Critique : Jack Mimoun et les secrets de Val Verde

Explorer le terrain du film d’aventure sous le sceau de la comédie n’est pas une mince affaire, la preuve avec Jack Mimoun et les secrets de Val Verde, long métrage touchant à la purge par son manque de rythme, tout comme d’idées, atteignant un stade ahurissant pour une telle production.

Sidération tropicale

Il pourrait y avoir un film fun, voire hilarant derrière les aventures de Jack Mimoun, joué par Malik Bentalha, co-réalisateur du film avec Ludovic Colbeau-Justin – Le Lion (2020) –, seulement le film ne montre aucun caractère, à l’image de ce Jack Mimoun terriblement interprété par Benthala, à la croisée d’un Indiana Jones ankylosé et du Hubert Bonissuer de La Bath sauce Hazanavicius, mais sous Valium. D’un bout à l’autre de cette triste comédie, ses répliques humoristiques tombent à l’eau. Le charisme ? Quasi inexistant. Même bien entouré, cet aventurier de pacotille qui a fait fortune sur un mensonge – et se retrouvant réellement sur la dangereuse île qui l’a rendu célèbre – ne provoque rien, si ce n’est un profond sentiment d’ennui. Son manager joué par Jérôme Commandeur occupe l’arrière-plan tandis que le mercenaire de François Damiens, fidèle aux traits d’un François l’embrouille, apporte un peu de couleurs malgré la monotonie de ses interventions. C’est la fille d’un aventurier disparu qui mène la barque, Aurélie Diaz, campée Joséphine Japy, un peu perdue au milieu de cette bande de lourdauds sans relief malgré des dialogues loin d’un niveau catastrophique. Et pour compléter cette équipée, Benoît Magimel en antagoniste poids plume rappellera à Jack Mimoun ce que c’est que d’être un aventurier, un vrai, face à chaque obstacle.

Coincés sur l’île de Val Verde, la bande se met en quête d’une épée légendaire, quête qui permettra évidemment de pousser Mimoun dans un récit initiatique balisé. Malgré un cadre et des décors appréciables, Jack Mimoun et les secrets de Val Verde s’enlise dans un univers trop pauvre en rebondissements, et dont la grande majorité des situations comiques n’aboutit pas, la faute à une mise en scène peu inspirée et un montage qui peine à trouver le rythme idéal pour rendre les éléments percutants. Il faut imaginer un film comme Le Monde (presque) perdu (2009) de Brad Siberling mais sans le talent comique explosif du duo Will Ferrell et Danny McBride pour tenir les murs – et sans dinosaure ! Au menu ici, mygales, champignons paralysants, trois tigres et une passerelle suspendue. Pas loin d’un Fort Boyard tropical dont le sablier se serait figé pour une heure et quarante-cinq minutes. Nouvelle antinomie du divertissement français, Jack Mimoun et les secrets de Val Verde nous plonge dans la plus grande sidération.

Photos du film Copyright Cody Mcfly