Critique : RBG

Méconnue en France, Ruth Bader Ginsburg, dites RBG ou Notorious RBG est une véritable icône aux États-Unis. Ce documentaire de Julie Cohen et Betsy West retrace le parcours de cette avocate, juge à la Cour suprême des Etats-Unis depuis 1993. Une leçon de témérité, au nom de la justice et de l’égalité entre les sexes.

Super-héroïne de chair et de loi

Aussi connue que les rock stars et plus grands rappeurs – elle a d’ailleurs hérité d’un surnom en référence à Notorious B.I.G. –, Ruth Bader Ginsburg a transformé la vie des américaines tout au long de sa carrière, de ses premières affaires en tant qu’avocate jusqu’à son éminente position de juge à la Court Suprême où elle fut nommée en 1993 par le président Bill Clinton. Aujourd’hui, à 85 ans, RBG est toujours en activité, et étonne par sa condition physique qu’elle entretient avec un coach. Ce portrait qui trouve l’équilibre parfait entre la vie privée et professionnelle de la femme de loi retrace son parcours, marqué par un engagement total sans renier sa vie de famille : mère assez jeune, elle fait partie des neufs premières femmes à intégrer la Faculté de droit de Harvard, s’occupe d’une enfant de deux ans tandis que son mari lutte contre le cancer. Le sommeil ? Deux heures par nuit et des week-ends à combler le manque. Au travers de photos et images d’archive, de témoignages de collègues et amies ainsi que ses propres mots, ce documentaire souligne l’importance de la Constitution américaine, notamment du 14ème amendement souvent bafoué sur des critères de sexe ou de race. Féministe, progressiste, Ruth Bader Ginsburg concentre ses efforts dans des raisonnements simples, réfléchis, ne laissant aucune place à l’emportement ou la colère. Un modèle de sagesse, admirée et soutenue par ses proches, dont son défunt mari, Marty, qui l’a aussi aidée grâce à son humour en public pour démonter les clichés sur la place de la femme dans la société.

S’appuyant sur quelques affaires clés dans la carrière de RBG, le film de Julie Cohen et Betsy West nous fait découvrir une femme profondément inspirante, par son dévouement à la justice et ses actions pour construire une société fondamentalement meilleure. Ce fut la deuxième femme à rejoindre la Court Suprême, et elle est aujourd’hui la seule aux côtés de huit hommes. Il y a aussi une véritable leçon politique et stratégique qui se dessine dans son parcours, notamment sur sa façon de suivre ou de s’opposer à une majorité, de ne pas fermer la porte à une profonde amitié avec un juge pourtant aux idées diamétralement opposées comme avec le conservateur Antonin Scalia, avec lequel elle partageait une passion pour l’opéra. Alors que le renouveau et l’espoir incarnés par Barack Obama se sont substitués à un nouveau monstre aux méthodes inédites, Donald Trump, il est bon de savoir qu’il y a encore de puissantes femmes comme RBG qui ne sont pas prêtes de rendre les armes face à la discrimination, la misogynie et toute forme d’injustice. RBG : super-héroïne de chair et de loi.

Disponible en VOD et en DVD depuis le 19 février 2019, l’édition sur disque propose deux pistes audio en Dolby Digital 5.1, en anglais et en français. Dans la section bonus on trouve une interview de 7 minutes de la réalisatrice Julie Cohen lors de son passage au Festival du film américain de Deauville en 2018 et une interview de 4 min de Zabou Breitman, qui double RBG pour la version française du film.
A noter que RBG a aussi fait l’objet d’un biopic avec Une femme d’exception de Mimi Leder, sorti en salle le 2 janvier 2019. Felicity Jones y campe la femme de loi alors encore avocate.