Critique : Mission Impossible Fallout

Trois ans après l’excellent Mission Impossible – Rogue Nation, Ethan Hunt est de retour avec, une fois n’est pas coutume, le même réalisateur aux commandes du nouvel opus : Christopher McQuarrie. S’inscrivant directement dans la lignée du précédent film, Mission Impossible – Fallout montre un Tom Cruise toujours aussi casse-cou mais dans une œuvre tristement laborieuse et prévisible.

Chute libre

Hanté par son éloignement avec sa compagne, Julia (Michelle Monaghan), l’agent du IMF Ethan Hunt (Tom Cruise) va commettre une erreur lors d’une opération tournant mal. Pris dans une embuscade, il préfère sauver un membre de son équipe au lieu d’assurer que du plutonium ne tombe pas entre de mauvaises mains. Les Apôtres, une nouvelle organisation terroriste, avec à leur tête un mystérieux John Lark dont personne ne connaît la véritable identité, pourrait mener le monde au chaos le plus total en lâchant jusqu’à trois bombes nucléaires sur différents sites. Pour récupérer le plutonium, Hunt est envoyé à Paris mais accompagné par un membre des forces spéciales, August Walker, joué par un Henry Cavill relativement ridicule lorsqu’il ne faut pas jouer des gros bras. Quelque part, son personnage limite le réalisme impressionnant de certaines scènes, comme le parachutage nocturne au-dessus de la capitale pour infiltrer une soirée se déroulant au Grand Palais. Personnage qui symbolise parfaitement le manque de recul de Christopher McQuarrie pour la composition de ce nouvel épisode qui s’embourbe dans une logique de trahisons alambiquée sans jamais générer de suspense : ici, le spectateur a toujours deux coups d’avance sur le film, dont les « rebondissements » tombent systématiquement à l’eau. Où est passée la maestria de Rogue Nation, qui déployait des touches sublimes du style propre à Brian De Palma, tout en concoctant des scènes d’actions époustouflantes – cette scène d’ouverture où Tom Cruise est accroché à un avion lors de son décollage ? Si l’excellent personnage de Rebecca Ferguson, Ilsa Faust du MI6, est de retour, elle est cette fois relayée au second plan tandis que les scènes d’infiltrations se sont réduites à entrer dans une soirée avec un bracelet VIP.

Sans être chauvin – nous sommes déjà champions du monde -, nous attendions impatiemment de découvrir les scènes tournées à Paris, l’équipe s’étant installée plusieurs semaines dans la capitale l’été dernier. La scène la plus marquante et musclée se déroule hélas au cœur des toilettes pour une baston à six mains véritablement dantesque. L’attaque d’un convoi policier transportant Solomon Lane (Sean Harris), bad guy qui marque aussi son retour, relève de l’anecdote tandis que le numéro à moto tourne à la balade à grande vitesse dans un Paris de carte postale. Ce qui aurait pu être un moment clé de la franchise et devenir une scène culte, autour de l’Arc de Triomphe, manque le coche, la faute à des cadrages et un montage loin d’être judicieux – d’un autre côté, comment composer une séquence forte lorsque l’on dispose seulement de deux heures de blocage de la place de l’Etoile ? Favorisant le versant émotionnel sans jamais parvenir à toucher, McQuarrie a multiplié les nouveaux personnages inconséquents, d’August Walker donc, à la clique de la Veuve blanche (Vanessa Kirby) en passant par la directrice de la CIA, Erica Sloane (Angela Bassett). Il faut attendre le dernier acte du film, qui se déroule dans la région du Cachemire, pour en prendre plein la vue, lorsque les enjeux deviennent enfin directs et qu’une double confrontation se déroule, dans un chalet et dans les airs avec une poursuite en hélicoptère qui finira par dépasser les lois de la logique mais pour notre plus grand plaisir. C’est dans cette séquence ahurissante que McQuarrie reprend de l’assurance tandis que Tom Cruise, d’abord suspendu à une corde, puis prouvant ses talents de pilote, démontre encore une fois son statut de star de cinéma d’action.

Parmi les autres aspects négatifs, on peut aussi évoquer la musique composée par Lorne Balfe, lorgnant souvent et péniblement du côté de Hans Zimmer – avec lequel il avait travaillé sur Inception – ainsi qu’une photographie impersonnelle de Rob Hardy – et que dire de ce nombre incalculable de gros plans flous sur les comédiens ? Finalement, Mission Impossible Fallout s’apparente en plusieurs points à 007 Spectre, le retour d’un réalisateur/scénariste suite à un triomphe pour livrer un étrange échec. Le James Bond s’ouvrait sur une scène incroyable au Mexique pour s’effondrer au fil de son histoire tandis qu’ici, le souffle épique se trouve dans le dernier segment. Différencions toutefois la fainéantise de Daniel Craig de l’engagement total de Tom Cruise dans leurs rôles respectifs. Il y a également deux scènes qui surprennent dans leur rapport au terrorisme, et plus particulièrement les attentats ayant touché la France avec ceux de Charlie Hebdo. A deux reprises, un policier blessé, à terre, est en passe d’être abattu froidement. Des images qui font directement écho à une horrible réalité. Lorsque la scène se présente une seconde fois, la policière, jouée par Alix Bénézech, est sauvée in extremis par Ethan Hunt. Que représente cette scène ? L’appropriation d’un traumatisme français par le cinéma américain ou la démonstration qu’il n’y a qu’Ethan Hunt, et par extension, les Etats-unis, pour nous prévenir d’actes atroces ? Seul McQuarrie pourrait nous éclairer sur cet élément, mais une chose est certaine, il doit passer le flambeau pour que les potentielles prochaines aventures d’Ethan Hunt retrouvent ce savoureux cocktail de suspense et d’action de haut niveau.

2 étoiles

 

Mission Impossible – Fallout

Film américain
Réalisateur : Christopher McQuarrie
Avec : Tom Cruise, Henry Cavill, Ving Rhames, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Sean Harris, Alec Baldwin, Angela Bassett, Vanessa Kirby, Michelle Monaghan, Wes Bentley, Kristoffer Jone, Alix Bénézech
Scénario de : Christopher McQuarrie, d’après des personnages créés par Bruce Geller
Durée : 2h27
Genre : Action, Thriller, Aventure
Date de sortie en France : 1er août 2018
Distributeur : Paramount Pictures France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

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