Premier long métrage de Loïc Paillard, Les Etoiles restantes est une œuvre indépendante qui est parvenue à trouver le chemin des salles, ce qui tient presque de l’exploit aujourd’hui et donne déjà une bonne raison de découvrir et soutenir cette comédie dramatique qui touche par sa sincérité et sa philosophie de vie.
Profession trentenaire
Sans répondre à la codification du film choral, Les Etoiles restantes s’inscrit quelque peu dans cette mouvance par les liens qui vont se tisser entre ses personnages. Alexandre (Benoît Chauvin) est un trentenaire un peu paumé. Largué depuis peu par sa petite amie, il part en quête d’un boulot avec ses diplômes sous le bras tandis que son père, Patrick (Jean Fornerod), unique parent vivant, se bat contre le cancer. Son colocataire Loris (Sylvain Mossot) mène une vie de reclus, entre méditation et délires de la fumette, en quête de la bonne parole pour l’œuvre qui changera sa vie, l’écriture d’une méthodologie pour… réussir sa vie. Trentenaire, une profession presque à part entière dans une société où la réussite professionnelle et sentimentale sont devenus des objectifs qui peuvent tenir du mythe. Au détour d’un rayon de supermarché, Alexandre rencontre la pétillante et caustique Manon (Camille Claris), et si le charme opère dans un sens, toute liaison semble impossible par un rancard foiré impérialement par notre protagoniste. La force du premier film de Loïc Paillard repose avant tout sur deux éléments : sa bande de comédiens absolument parfaite, héritant chacun de personnage qui ont un esprit, du répondant, une voix particulière. Voix particulière, ou plus précisément sincère, l’autre élément clé, qui caractérise aussi les échanges entre ces personnages qui s’affirment dans leurs choix : celui de s’accrocher à une idée, d’accepter sa mort, de se tourner vers un nouveau départ.
Avec une mise en scène qui se porte avant tout sur la valorisation des personnages et donc des comédiens, c’est probablement sur la photographie que Les Etoiles restantes expose ses limites mais sans afficher la moindre forme de négligence ou de dédain pour l’esthétique. Décalé et délirant à chaque apparition de Loris, le film trouve d’autres contrastes avec le quotidien d’Alexandre filmé à hauteur d’homme lors de véritables envolées poétiques. Le charme de cette comédie dramatique tient aussi dans ce récit mené sans souci de standardisation à un genre, de cette liberté artistique – avec des moyens techniques limités – où l’on ne ressent aucune entrave ni compromis. Maniant l’émotion sans lourdeur ni pathos, et l’humour – situationnel ou dialogué – sans puérilité, Loïc Paillard livre une œuvre dotée d’une vraie forme de maturité, qui manque d’ailleurs à certains cinéastes plus confirmés, où les prémices d’une belle histoire finissent par s’évanouir dans une suite de choix hasardeux ou tout simplement par manque de caractère. Les Etoiles restantes connaît parfaitement sa trajectoire parmi une constellation de comédie dramatiques souvent convenues : plus petite mais plus scintillante que d’autres, cette étoile n’attend que de nouveaux spectateurs pour alimenter sa belle énergie.
Les Etoiles restantes
Film français
Réalisateur : Loïc Paillard
Avec : Benoît Chauvin, Camille Claris, Sylvain Mossot, Jean Fornerod, Zack Zublena
Scénario de : Loïc Paillard
Durée : 80 min
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie en France : 7 mars 2018
Distributeur : Filmarium distribution / Tprod distribution
Bande Annonce :
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