Critique : A la poursuite de demain

Brad Bird, réalisateur de Ratatouille et Les Indesctructibles réalise son second film en prises de vue réelles après Mission : Impossible – Protocole fantôme. Tomorrowland, rebaptisé chez nous A la poursuite de demain prend pour source une attraction du parc Disneyland, au même titre que Pirates des Caraïbes. Si la saga menée par Johnny Depp se détache de son origine, le nouveau Brad Bird tourne au film de science-fiction faisant l’éloge de la compagnie américaine. Un film paradoxal.

Planète Disney

En 1964, durant l’Exposition Universelle, le jeune Frank Walker (alors joué par Thomas Robinson) va découvrir un autre monde grâce à un pin’s offert par l’énigmatique Athena (Raffey Cassidy). Dans la célèbre attraction « It’s a small world » du parc Disney, le garçon bricoleur passe dans un autre monde, lieu de résidence des esprits les plus créatifs de la planète. L’anecdote prête à sourire, mais en bout de course, le cumul des références et sous-textes laissent l’étrange sensation d’avoir assisté à un spectacle familial à la gloire de Disney et de la culture américaine contre l’imminence de la fin du monde. Un passage dans une boutique est l’occasion de surligner que les nouveaux Star Wars – produits et distribués par Disney – approchent, et une crise d’hypoglycémie d’avaler du Coca-cola en un temps record. Concrètement, ce film écrit par Brad Bird et Damon Lindelof – associé à quelques paresses narratives comme World War Z ou bien Prometheus – se positionne comme un Matrix tout public, avec son monde parallèle et ses robots poursuivant les protagonistes. L’avenir de notre monde est en jeu, et seul les esprits créatifs, persévérants et optimistes peuvent espérer nous ramener vers le droit chemin – celui de Disneyland ? Intervient alors Casey Newton (Britt Robertson), fille d’un ingénieur de la NASA qui prend tous les risques pour éviter la fermeture de Cap Canaveral. L’éternellement jeune Athena conduira la jeune femme vers Frank (George Clooney) qui vit reclus et las.

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Récit d’un appel à l’action, A la poursuite de demain multiplie les scènes d’expositions, machine dont les différentes parties la relancent perpétuellement jusqu’à son segment qui réunit Frank adulte avec Casey. Il faut découvrir Frank enfant, inventeur en herbe, l’abandonner pour la fougueuse Casey, et relancer le mouvement pour l’aventure finale. Procédé risqué et relativement réussi, notamment par un savant dosage des scènes d’action, efficaces et parsemées d’effets de montage parfois très intéressants – la chute dans « un escalier dans un champ. » Le numérique a pourtant parfois raison du film, au cœur du monde futuriste où tout n’est que fond vert, incrustation et infographie peu ou prou convaincantes. Cette artificialité peut certes se justifier par l’opposition créée avec le monde dans lequel évolue Casey, ainsi que la demeure dans laquelle elle va retrouver Frank, mais on sent que l’intention réelle est d’épater le spectateur à bord de ce manège cinématographique. Si George Clooney joue dans son registre usuel, Britt Robertson apparait comme une Jennifer Lawrence au rabais. La petite révélation du film, c’est Raffey Cassidy dans le rôle d’Athena, cette fillette qui n’en n’est pas vraiment une, pugnace et agile. La jeune comédienne, déjà aperçue dans Dark Shadows et Blanche Neige et le chasseur accroche le regard et montre déjà une palette de jeu diversifiée.

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Cela fait quelques années qu’un film de science-fiction s’adressant à un public aussi large n’avait pas montré autant de qualités formelles. Il y a malgré la dominance des effets spéciaux un certain esprit du début des années 90, où l’humour, l’émotion et l’action parvenaient à irriguer le récit sans se nuire, parfaitement dosés. Pourtant, pour les points abordés dans le premier paragraphe de cet article, A la poursuite de demain présente un message douteux, qui ne semble pas le fruit d’une maladresse mais bien d’une volonté d’implanter une idéologie qui ne peut en rien résoudre l’enjeu principal du film. Une étrange façon de se détourner de la réalité en s’enfermant dans un pays imaginaire où, autour du château, le salut a le goût de guimauve.

3 étoiles

 

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A la poursuite de demain

Film américain
Réalisateur : Brad Bird
Avec : Britt Robertson, George Clooney, Raffey Cassidy, Hugh Laurie, Pierce Gagnon
Titre original : Tomorrowland
Scénario de : , Damon Lindelof, Jeff Jensen
Durée : 130 min
Genre : Science-fiction, Aventure
Date de sortie en France : 20 mai 2015
Distributeur : The Walt Disney Company France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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