Critique : Nightmare Alley

Seconde adaptation du roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham, Nightmare Alley éloigne Guillermo Del Toro de son cinéma de créatures pour revenir à celui des esprits. Seulement, il s’agit ici d’une spiritualité de pacotille, une arnaque fructueuse fomentée par un Bradley Cooper épatant.

Bien mal acquis

Un homme quitte une maison qu’il incendie avant d’atterrir au milieu d’une troupe de forains. Stanton Carlisle (Bradley Cooper), un temps mutique, captive par son passé énigmatique mais aussi par son ambition : d’un simple coup de main, le voilà l’amant et nouveau collaborateur de Zeena (Toni Collette) la voyante, tandis que le mari, Pete (David Strathairn), alcoolique qui fut un temps un mentaliste doué et consciencieux, lui livre ses secrets. Au sein de cette troupe qui n’est pas sans rappeler Freaks (1932) de Todd Browning et autres Carnivàle (2003-2005) de Daniel Knauf, on croise la route de l’homme muscles Ron Perlman, l’impitoyable organisateur du « geek show » Willem Dafoe ou encore la séduisante femme électrique Rooney Mara. Par son atmosphère, ses décors et son casting, le nouveau long métrage de Guillermo Del Toro charme et captive par le dangereux numéro que met en place Carlisle, qui passe du mentalisme de foire à celui des représentations lors de dîners de gala, avant d’œuvrer pour une clientèle huppée et exigeante. Cette histoire qui se déroule dans les années 1940 illustre tout le mal qu’engendre l’avarice d’un homme exploitant les esprits dans tous les sens du terme. Ce personnage ambivalent, qui dégage une forme de bonhomie malgré ses méfaits, interroge plus sur la cupidité que les notions du bien et du mal : à plusieurs stades, Carlisle pourrait se satisfaire de ce qu’il a déjà, mais ses désirs de richesse l’emmène plus loin dans ses tromperies.

La rencontre avec la psychiatre Lilith Ritter, une Cate Blanchett fragile et mystérieuse, au cours d’une scène remarquable de tension et de cruauté, conduit Stanton à ne plus se produire pour exercer uniquement en privé. S’établit alors un intéressant parallèle entre le travail du faux mentaliste, qui cherche à tâtons les fêlures de ses cibles, et celui de la femme de science, qui révèle les fêlures au travers d’un questionnement précis. Les deux vivent grâce aux blessures des autres mais il n’y a qu’elle qui, censément, vise à panser les plaies. Face au très fortuné Ezra Grindle, un effrayant Richard Jenkins toujours accompagné par son fidèle garde du corps joué par Holt McCallany, Stanton Carlisle avance en terrain miné – mais tellement enrichissant. Le chapitre final abat ses terribles cartes, où Nightmare Alley dessine sa morale dans un maelström de violence et de déchéance. Bien que la direction finale surprenne peu, l’engagement absolu de Bradley Cooper apporte un éclat particulier à l’ensemble de ce thriller maîtrisé.

3.5 étoiles

 

Nightmare Alley

Film américain
Réalisateur : Guillermo Del Toro
Avec : Bradley Cooper, Rooney Mara, Cate Blanchett, Toni Colette, Willem Dafoe, Richard Jenkins, Ron Perlman, Mary Steenburgen, David Strathairn, Holt McCallany, Peter MacNeill
Scénario de : Guillermo Del Toro, Kim Morgan
Durée : 150 min
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie en France : 19 janvier 2022
Distributeur : The Walt Disney Company France

 

Photos Copyright Kerry Hayes/2021 20th Century Studios All Rights Reserved

Article rédigé par Dom

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