Critique : Glass Onion

Suite au succès de A Couteaux tirés (2019), le cinéaste Rian Johnson et le comédien Daniel Craig repartent pour une nouvelle enquête, en Grèce et sur Netflix. Glass Onion : une histoire à couteaux tirés réunit un groupe d’amis autour d’un milliardaire pour un week-end meurtrier. Une nouvelle comédie policière enjouée, mais qui séduit beaucoup moins que le précédent film.

Un crime loin d’être parfait

Le nouveau long métrage de Rian Johnson démarre avec une énergie fantastique. En l’espace de quelques minutes, d’une caméra très mobile, de split screen et d’une invitation cachée dans une boite à énigmes, les personnages principaux sont posés, à l’exception du futur hôte qui convie ses amis à résoudre le mystère de sa mort à venir, au cours du week-end. Tous gravitent autour de Miles Bron – Edward Norton, savoureux –, un milliardaire qui a percé dans le milieu de la technologie, et avec lequel on a peur d’employer le terme « Non ». Vivant dans une impressionnante et singulière demeure sur une île grecque, ce personnage se montre à la fois hautain, vaniteux et accueillant : il concède d’accepter parmi ses invités Benoît Blanc (Daniel Craig), le célèbre détective privé, qui ne fait pourtant pas partie de son entourage. Il a reçu aussi la boite mystérieuse contenant une invitation, potentiellement une boite qui aurait été réexpédiée par un des véritables invités. Alors que Miles est sur le point de lancer un nouveau combustible révolutionnaire à base d’hydrogène, quelque chose de louche se trame derrière cette réunion annuelle.

Chaque invité a intérêt à ne pas froisser le mégalo Miles, à l’exception d’Andi Brand (Janelle Monáe), ancienne partenaire professionnelle avec laquelle il est en froid, et bien entendu notre cher détective, électron libre qui se réjouit à l’idée de résoudre un mystère dans ce cadre si particulier. Rian Johnson exploite parfaitement l’espace offert par la demeure labyrinthique, avec à son sommet, un oignon de verre : le principe du film adopte ce concept de voir au sein des couches mais sans saisir tout à fait le cœur. Les joutes verbales incessantes associées à un montage dynamique mais jamais éreintant donnent du caractère au film, bien que sur la longueur, le côté artificiel du procédé se fait de plus en plus ressentir. Déjouant les attentes du spectateurs et des convives, Glass Onion – tronquons le titre ! – trouve comme point de bascule un double élément tragique au cours de la soirée. L’histoire redémarre alors en adoptant le point de vue d’un des personnages, et ce, depuis la réception de l’invitation. Hélas, ce nouveau point de vue survient alors que le mystère sur les tenants et aboutissants est quasiment dévoilé – Rian Johnson ne se montre pas si malin sur ce point, et le scénario, bien qu’astucieux, présente plusieurs lacunes. Le suspense se volatilise et le film s’avère alors bien moins excitant que le précédent opus, d’autant plus que dans ce cadre amical et non familial, les liens entre ces personnages, certes hauts en couleur, intriguent dans une moindre mesure.

Jouant la carte de l’extravagance dans son chapitre final, Glass Onion s’achève sans surprendre fondamentalement, la personne coupable devant faire face à ses actes odieux. Dans cette affaire, si Benoît Blanc pouvait gagner un Ipad pro, le grand gagnant de ce nouveau Cluedo grandeur nature est bel et bien son interprète, Daniel Craig, touchant la modique somme de 100 millions de dollars pour jouer dans ce film ainsi que le prochain épisode. Une générosité que Netflix peut se permettre allégrement, toujours adepte de l’optimisation fiscale – et c’est peut-être là que se joue la notion de crime !

Photos du film Copyright Netflix