Critique : T2 Trainspotting

Vingt ans après le culte Trainspotting, la bande d’Edimbourg revient avec des regrets dans les poches, de la rancoeur mais aussi l’envie de réussir un gros coup. Alors que Danny Boyle n’a rien offert d’intéressant depuis 127 heures, cette réunion permet au cinéaste britannique de redorer son blason.

Réunion nostalgique

Ils étaient jeunes et cool car ils avaient décidé de ne pas subir le diktat du monde capitaliste, ils avaient choisi l’éclate, les conneries et l’héroïne. C’était en 1996 que Renton et ses potes courraient dans les rues d’Edimbourg accompagnés par la voix d’Iggy Pop. Trainspotting, film culte par son esprit, son univers et ses personnages, nous a probablement sauvé de l’héroïne, nous qui étions adolescent à l’époque. C’est peut-être l’un des films les plus représentatifs des dégâts que cause une drogue dure telle que l’héroïne, et ce, au travers d’une histoire qui n’a rien de moralisatrice, au contraire, c’est plus un vent de folle liberté qui caractérise la trajectoire de ces jeunes écossais. Si déjà, le premier film s’écartait de certains traits (géniaux) du livre éponyme d’Irvine Welsh, ce T2 Trainspotting ne reprend que certains éléments structurels de Porno, la suite du premier récit, publié en 2002. C’est un peu regrettable, mais pourtant, cette suite ne manque pas de séduire bien qu’elle s’attarde à draguer de nouveaux spectateurs en resituant tout le contexte ainsi que les rapports entre les personnages.

Renton (Ewan McGregor) revient à Edimbourg après sa fuite, qui aura laissé sur le carreau Simon « Sick Boy » (Jonny Lee Miller) et l’incontrôlable Begbie (Robert Carlyle) en prison, tandis que Spud (Ewen Bremner) toucha sa part du gâteau dans la plus grande discrétion. Alors que Begbie s’échappe de taule avec un style unique, Renton retrouve Simon qui extorque des personnalités grâce à des vidéos compromettantes tournées avec sa copine Veronika (Anjela Nedyalkova). Amer, Sick Boy entend exploiter les cendres de son amitié avec Renton pour faire de son pub un bordel. Spud, le plus marqué par les dégâts de la drogue, cherche la rédemption, et le fin trio se retrouve réuni, réuni pour rendre hommage à un disparu – Tommy –, à leur jeunesse disparue, réuni pour tenter un nouveau coup, toucher un pactole pour s’affranchir d’une vie standardisée, « choisissez la vie » – nouveau monologue encore plus fort de la part de Renton, témoignant du malaise de l’époque actuelle. T2 Trainspotting est un voyage à bord du train de la nostalgie, les images de jeunesse et références au premier opus se multiplient sans tomber dans la contemplation béate ni la mélancolie facile. Toujours aussi décomplexé, Danny Boyle expérimente dans les prises de vue, que ce soit par l’utilisation de petites caméras ou bien de sacrés choix de cadrages, capables d’enfermer un personnage entre deux barres d’immeuble ou, au contraire, de faire tomber la cloison de deux WC. La bande originale joue aussi sur un versant nostalgique, notamment avec le remix par Prodigy du Lust for life d’Iggy Pop ou bien une version fantomatique du Slow Slippy d’Underworld, mais le film atteint peut-être ses sommets dans l’allégresse d’un Radio Ga Ga de Queen ou de l’utilisation comique de Relax de Frankie Goes to Hollywood pour une confrontation inévitable.

Alors que Begbie n’est animé que par l’envie de se venger de Renton, ce dernier fait tout pour permettre au projet de Sick Boy de voir le jour tandis qu’une attraction mutuelle semble naître avec Veronika. Rythmé, dynamique et parfois très stimulant par sa créativité en matière de mise en scène, T2 Trainspotting retombe quelque peu dans son ultime segment. En sortant la carte de « l’histoire se répète », le nouveau Boyle scénarisé par John Hodge manque alors d’ambition. Cela n’entache pas cette belle réunion sous le sceau de la nostalgie, qui donne envie de reprendre des nouvelles du gang dans vingt ans, de quoi voir défiler un beau paquet de trains d’ici là.

3.5 étoiles

 

T2 Trainspotting

Film britannique
Réalisateur : Danny Boyle
Avec : Ewan McGregor, Jonny Lee Miller, Anjela Nedyalkova, Ewen Bremner, Robert Carlyle, Kelly Macdonald
Scénario de : John Hodge, d’après un roman d’Irvine Welsh
Durée : 117 min
Genre : comédie dramatique
Date de sortie en France : 1 mars 2017
Distributeur : Sony Pictures Releasing France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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