Critique : Grimsby – Agent trop spécial

Sacha Baron Cohen campe un nouveau stéréotype, celui du prolo anglais accro au football, personnage qui sera plongé par le biais de son frère dans la mécanique d’un film d’action/espionnage. Ce long métrage est signé Louis Leterrier, et malgré quelques rires gras, c’est un beau raté.

Agent lourdingue

On peut supposer que Sacha Baron Cohen a fait appel à Louis Leterrier pour son expérience en matière de séquences d’action. Seul hic, ces dernières s’avèrent totalement inefficaces, que ce soit par un angle classique ou bien cette vision subjective via la lentille de Sebastian (Mark Strong) ou de Nobby (Sacha Baron Cohen) : la vision, déformée avec un habillage d’informations inutiles, fait penser à un dérivé foireux du clip Smack my bitch up de Prodigy. Et il faut se farcir ce type de séquences un peu partout au long de ce film pourtant court – 83 mn, générique inclus. L’histoire se résume à deux frangins séparés à l’enfance, Nobby et Sebastian, pourtant inséparables et ne jurant que par le football. Nobby n’a pas bougé de Grimsby, leur ville natale, père d’une famille de neuf enfants aux noms farfelus. Sebastian quant à lui est devenu agent secret, et lors d’une opération, ce dernier manque sa cible par la faute de Nobby. Désormais traqué par son agence, il va devoir collaborer avec son frère afin d’éviter une catastrophe mondiale. Un coup classique qui conduira les deux hommes à voyager jusqu’au Chili en passant par l’Afrique.

Si en matière d’action, Grimsby – Agent trop spécial manque complètement sa cible, le versant comique peine à satisfaire également. Il y a certes quelques scènes qui parviennent à leur fin, du moins si les sketchs et blagues sous la ceinture vous interpellent – et plus précisément autour de la sphère anale et phallique. C’est lourd, et les vannes de fin de séquences tombent souvent à l’eau : il y a un vrai problème de rythme humoristique et on ressent que la collaboration entre Sacha Baron Cohen – dont trois de ses précédents films furent réalisés par Larry Charles, Borat, Brüno et The Dictator – et Louis Leterrier n’a mené à aucune synergie. En résulte un film plus gênant que drôle, qui semble avoir été brodé autour de quelques scènes clés. A l’instar d’un Zoolander 2, la débilité, trop calculée ou, au contraire, sans retenue aucune, n’amuse pas vraiment : l’addition est plus navrante que plaisante.