Critique du film The Voices

De l’autre côté de l’Atlantique, Marjane Satrapi dégote un scénario de comédie noire, The Voices. L’histoire d’un tueur en série qui entend des voix, celles de ses animaux de compagnie, entre ange et démon. Touchant parfois à ses fins, ce long métrage souffre de ne pas avoir trouvé l’équilibre entre ses genres.

Un charmant prédateur

Il serait intéressant de savoir pourquoi et comment le scénario de The Voices, présent sur la fameuse Black List hollywoodienne en 2009, signé de la main d’un certain Michael R. Perry, derrière des épisodes de séries TV mais aussi Paranormal Activity 2 – non, vous ne rêvez pas, il y a bien des scénaristes derrière chaque film de cette triste franchise –, a attiré l’attention de Marjane Satrapi. Peut-être son goût pour l’exploration des genres, car ce récit, évoluant sur les terres du thriller et de la comédie (noire et romantique), constitue pour la réalisatrice de Persepolis un exercice inédit. C’est dans un univers mignon, à la sauce film familial Disney, que se déroule The Voices. Le travail se déroule dans la bonne humeur, l’équipe est aussi sympathique que le patron, les filles du service comptabilité aimables et sexy, et cerise sur le gâteau, le chat et le chien du protagoniste peuvent lui parler. Mais tout ce monde artificiel, fantastique et fringant s’apprête à être ravagé par Jerry (Ryan Reynods), tueur en série en devenir. Beau gosse et benêt, Jerry cache derrière son sourire gêné et son entrain suspect un lourd passé et des séquelles psychologiques. Depuis qu’il ne prend plus son traitement, M. Moustache et Bosco, son chat et son chien, discutent avec lui. Si le meilleur ami de l’homme se montre fidèle à sa réputation, le félin roux pousse Jerry à embrasser ses plus vils instincts en tuant sauvagement les femmes qu’il désire.

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The Voices montre vite ses limites en matière de mise en scène. Si Satrapi sait faire confiance à ses comédiens – elle a accordé à Ryan Reynolds le doublage très réussi des animaux –, sa caméra peine à proposer plus qu’une collection de plans moyens sur ses acteurs. Le jeu très appuyé de Reynolds, séduisant un temps, finit par lasser, notamment lors des conversations avec son subconscient – les animaux. L’idée originale pour revisiter la figure du tueur en série schizophrénique se contente d’offrir une simple illustration humoristique aux voix intérieures, alors que le potentiel comique et horrifique garanti par ce postulat pouvait conduire The Voices vers le panthéon des comédies à l’humour noir bien aiguisé. Hormis quelques beaux moments surréalistes – génial hurlement à l’unisson – et traits burlesques – le passage dans un restaurant asiatique –, le long métrage peine sur le versant humoristique, d’autant plus que de maladroites analepses – flashback, cendres de la journée de la langue française de lundi dernier – viennent mettre en lumière le comportement de Jerry. Entre le pur thriller sale et glaçant et la comédie rose bonbon, The Voices ne trouve qu’un équilibre temporaire grâce au second personnage féminin vers lequel se porte Jerry, Lisa, jouée par Anna Kendrick. A ce moment du récit, le mal est déjà fait, et le protagoniste doit alors résister à ses pulsions alors que l’amour frappe à sa porte. Un beau segment insuffisant pour relever l’intérêt pour ce prédateur charmant et gauche. Dans un genre plus potache, il est probablement plus intéressant et fendard de se replonger dans l’oublié La Main qui tue de Rodman Flender qui, bien que moins guilleret, n’avait aucune peur de s’engager vers de superbes excès.

2.5 étoiles

 

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The Voices

Film américain, allemand
Réalisatrice : Marjane Satrapi
Avec : Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick, Jacki Weaver, Ella Smith
Scénario de :
Durée : 103 min
Genre : Comédie, Thriller
Date de sortie en France : 11 mars 2015
Distributeur : Le Pacte

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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