Critique : X-Men Dark Phoenix

Quatrième et dernier opus de la saga X-men relancée par First Class en 2011, X-Men Dark Phoenix vient clore une série de films sans véritable envergure, à l’exception probablement du second épisode, Days of future past. Longuement repoussé, cet ultime volet avant que l’empire Disney se penche sur l’avenir des ces autres personnages issus de l’esprit de Stan Lee et Jack Kirby ne se positionne pas comme l’accident industriel que l’on pouvait attendre. Pas de quoi se réjouir toutefois, et encore moins de jouir avec une mise en scène aussi brouillonne : plongeons dans les entrailles de cet étrange phénix.

Des cendres aux cendres

Sans faire l’historique complet de la genèse de X-Men : Dark Phoenix, on peut dire que ce blockbuster de la Fox, nouvelle acquisition de Disney, aura connu un destin mouvementé. Repoussé à l’origine pour permettre de maximiser ses recettes avec le marché chinois ultra réceptif avec la bande annonce, marché très régulé en matière de films étrangers, le premier long métrage réalisé par Simon Kinberg, plus connu avant pour son travail de scénariste et de producteur, est aussi passé par une phase conséquente de reshoots, et ce, dans le but de modifier la fin du film et de corriger le traitement de certains arcs narratifs. Lors de sa mise en chantier, on peut supposer que cet épisode ne constituait qu’un élément supplémentaire du retour aux origines des X-men. Nous pouvons aussi supposer que Disney va s’atteler à une mise en chantier d’un reboot qui pourrait permettre des ponts entre les personnages de l’univers Marvel avec ceux de l’univers X-men. Toujours plus, toujours plus nombreux, toujours plus de recettes pour une production standardisée et parfaitement contrôlée. Mais revenons à notre Phoenix, surnom de Jean Grey (Sophie Turner), personnage principal de X-men : Dark Phoenix, héritant de ce sobriquet suite à une mission de sauvetage dans l’espace où la jeune femme manque de perdre la vie en absorbant une force cosmique. Une séquence de mise en bouche assez impressionnante, où l’on peut relever déjà de belles choses comme la bande originale signée Hans Zimmer, se démarquant aisément des calvaires musicaux de nombreux blockbusters actuels. Qu’il est bon d’entrer dans un univers sonore travaillé – on reconnaît évidemment la patte Zimmer –, où des thèmes se développent, évoluent et rythment le film : des éléments qui donnent du cachet aux images et aux personnages. Des éléments si souvent délaissés désormais. Autre bon point, pour cette dernière sortie, Raven (Jennifer Lawrence) affiche enfin un visage convaincant, loin du côté carnavalesque qu’elle possédait jusqu’à présent. De façon générale, on sent le labeur derrière cet épisode qui, rapidement, fait apparaître ses faiblesses et lacunes.

De retour sur Terre, Phoenix, hantée par son passé, va déployer une rage destructrice, replaçant les X-men fraîchement félicités par le gouvernement américain sur le banc des parias dont il faut se débarrasser. Des entités extraterrestres, volant l’apparence d’humains, vont partir à la recherche de Jean Grey. A leur tête, une énigmatique femme interprétée par Jessica Chastain, gonflant son C.V. avec cette première participation à un film de super-héros dans un rôle certes secondaire mais marquant par son aura. Donnée importante et négligée au cours de la saga, la capacité des comédiens à rendre convaincants ces personnages extraordinaires. Si Evan Peters aura brillé en Quicksilver, tout comme James McAvoy en professeur Charles Xavier, on ne pourra pas en dire autant pour Alexandra Shipp (Storm) ou encore Kodi Smith-McPhee (Nightcrawler). Il n’est pas uniquement question de talent, ni de charisme, une multitude de paramètres entre en ligne de compte pour donner de la crédibilité à ces êtres, des costumes aux VFX, et X-men aura été cette énorme marmite brassant absolument tout et n’importe quoi, jusqu’à parfois prendre les traits d’un défilé kitsch dans certains épisodes comme First Class et Apocalypse. Si Sophie Turner déploie un certain charisme, la comédienne manque de donner la profondeur nécessaire à ce personnage clé ici, et c’est plus en s’appuyant sur des acteurs comme Michael Fassbender ou Jessica Chastain que son jeu trouve la couleur idéale.

Plus sombre par son cadre, plus engageant par son aspect intimiste qui contraste avec les soifs de domination ou de destruction planétaire, X-men : Dark Phoenix expose un déséquilibre entre ses enjeux principaux et sa galerie de personnages gravitant autour de Jean Grey. Si les effets spéciaux séduisent souvent, par leur singularité plus que par leur valeur technique, le film tombe dans les travers désagréables de la shakycam pour ses quelques séquences d’action, où l’on trouve pourtant parfois quelques plans impressionnants. C’est aussi une des problématiques de ces longs métrages conçus comme de purs produits marchands et non dans le but d’aboutir à un objet artistique, une œuvre. Un manque de vision ou bien au contraire, une vision artistique lissée à l’extrême : le projet est de séduire la masse et non des niches parmi les spectateurs potentiels. Si l’on peut traverser ce quatrième épisode en trouvant certaines sources de plaisir, notamment grâce à Hans Zimmer, une direction artistique qui semble plus mature et maîtrisée, on ressort de ce film sans avoir eu l’impression d’avoir atteint la fin d’une épopée. Un de plus dans la liste. Un de plus dans cette salve de longs métrages plus ou moins inconséquents, mais qui, à coup sûr, tomberont dans l’oubli et la désuétude. D’ici 30 ans, après encore tant de reboots et de films formatés par le moule de Disney, que restera-t-il des aventures actuelles de Magnéto, Raven, Cyclope et compagnie ? Des cendres mémorielles, et encore.

2.5 étoiles

 

X-Men Dark Phoenix

Film américain
Réalisateur : Simon Kinberg
Avec : Sophie Turner, James McAvoy, Jessica Chastain, Jennifer Lawrence, Michael Fassbender, Nicholas Hoult, Tye Sheridan, Alexandra Shipp, Evan Peters, Kodi Smit-McPhee
Scénario de : Simon Kinberg, John Byrne, Chris Claremont et Dave Cockrum, d’après les comic books créés par Stan Lee et Jack Kirby
Durée : 103 min
Genre : Action, Science-fiction, Aventure
Date de sortie en France : 5 juin 2019
Distributeur : Twentieth Century Fox

 

Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. Un divertissement efficace mais qui est incohérent avec la saga, notamment ce film détruit tout bonnement les liens avec la trilogie originelle (début 2000).

  2. Pingback :Critique : The Killer - Silence... Action !

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