Critique : Annie Colère

Plébiscité lors de sa sortie en salle, Annie Colère s’invite dans les foyers au format DVD et Blu-ray. Ce récit nous plongeant dans les avortements illégaux menés par la MLAC dans les années 1970 avant la loi Veil se montre pourtant poussif malgré la présence de Laure Calamy. 

D’emblée, Annie Colère se veut didactique, soigné dans sa reconstitution de l’époque, des décors aux accessoires. Annie, campée par Laure Calamy, souhaite avorter, comme d’autres femmes réunies autour devfemmes engagées et rassurantes. Chacune raconte son petit parcours, et l’avortement, avec la méthode Karman, leur est expliqué dans les moindres détails. Rapidement, le film de Blandine Lenoir souligne l’importance de la connaissance : du corps féminin, de la contraception, et de la nécessité de continuer à pratiquer ces avortements pour toucher l’opinion publique et donc, déclencher une action politique. Il pourrait y avoir un récit passionnant, mais le film souffre de nombreux défauts, à commencer par sa mise en scène. Avec sa succession de plans moyens, aux cadrages hésitant (mouvements, zoom ou dézoom), Annie Colère ne trouve aucun souffle cinématographique, si ce n’est lors de ces rares et si courts plans où Laure Calamy est à vélo, comme sur l’affiche du film. 

Aussi, quelque chose manque cruellement au récit, au-delà de notre protagoniste, les autres personnages ne sont que des rouages de ce récit militant. Zita Hanrot est une bénévole engagée, Damien Chapelle est un médecin engagé, India Hair est… Par contre, l’engagement d’Annie, qui passe de patiente à militante, se produit sans détailler ce processus – encore un élément qui rend cette narration bien terne. La plupart des dialogues se cantonnent à un pur échange d’informations tandis que les scènes d’avortement, pudiques, se succèdent sans émotion. Annie Colère tient de ces films qui reposent principalement sur la force d’un sujet, un sujet mis en images laborieusement, ou tout du moins, avec un langage cinématographique des plus limités. 

L’édition DVD du film propose une version dolby stéréo, 5.1, de l’audiodescription ainsi que des sous-titres destinés aux sourds et malentendants. Côté bonus, 15 min de scènes coupées, un entretien entre Blandine Lenoir et deux anciennes militantes du MLAC et enfin un commentaire audio de la réalisatrice et de la conseillère historique sur le film.

Photos du film Copyright Aurora Films/Local Films