Test Blu-ray : Out 1

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Fiche Technique :

Out 1 : Noli me tangere (1970) réalisé par Jacques Rivette, Suzanne Schiffman
Avec : Juliet Berto, Michèle Moretti, Jean-Pierre Léaud, Michael Lonsdale, Bernadette Lafont, Bulle Ogier
Durée : 775 mn
Genre : Drame
Blu-ray testé : Edition française – Région B
Pistes Audio : Français PCM 1.0, Audiodescription Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Français sourds et malentendants, Anglais
Format d’image : 1.37:1
Codec : MPEG-4 AVC
Résolution : 1080p
Editeur : Carlotta Films

 

Synopsis :

Pendant que deux troupes de théâtre répètent une tragédie grecque, un jeune homme trouve de mystérieux indices inspirés de Balzac prouvant l’existence d’une société secrète.

Le film :

Attention, morceau phénoménal de cinéma : le film dure 775 mn, douze heures et cinquante-cinq minutes. Certes, le film est scindé en huit épisodes, chacun d’une durée moyenne de 90 minutes, mais le découpage ne représente peu voire rien dans le récit, créant simplement des espaces de respiration pour les spectateurs. Jacques Rivette, le réalisateur, considère d’ailleurs que la meilleure méthode de regarder son film est de répartir le visionnage sur deux jours. Tourné principalement à Paris en 1970, le film est devenu culte par sa longueur mais aussi sa rareté, les projections se comptant sur les doigts de la main. Il existe une version courte et alternative, baptisée Out 1 : Spectre, affichant toute de même 264 minutes au compteur, également présente dans cette édition proposée par Carlotta Films.

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Le premier épisode nous présente quatre axes pour le récit. Il y a deux troupes de théâtres, l’une, menée par Lili (Michèle Moretti), développant des exercices autour de la pièce Les Sept contre Thèbes, l’autre, menée par Thomas (Michael Lonsdale), abordant Prométhée enchainé. Et puis, deux figures solitaires, Colin (Jean-Pierre Léaud), un sourd-muet dont le quotidien n’est que vente forcée de messages du destin dans les cafés, et Frédérique (Juliet Berto), une voleuse qui possède plus d’un tour dans son sac pour escroquer les clients de café. Si l’on se doute bien que les frontières entre ces personnages deviendront de plus en plus poreuses, il faut avertir le cinéphile courageux que les deux premiers films sont presque une épreuve physique. Les scènes de théâtre expérimental sont filmées dans leur intégralité, et pour peu que l’on soit insensible aux exercices de la troupe de Thomas avant tout, les séquences se montrent interminables. Il faut dire que Out 1  – à prononcer Out un, comme le souhaite Jacques Rivette – joue aussi la carte des séquences longues, principalement tournées à l’épaule avec une caméra 16 mm permettant des prises de onze minutes, parfois sans aucune coupe. Cela confère un aspect documentaire au film aussi, comme si l’on suivait le quotidien de deux troupes en répétitions, et tout en saisissant le Paris de 1970 avec les deux autres personnages arpentant cafés et bistrots. Mais le film ira plus loin, dans le travail sur la fiction et la réflexion sur la fiction, tout en plaçant l’acteur comme la pièce centrale du dispositif. La plupart des scènes sont improvisées, les acteurs sont les maîtres de leur personnage et donc du fil même du récit, le scénario n’excédant pas les deux pages. Cela crée tout au long de ces épisodes autant de moments géniaux que d’instants de flottement et d’hésitation, mais ainsi découle aussi cette sensation d’assister à des instantanés d’une pureté absolue.

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L’évolution du film passe par une évolution de la mise en scène, des couleurs à l’image, et même des traits des personnages, qu’il s’agisse de Colin, soudain enquêtant sur une société secrète sur le principe de L’Histoire des treize de Balzac que de Frédérique, le personnage le plus fascinant de cette œuvre, qui, en volant des lettres, s’engouffre dans une histoire qui la dépassera. L’apparition d’une boutique, L’angle du hasard, et donc de nouveaux personnages, tisse alors des intrigues qui détourneront de plus en plus le film des exercices de théâtre, de plus en plus brefs mais aussi de plus en plus séduisants, enfantins, notamment par l’analyse à laquelle procède les comédiens systématiquement. En son cœur, Out 1 s’avère grisant, lorsqu’il a défié les lois communes de la durée d’un film pour offrir à ses acteur (et au spectateur) un véritable terrain de jeu et de créativité, entre ludisme et réflexion philosophique. Hélas, les deux derniers épisodes plongent dans une dilatation du récit renouant avec l’austérité des premiers pas. La concentration sur les maigres mystères déçoit alors que l’improvisation trouve ses limites, donnant lieu à des échanges artificiels, sans grande portée. Pas d’illumination au bout de ce voyage où l’on peut croiser Eric Rohmer et Barbet Schroeder. mais Out 1 reste bel et bien une expérience de cinéma unique, ondoyante et osée.

Bande annonce :

 

Le Blu-ray

– Image :

Restauré en 2K, le 16 mm de Out 1 montre toute sa splendeur en terme de colorimétrie et de piqué. Aucune rayure ni artefact ne s’invite dans l’aventure, seul le poil caméra est resté présent : un choix permettant de préserver le grain et de ne pas sombrer dans les dérives de certaines restaurations numériques. Un vrai régal que de suivre ces troupes avec ce grain et de découvrir le Paris post-mai 68 ainsi. Sur quelques extérieurs, on notera du fourmillement, mais le phénomène reste très rare.

– Son :

Seule la piste en VO est testée.
La piste mono, en PCM, se montre des plus satisfaisantes. Certes, certains dialogues sont parfois difficilement intelligibles, notamment dans le premier épisode, mais cela tient de la prise de son et non de cette piste. Le film ne possède aucune musique extradiégétique et l’ambiance sonore se limite à celle des rues et café, l’harmonica de Colin et les percussions sur bande magnétique de la troupe de Lili. Le dynamisme s’avère quelque peu limité et un très léger souffle persiste sur certaines scènes. A noter la présence d’une piste en Audiodescription et des sous-titres destinés aux sourds et malentendants.

– Bonus :

– « Les mystères de Paris : Out 1 de Jacques Rivette revisité », un documentaire de Robert Fischer et Wilfried Reichart. 110 mn.
– Livre bilingue français/anglais de 120 pages, « Out 1 et son double »

Annotations :

Ce coffret en édition limité contient les deux versions du film Out 1, Noli me tangere (775 mn) et Spectre (264 mn), en blu-ray et DVD. Le coffret compte un total de 6 blu-ray et de 7 DVD. Une édition d’une grande richesse, notamment par les nombreux éclairages apportés par les bonus.

 

Film :
3 étoiles
Image:
4 étoiles
Son :
3.5 étoiles
Bonus :
5 étoile
Avis Global :
3.5 étoiles
Article rédigé par Dom

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4 commentaires

  1. Quand on aime le cinéma, on ne compte pas ? Désormais tous les films me paraissent bien courts !

  2. Quel dévouement ! J’aurais presque envie de tenter l’aventure… si tout cela ne semblait pas aussi daté et un peu vain. C’est assurément une « expérience » mais a t’elle encore du sens aujourd’hui?

  3. Daté et vain je ne sais pas si ce sont de bons mots à employer avec ce film ; je pense que cela a toujours du sens. Certains le qualifient comme le Graal de tout cinéphile. Je pense avoir vécu des expériences bien plus transcendantes sur des films bien plus courts, comme ceux de Jodorowsky ou pour rester sur cette époque (et plus ou moins ce style), des classiques de la Nouvelle Vague. Ce n’est pas un film pour tous, ça c’est une certitude !

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