettre la police sur son chemin, notamment lorsqu’un homme se retrouve calciné dans le coffre de la voiture d’une de ses victimes. Il y a du style dans cette comédie policière qui travaille ses cadres, ses effets comiques et qui n’hésite pas à jongler entre les genres et les tons : ce qui correspond parfaitement aux multiples talents de Laure Calamy, et un tel projet pourrait s’effondrer sans la comédienne idéale. Marsais et Ludig campent un duo de flic particulier : le premier, commandant, enquête sur ce territoire breton depuis plusieurs années, tandis que le second, en décalage, débarque tout juste de Narbonne. Barré ne joue pas vraiment sur le stéréotype des enquêteurs idiots, même avec Ludig et ses réflexions et agissements parfois délirants : oui, il y a de la bêtise, des erreurs, mais malgré tout, il s’applique à la tâche et, comme aime dire son acolyte, « On avance ».

Sur le plan comique, tout ne fonctionne pas dans Bonne conduite, il y a même des moments de flottement, des petits accros rythmiques, mais en avançant en parallèle sur l’axe du thriller policier (avec toujours le cadre de la comédie) et celle du drame (en appuyant parfois plus sur l’émotion), le film ne perd jamais de sa bonhomie. Aussi, il gagne en capital sympathie en s’appuyant sur des références diverses et inattendues, comme ce running gag sur le nom « Keyser Söze » venu tout droit de The Usual Suspects (1995) de Bryan Singer, en l’intégrant parfaitement à son enquête sur la côte bretonne. Des comédiens comme Tchéky Karyo et Thomas VDB apportent aussi de leur personnalité pour bonifier l’ensemble. Au fond, ce qu’on pourrait reprocher au film, c’est peut-être son aspect « sage » vis-à-vis d’un postulat et d’une narration qui permettent pourtant d’explorer encore plus en profondeur le territoire de la comédie noire. Avec ses quelques situations hilarantes et des comédiens en grande forme, Calamy et Ludig en tête, Bonne conduite fait bonne figure dans le paysage de la comédie française, embourbée dans des productions populaires de plus en plus éculées. Foncez, mais pensez sécurité aussi !

Photos du film Copyright Waiting For Cinéma – Aliceléo – TF1 Films Production