Critique : Seul sur Mars

Réalisateur hyperactif, Ridley Scott cumule les films anecdotiques voire ratés depuis cinq ans, avec le cas particulier de Prometheus et sa direction artistique fabuleuse au service d’un scénario à revoir. Cette nouvelle excursion extraterrestre permet à l’homme derrière Alien de renouer avec un cinéma vraiment excitant, et ce, avec une certaine originalité inattendue pour le genre.

Jamais vaincu

Au cours d’une mission sur Mars, Mark Watney (Matt Damon) est laissé pour mort par son équipe. L’astronaute et botaniste, frappé et emporté par un objet lors d’une violente tempête, ne pouvait pas survivre plus de quelques secondes. L’équipe, elle, ne peut se morfondre sur place : il faut quitter les lieux en urgence, prochaine mission martienne dans quatre ans. Le lendemain, Mark se réveille, blessé mais bel et bien en vie, abandonné sur une planète avec aucun moyen de communication et des ressources ultra limitées pour survivre jusqu’au retour de terriens. Tous les ingrédients du film de survie classique sont réunis : solitude, milieu inconnu, absence de moyens de communication. L’originalité aurait pu tenir uniquement du cadre, la planète Mars, qui n’a à offrir que des paysages désertiques, un royaume de terre rouge sans limite ni espoir. Non, l’originalité vient surtout du ton adopté par Andy Weir, l’auteur du roman qu’adapte ici Drew Goddard (La Cabane dans les bois). Seul sur Mars est un film de survie irrigué par l’humour, humour comme remède à la fatalité, ou du moins, un solide bouclier contre le désespoir. Même une partie du casting semble répondre à ce besoin de bonne humeur, que les personnages soient comiques – Donald Glover en génie de l’aérodynamique – ou non : Jeff Daniels en directeur de la Nasa et Kristen Wiig directrice de la communication de la même société. Bien que ses chances de revoir un être humain tiennent du miracle, Mark tient un journal vidéo – qui fait écho à la génération des youtubers – avec une énergie et une motivation aussi remarquables que les actions qu’il entreprend pour rester en vie, notamment pour se nourrir. Le Matt Damon de Seul sur Mars n’a alors aucun trait commun avec le Matt Damon d’Interstellar, tout comme Jessica Chastain en commandant de mission, superbe de sang-froid, qui n’apprendra que tardivement qu’elle a laissé un de ses hommes si loin de notre planète bleue.

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Si l’aspect humoristique du film déborde parfois sur les enjeux dramatiques, notamment avec quelques excès autour du personnage de Donald Glover, Seul sur Mars a le mérite de proposer une aventure riche et dense. Tout s’y déroule très vite d’ailleurs : l’accident, le départ, la mise en place des éléments nécessaires à la survie, les signes de vie découverts depuis la Terre jusqu’à la mission de sauvetage qui offre le segment le plus palpitant du film, exploitant brillamment la 3D à l’instar d’un Gravity. Le film ne s’apitoie jamais sur le sort de son héros solitaire tout comme il ne prend jamais le temps de s’imprégner réellement de la solitude martienne car il travaille purement une matière optimiste et dynamique – même lors des coups les plus durs. Eloge de la débrouille, de l’entraide et de la solidarité, Seul sur Mars joue avec le suspense et une douce euphorie comme aucun autre film du genre auparavant, jusqu’à des sommets utopistes où américains et chinois collaborent main dans la main. En dehors des orchestrations belles mais sans réel caractère de Harry Gregson-Williams, c’est une singulière bande originale qui rythme le quotidien de Watney : David Bowie, Abba ou encore Gloria Gaynor et son « I will survive » sont de la partie. De plus, Watney dispose pour unique playlist celle du commandant Lewis, dont l’univers musical se limite aux fiévreuses années de la gloire du disco.

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Brillant dans sa combinaison d’astronaute, Matt Damon est donc entouré à distance par un casting de grande classe où l’on trouve en plus des susnommés, Kate Mara, Chiwetel Ejiofor ou encore Sean Bean. Chaque groupe évolue dans un univers visuellement époustouflant, qu’il s’agisse des décors martiens dépaysants, du vaste vaisseau Hermès ou encore des locaux de la NASA ; Seul sur Mars est doté d’une direction artistique très poussée, une constante dans le cinéma de Ridley Scott. Malgré quelques ratés ces dernières années, à l’aube de ses 78 ans, le réalisateur britannique se montre à l’image de Mark Watney : plein de ressources, vigoureux et surtout jamais vaincu. Pourvu que cette belle impulsion donne l’élan idéal aux suites de Prometheus.

4 étoiles

 

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Seul sur Mars

Film américain
Réalisateur : Ridley Scott
Avec : Matt Damon, Jessica Chastain, Jeff Daniels, Kristen Wiig, Michael Peña, Sean Bean, Kate Mara, Chiwetel Ejiofor, Donald Glover, Mackenzie Davis
Titre original : The Martian
Scénario de : d’après le roman « Seul sur Mars » d’Andy Weir
Durée : 141 min
Genre : Science-fiction, Aventure, Action
Date de sortie en France : 21 octobre 2015
Distributeur : Twentieth Century Fox France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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3 commentaires

  1. Je sais à présent quel sera le prochain film que j’irai voir au ciné ^_^

  2. As-tu trouvé le temps de le voir Natieak ?

  3. Une pure merveille cette aventure Martienne. Le deuxième meilleur film de l’année.

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