Les Arcs 2019 : palmarès et cinéma éco-responsable

Vendredi 20 décembre 2019 s’est achevée la 11ème édition des Arcs Film Festival. Retrouvez le palmarès commenté ainsi que les détails de la charte environnementale établie et signée par des producteurs européens afin de tendre vers des tournages plus respectueux pour l’environnement.

Palmarès des Arcs Film Festival 2019

Flèche de Cristal
Atlantis de Valentyn Vasyanovych

Grand Prix du jury
Rocks de Sarah Gavron

Prix d’interprétation
Nichola Burley et Roxanne Scrimshaw dans Lynn + Lucy de Fyzal Boulifa
Carice Van Houten dans Instinct d’Halina Reijn

Prix de la Meilleure musique originale
Kjartan Sveinsson pour Echo de Rúnar Rúnarsson

Prix de la Meilleure Photographie
Basil Da Cunha pour O fim do Mundo de Basil Da Cunha

Prix du public
Benni de Nora Fingscheidt

Prix de la Presse
Lara Jenkins de Jan-Ole Gerster

Prix Cineuropa
Instinct de Halina Reijn

Prix du jury Jeune
Instinct de Halina Reijn

Au micro, Andriy Rymaruk, avec à sa droite le réalisateur Valentyn Vasyanovych

Le jury long métrage présidé par Guillaume Nicloux a choisi de récompenser le film le plus éprouvant de la compétition, Atlantis, film ukrainien qui traite des traumatismes ainsi que des dégâts humains et environnementaux suite à un conflit armé avec la Russie, ici imaginaire mais qui reflète parfaitement la réalité. Avec les nombreuses problématiques sociales qui frappent notre pays depuis l’avènement d’Emmanuel Macron, nous avons tendance à regarder de moins en moins au-delà de nos frontières, à l’Est, là où la Russie impose ses règles et sa force sur des territoires pourtant indépendants. Récompenser ce film est une façon de déclarer que nous n’oublions pas les exactions qui perdurent, affectant des centaines de milliers de personnes sur notre continent. Sur scène, l’acteur principal Andriy Rymaruk nous apprend qu’il a participé à des combats armés et qu’il est heureux de pouvoir prendre de la main avec laquelle il tenait une arme la Flèche de Cristal. Vive émotion, qui rejoint celle déjà provoquée par une particularité rare de la soirée : aucun prix d’interprétation masculine n’aura été décerné, pour célébrer au final trois comédiennes. Il y a d’abord le prix d’interprétation collectif remis au duo de Lynn + Lucy, Nichola Burley et Roxanne Scrimshaw, seule comédienne présente à la cérémonie et saisie d’une émotion communicative, et un second prix d’interprétation remis à Carice Van Houten pour son rôle éprouvant et ambigu dans Instinct. Il faut dire que la compétition était dominé par des rôles féminins forts, mais peut-être que ce cas, exceptionnel aux Arcs, pourrait ouvrir la porte à une réflexion sur ce prix : doit-on systématiquement respecter la dichotomie homme/femme, et ne serait-il pas intéressant de récompenser deux interprétations, sans distinction de genre ? Le risque serait aussi d’éclipser les femmes dans une compétition avec des rôles masculins dominants, selon l’édition. Toujours est-il que cette décision du jury est à souligner. En décrochant aussi les Prix Cineuropa et celui du jury jeune, Instinct de Halina Reijn prend la position du film le plus récompensé cette année, suivi de près par l’œuvre d’une autre femme puisque Sarah Gavron, en plus d’être la lauréate du Prix femme de cinéma 2019, obtient le Grand Prix du jury pour son film social Rocks.

La cinéaste Houda Benyamina fait l’éloge des courts métrages découverts

Du côté de la compétition des courts métrages, le jury présidé par Houda Benyamina a récompensé du Grand Prix le film Beast d’Aasne Vaa Greibrokk. Une mention spéciale d’interprétation à été décernée à la comédienne Héloïse Valle pour son rôle dans Matriochkas de Bérangère McNeese tandis que le film All inclusive de Corina Schwingruber Ilic a reçu une mention spéciale – un film découvert à Clermont-Ferrand, décryptant le microcosme des passagers d’un paquebot de croisière avec pour seul outil, le plan fixe.

Tourner au vert

En cette année 2019, la première édition du Cinema Green Lab aura été l’occasion de voir et de débattre sur des films à portée écologique, de créer un nouveau prix, « Les Arcs Green Project » doté de 10.000€, mais aussi d’établir du côté des producteurs européens une charte verte avec un écolabel. L’European Producteurs Club (EPC), association de 120 producteurs indépendants européens, est à l’origine de cette charte qui invite à prendre des mesures concrètes pour réduire l’impact environnemental des productions audiovisuelles et cinématographiques. Créée avec la participation de Philip Gassman, expert en productions vertes, la charte propose diverses initiatives à plusieurs niveaux.
Elle invite notamment à identifier l’empreinte carbone d’une production, le changement des moyens de transport, l’emploi d’une énergie plus propre et de préférer les ressources locales. Dans les grandes lignes, la charte propose d’employer au moins un expert en écologie par département de production, un consultant vert, de calculer et suivre l’empreinte carbone de la production, de réduire les émissions de CO2 pour les transports, d’être plus éco-responsable dans l’emploi de l’électricité – emploi d’énergie renouvelable si cela est possible, limiter l’emploi de groupes électrogènes, favoriser des projecteurs LED –, de trier les déchets pour les recycler, de prendre en considération les aspects environnementaux d’un site de tournage, d’utiliser un maximum de ressources locales et enfin de prendre des mesures spécifiques à certains départements techniques, comme l’emploi de matières recyclables pour la création des décors, d’éviter le plastique dans le département costume et de privilégier les matières non nocives pour l’environnement dans les départements maquillage et coiffure.

Les premiers signataires de cette charte sont : Association Estatal de Cine, Tandem Films, Krakow Film Klaster, Pierpoline Films, Daniel Zuta Film Produktion, Macedonian Film Agency, Perfo Production, Superfilm, Kwaï, Morena films, Flare film, Panache productions, Društvo slovenskih producentov, Wanda Films, Rexinfilm, Starhaus Filmproduktion, la Terraza Films, MIR cinematografica, Krajowa Izba Producentow Audiowizualnych, Bonne Pioche, Kino Oko production, Impala, Topkapi Films, Pinball London, Quexit Films.

Les producteurs européens sont invités à signer et respecter cette charte qui fera l’objet d’un premier rapport en février 2020 lors de la Berlinale. Les signataires peuvent employer le logo ci-dessus afin de témoigner de leur démarche – reste à savoir comment démontrer que chaque projet respecte bel et bien la charte établie, consultable en anglais ici : EPC Charter on Green Production

Du côté du Sommet, l’Atelier sur l’impact environnemental des salles de cinéma n’a pas pu avoir lieu, mais une charte d’engagement vers des cinémas écoresponsables est en élaboration sous l’impulsion de l’association Objectif Ciné 64 depuis l’été 2019, charte dont le texte définitif devrait être révélé à l’été 2020 suite à un bilan des diagnostics des salles et la récolte des idées des spectateurs.

On conclue cette semaine de films, événements enneigés ou arrosés – parfois ensemble – en musique, avec ce morceau enregistré par La Chica dans l’igloo aux Arcs 2000 dans le cadre des Take away show de la Blogothèque.
Un grand merci à toutes les équipes du festival, Allociné, Nomade, Blue Efficience, et aux différents partenaires et acteurs de ce bel événement.

Article rédigé par Dom

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