Critique : C’est ça l’amour

Doublement sacré lors des Arcs Film Festival en décembre 2018, avec la récompense suprême, la Flèche de Cristal et le prix d’interprétation masculine pour Bouli Lanners, C’est ça l’amour nous conduit à Forbach, dans une famille déstabilisée par le départ de la mère.

L’amour en fuite

Mario (Bouli Lanners) se retrouve soudain seul avec ses deux filles, Niki (Sarah Henochsberg), pas loin de quitter le nid, et Frida (Justine Lacroix) qui, du haut de ses 14 ans, va affronter les premières désillusions sentimentales. Désillusions qui frappent aussi de plein fouet Mario, toujours attachée à Armelle (Cécile Rémy-Boutang), sa femme, au point d’aller s’inscrire à un spectacle théâtral mettant en scène des habitants de leur ville, Forbach, en sachant pertinemment que la mère de ses filles travaille sur l’éclairage de la scène ! Un peu tête en l’air et capable d’emportement, Mario travaille dans l’administration et se montre passionné par la culture, l’opéra, la danse, les expositions, tout un univers qu’il partage avec ses filles. C’est ça l’amour s’inscrit dans la veine du cinéma naturaliste, tourné tout en caméra épaule, mélangeant professionnels et amateurs face à l’objectif. C’est le cas des deux filles – tout comme Cécile Rémy-Boutang, productrice –, que la réalisatrice Claire Burger a invité à partager plusieurs jours en compagnie de Bouli Lanners, pour briser la glace et créer du lien avant d’être sur le plateau de cette chronique profondément intimiste, allant de la libération du chagrin par l’art, le droit à une nouvelle aventure sentimentale après avoir fondé une famille, les maux des premières déceptions amoureuses et l’éveil sexuel, élément vertigineux pour tout parent. De la cohésion et ce sentiment de vérité, Claire Burger les obtiennent parfaitement, grâce à ses comédiens ainsi qu’une écriture appliquée, au service des sentiments et désirs des personnages, amenés à se blesser pour mieux se réconforter : quelque part, c’est ça l’amour, un tourbillon d’émotions ouvrant sur des débordements et remises en question.

Par petites touches, au fil des jours qui s’écoulent en compagnie de ces trois personnages qui ne peuvent plus graviter autour de l’astre maternel, à la fois disponible et cruellement absent, C’est ça l’amour gagne en intensité émotionnelle. Entre le chagrin et la tendresse, pôles entre lesquelles navigue aisément Claire Burger, Bouli Lanners compose un touchant rôle de père de famille, simple et singulier, grâce à de petits détails, des geste parfois hors du commun – comme la gestion d’une situation de crise sur son lieu de travail – étoffant le portrait brossé avec un regard particulièrement sensible et humaniste. Et c’est cette alliance de sensibilité, dénuée de toute mièvrerie, avec une empathie profonde pour ces gens normaux de tous les horizons – comme ceux composant le spectacle auquel Mario participe – qui font la force du cinéma de Claire Burger. Il y a aussi une façon de vaincre les obstacles porteuse de lumière et d’espoir : C’est ça l’amour a pour source un délitement familial mais on imagine à aucun instant le film basculer dans une dimension où régnerait l’affliction. Il y a même une magnifique libération au bout de ce film, dans deux séquences brillantes, et toujours sans effet ostentatoire ou démonstratif : une vraie confiance dans la primauté des sentiments et du partage filial. Magnifique.

4 étoiles

 

C’est ça l’amour

Film français
Réalisatrice : Claire Burger
Avec : Bouli Lanners, Justine Lacroix, Sarah Henochsberg, Cécile Rémy-Boutang, Antonia Buresi, Célia Mayer, Lorenzo Demanget
Scénario de : Claire Burger
Durée : 98 min
Genre : Drame
Date de sortie en France : 27 mars 2019
Distributeur : Mars Film

 

Article rédigé par Dom

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