Critique du film A Most Violent Year

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Pour son troisième long métrage, J.C. Chandor penche sur le cinéma de Sidney Lumet et de James Gray. A Most Violent Year se détourne alors des standards actuels en matière de thriller, pour se déployer à un rythme lent et assuré. Un film assez remarquable malgré quelques faiblesses narratives.

Chaud business

En 1981, New York connaît une des années les plus violentes de son histoire, avec une police dépassée face à la criminalité. Et c’est cette année difficile où Abel Morales (Oscar Isaac) décide de faire un pas en avant avec son entreprise de livraison de fuel. Il décide d’acquérir un terrain qui lui permettra de devenir l’un des leaders du domaine, mais seulement, en l’espace de quelques jours, ses plans sont en péril. Entre le vol de camions (et passage à tabac des pauvres livreurs) et un procureur ayant déniché des erreurs de comptabilité dans l’entreprise, Abel est plus vulnérable que jamais, lui, et les siens. A peine installés dans leur nouvelle demeure, la famille Morales manque de voir un intrus pénétrer chez eux en pleine nuit, pistolet à la main. Tout est affaire de morale dans ce thriller qui n’est pas sans rappeler la mise en scène et l’étude de caractère d’un James Gray, ou encore les dialogues d’un Sidney Lumet. Volontairement lent, A Most Violent Year se concentre sur la psychologie de son père de famille immigré, homme d’affaire honnête, visant l’ascension sans se salir les mains. Après la tourmente d’un joueur de guitare dans Inside Llewyn Davis, Oscar Isaac prouve encore dans ce premier rôle délicat qu’il est un acteur de talent, charismatique et donnant du relief à son personnage soigneusement dessiné par Chandor. Il peut remercier sa partenaire à l’écran Jessica Chastain, dans le rôle d’Anna, la femme d’Abel et comptable de la société, qui souffla son nom au réalisateur lorsque Javier Bardem abandonna le projet. Sous une chevelure blonde, Jessica Chastain donne vie à une femme ambigüe, aimante et séduisante, mais masquant derrière sa fragilité un étrange venin.

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Grâce à une excellente bande originale d’Alex Ebert, discrète, aérienne mais pesante, A Most Violent Year développe une tension sourde qu’il maintient jusque dans les derniers instants du film. La sensation d’insécurité et la tentation de sortir du droit chemin pour Abel permettent à chaque scène de distiller un savoureux suspense. Que ce soit Anna, le syndicat des chauffeurs ou bien les agissements d’un chauffeur agressé et des concurrents, tout pousse Abel à lâcher prise avec le mirage d’un rêve américain immaculé. Avec les affaires des Morales, ce long métrage sournois décrypte les tenants et aboutissants du libéralisme américain, gangrené par la malhonnêteté, la corruption et la volonté d’écraser ses pairs. Lorsque le film pourrait chercher à jouer la carte du sensationnel sur ses quelques séquences d’action, Chandor choisit de rester au plus proche de ses personnages, amplifiant l’isolement et la sensation de danger. Avec ses comédiens remarquables, sa photographie aux teintes jaunes léchée, A Most Violent Year présente de nombreux arguments pour se ranger auprès des plus grands thrillers. Cependant, J.C. Chandor se permet tout au long de son œuvre d’utiliser d’étranges et parfois incohérents détails narratifs. Ces derniers lui permettent d’aller dans le sens de son récit, mais les grands thrillers évitent (ou masquent plus habilement) ces vilaines astuces de scénariste. Malgré ces défauts, A Most violent year laisse l’image d’un film soigné et profond. En somme, un thriller hautement recommandable.

3.5 étoiles

 

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A Most violent year

Film américain
Réalisateur : J. C. Chandor
Avec : Oscar Isaac, Jessica Chastain, Albert Brooks, David Oyelowo
Scénario de :
Durée : 125 min
Genre : Thriller, Drame, Policier
Date de sortie en France : 31 décembre 2014
Distributeur : StudioCanal

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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