Les Arcs 2014 : #07 Toute bonne chose a une fin

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Toute bonne chose a une fin, et parfois, une fin éclatante. C’est le cas pour cette 6ème édition du Festival de cinéma européen des Arcs où la cérémonie de clôture et la remise des prix furent suivies par la projection de L’enquête et une dernière fête mémorable.

Manquer la séance de Who Am I à 13 heures limite les possibilités en terme de cinéma pour être à l’heure à la cérémonie. C’est donc un dernier passage au centre de fitness du manoir Savoie qui occupe mon après-midi, avec quelques longueurs dans la piscine extérieure offrant une vue spectaculaire et une séance de relaxation au sauna.

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Cédric Khan, président du jury, prend la parole devant sa troupe.

La cérémonie de clôture donne lieu aux remerciements usuels, ainsi que deux records annoncés par Pierre-Emmanuel Fleurantin, le directeur général du festival. Un record d’affluence avec 17 500 entrées estimées et un record européen d’altitude, avec la projection à l’Aiguille rouge (3226 mètres) de Snow Therapy. La remise des prix est marquée par l’enthousiasme des membres des différents jury ainsi que l’humour grinçant de Gaspard Proust pour annoncer le lauréat du Grand prix du Jury. Et si les absents sont nombreux pour récupérer leur prix, certains réalisateurs nous gratifient d’un gentil message vidéo comme Lucie Borleteau et Yuriy Bykov.

Voici le palmarès complet :

Prix Arte – Village des co-production :
The Voice de György Pàlfi

Prix du Work in progress :
Pioneer Heroes de Natalia Kudryashova

Prix du Meilleur court métrage :
Welkom de Pablo Munoz Gomez

Prix Cineuropa (attribué à un film produit ou co-produit par un pays participant au programme MEDIA ou membre du programme Eurimages) :
Wasteland de Pieter Van Hesse

Prix de la presse :
Fidelio, l’odyssée d’Alice de Lucie Borleteau

Prix du public :
Le Labyrinthe du silence de Giulio Ricciarelli

Prix de la Meilleur photographie :
Kirill Klepalov pour The Fool

Prix de la Meilleure musique :
Stephen Rennicks pour Frank

Prix d’interprétation masculine Metronews (qui donne lieu à une couverture spéciale dans le journal Métro lors de sa sortie) :
Peter Ferdinando pour son rôle dans Hyena (photo ci-dessous)
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Prix d’interprétation féminine Metronews :
Bianca Kronlöf pour son rôle dans Underdog (photo ci-dessous)
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Mention spéciale du jury :
Le Labyrinthe du silence de Giulio Ricciarelli

Grand prix du jury :
These are the rules de Ognjen Svilicic

Flèche de Cristal :
The Fool de Yuriy Bykov

C’est probablement avec le prix d’interprétation féminine que le suspense était le plus fort, la compétition ayant montré de grands rôles féminins avec Arianne Labed dans Fidelio, l’odyssée d’Alice, le duo Chiara D’Anna/Sidse Babett Knudsen dans The Duke of Burgundy et bien sûr, la lauréate, Bianca Kronlöf dans Underdog. Pour la Flèche de Cristal, c’est le cruel constat sur la misère en Russie qui a donc le plus marqué le jury et non les aventures amoureuses en pleine mer de Fidelio, l’odyssée d’Alice comme je l’imaginais. Difficile de saisir toutefois ce qui a séduit le jury pour récompenser le très faible These are the rules alors que Le Labyrinthe du silence aurait pu amplement recevoir cette distinction au lieu d’une simple mention. Un seul regret, voir The Duke of Burgundy quitter la Savoie sans aucun prix, alors qu’il présente des atouts majeurs en terme de photographie, de musique (et accessoirement, de montage).

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Le festival avait débuté avec des chiffres et les mathématiques de X + Y, et c’est avec les chiffres obscurs de l’affaire Clearstream qu’il se conclue. L’Enquête (Vincent Garenq) revient sur cette affaire judiciaire alambiquée qui marqua l’actualité française de son empreinte dans les années 2000. Inspiré des écrits de Denis Robert – venu présenter le film qu’il déclare apprécier, notamment pour sa véracité –, le journaliste qui entra dans la tourmente lorsqu’il publia son premier ouvrage dénonçant le blanchiment d’argent de la société Clearstream est campé par un Gilles Lellouche convaincant. La qualité principale du film réside dans sa clarté générale pour redéfinir les tenants et aboutissants d’une affaire qui démontre les aberrations du monde de la finance, et ce quel que ce soit le parti pris (propos diffamatoires ou révélations scandaleuses). Aidé par un ancien homme de l’intérieur et épaulé par le juge Renaud Van Ruymbeke, Denis Robert se retrouve attaqué moralement au travers d’une multitude de procès visant à discréditer ses propos. Orchestré comme un thriller aux accents américains – si on appréciera la photographie du film, la musique sans caractère le dessert souvent –, L’Enquête maintient le spectateur en haleine sans pour autant briller. Peut-être que la liberté de parole qu’exige l’exercice du métier de journaliste aurait dû aussi trouver une plus grande place, problématique des plus importantes derrière les faits dénoncés. Le film de Vincent Garenq permet aussi, par ce bond en arrière, de reconsidérer le paysage politique actuel de notre pays. En salle le 11 février 2015. Bande annonce :

Luigi

La clôture du festival se poursuit au Village 1950, chez Luigi, où les festivaliers profitent de vin et de tartiflette. Le palmarès occupe naturellement les conversations tandis que les félicitations fusent pour les primés présents, comme Peter Ferdinando et Bianca Kronlöf, heureux, émus et prêts à célébrer leur prix en musique. Ainsi, nous descendons au sous-sol de chez Luigi pour deux concerts et malgré l’énergie et la qualité de la musique, une contre-soirée se dessine pour nous mener en petit comité O’Chaud. Parmi mes collègues, Anthony, Cyrille et Hadrien sont présents, ainsi que Fred de la revue Transfuge. Les jeunes et jolies Eva et Anaïs du staff sont avec nous lorsque Peter Ferdinando célèbre son prix avec une tournée. Nous sommes rapidement rejoints par Ronnie Sandahl et Bianca Kronlöf alors que Jack Reynor du jury débarque avec sa compagne pour commander son fameux cocktail servi dans un seau avec une dizaine de pailles. Tout le monde en profite alors que Frédéric Boyer, directeur artistique et programmateur du festival se joint aussi à nous. L’allégresse et la convivialité caractéristiques de ce festival nous emportent encore une fois. Madeline, la compagne de Jack, qui travaille comme mannequin, a eu le malheur de se fracturer le poignet en ski. A sa demande, nous décorons son plâtre avant de discuter un peu du palmarès avec Jack – conversation qui restera de l’ordre du privée. Il nous apprend être très proche de Michael Fassbender, avec lequel il partage l’affiche de Macbeth de Justin Kurzel, qui sortira en 2015. Les débats de cinéphile commencent à prendre le dessus, avec Interstellar et les coups de cœur de l’année, jusqu’il soit décidé de réintégrer la soirée principale chez Luigi, sans Jack ni Madeline – nous prévoyons de déjeuner ensemble étant donné nos horaires de départ en après-midi. Malgré une musique électronique de qualité, le nombre de festivaliers s’égraine au fil des minutes jusqu’à la fin des fins, sur les coups de 4 heures. On envisage plusieurs scénarios pour l’after : jouer à Fifa chez Maxime Musqua qui avait glissé sa playstation dans sa valise, gagner un appartement pour terminer vivres et boissons avant le départ, ou, pour les plus sages, direction le lit.
L’option 2 me coûte un réveil tardif par le staff de l’hôtel, plus d’une heure après mon heure de check-out… Ce qui ne m’empêche pas de retrouver Jack et Madeline, avec Guillaume Calop, délégué général, Pierre-Emmanuel Fleurantin, directeur général, Frédéric Boyer, directeur artistique du festival et enfin Ronnie Sandahl. Un ultime déjeuner à la Vache rouge où seront partagés encore quelques rires et réflexions sur le cinéma, ce qui s’est déroulé loin de la Savoie, comme l’affaire The Interview qui nous est parvenue comme un simple écho dans la montagne. Les au revoir se font avec un pincement au cœur mais aussi le sentiment qu’il y aura des retrouvailles, ici ou ailleurs.
En compagnie de certains membres du staff, dans le bus en direction de la gare de Bourg-Saint Maurice, je suis saisis par les jeux de lumières que nous offre le soleil sur les sommets enneigés. Les nuages participent à ce bal surréaliste, jouant avec la visibilité des pics comme des enfants tournent autour d’un adulte malicieusement. Le festival de cinéma européen des Arcs n’a aucun semblable, et c’est ce qui fait toute sa splendeur.

Prochain article avec le bilan du festival.

Article rédigé par Dom

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