[Critique] Godzilla, réalisé par Gareth Edwards

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Remarqué il y a quelques années pour son intimiste Monsters, Gareth Edwards se retrouve derrière les caméras pour une nouvelle apparition de Godzilla. Si le film est un échec, cela ne tient pas entièrement à lui mais à un scénario particulièrement pauvre.

Le protecteur

La première apparition de Godzilla au cinéma remonte à 1954, dans un film signé Ishirô Honda. En soixante-ans, l’impressionnant monstre n’a cessé d’être à la tête de productions peu ou prou réussies, principalement nippones – mais l’accident vient parfois d’Hollywood, avec le Godzilla de Roland Emmerich en 1998. Si la présence de Gareth Edwards comme réalisateur laissait espérer à un film à la mise en scène soignée – ce qui est le cas pour les séquences d’action en présence du monstre –, comportant aussi un alléchant casting, il ne fallait pas s’attendre à une œuvre entièrement réussie en regardant le destin scénaristique de ce nouvel opus. Le scénario de ce Godzilla 2014 a été écrit par Dave Callaham, derrière les scénarios des deux premiers Expendables et quelques ratés, comme Doom. Alors qu’il aurait dû passer à la réécriture dans les mains de David S. Goyer, ce dernier, trop occupé, a laissé la tâche à un certain Max Borenstein, un film au compteur. Pas étonnant de voir le film s’ouvrir comme une véritable série Z où se seraient égarés Bryan Cranston et Juliette Binoche – ironie du sort pour cette dernière, elle avait refusé de jouer dans Jurassic Park de Steven Spielberg et a été convaincue ici par une belle lettre du réalisateur ! Au Japon, une catastrophe dans une centrale nucléaire provoquée par une entité se nourrissant de cette énergie est camouflée comme la résultante d’une secousse sismique. Ayant perdu sa femme dans l’incident, Joe – Bryan Cranston, dans son apparition cinématographique la plus faible depuis Breaking Bad – n’est animé que par un besoin : découvrir la vérité sur l’évacuation d’un secteur qui ne serait peut-être pas radioactif. Ses recherches vont conduire son fils Ford (Aaron Taylor-Johnson), militaire de profession, à l’aider jusqu’à ce que la véritable menace éclate aux yeux du monde entier.

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Ce n’est pas Godzilla qui va commencer à dévaster des parcelles complètes du territoire japonais – avant de gagner la côte ouest américaine – mais un monstre à mi-chemin entre la mite et la créature de Cloverfield. Se nourrissant d’énergie nucléaire et capable de neutraliser tous les appareils électriques et électroniques dans un périmètre de plusieurs kilomètres, cette créature cherchant à croître et à se reproduire va réveiller une femelle encore plus gigantesque dans le Nevada. Laborieuse est la narration pour atteindre ce que tout le monde attend : le choc entre ces créatures et Godzilla, car dans cette œuvre, le monstre mythique, craint par l’homme, n’est autre qu’un imposant protecteur, seul espoir face à des entités destructrices dont nous sommes responsables. Résolument sérieux, contrairement à un Pacific Rim, le Godzilla de Gareth Edwards ne propose aucun personnage plus solide que l’archétypal soldat et père de famille joué par Aaron Taylon-Johnson. Ken Watanabe, Sally Hawkins, Elisabeth Olsen, des présences qui attristent tant la matière qui leur est offerte touche au néant absolu. On ne prend donc aucun plaisir à regarder ce blockbuster orchestré par une musique décevante d’Alexandre Desplat jusqu’à sa dernière demie-heure, impressionnante et fondamentalement belle, quand l’homme réalise que le monstre qu’il a toujours voulu annihiler n’a jamais représenté une menace. Optant pour des plans larges dans un montage souple et calme, Gareth Edwards obtient le meilleur de ses créatures numériques et compose un somptueux spectacle de la confrontation qui provoque d’immenses dommages collatéraux. Et pourtant, les effets spéciaux du film sont loin d’atteindre des sommets en la matière. Edwards parvient même à rendre son final divin et émouvant, comme lors de la chute libre de parachutistes au plus près des créatures ou bien lorsque Godzilla, blessé, semble prêt à rendre son dernier souffle. Dommage que tous ces efforts de mise en scène soient étouffés par une histoire aussi rebutante et plate, faisant du retour de Godzilla à l’américaine un nouveau raté.

2 étoiles

 

Godzilla

godzilla-edwards-afficheFilm américain
Réalisateur : Gareth Edwards
Avec : Aaron Taylon-Johnson, Ken Watanabe, Sally Hawkins, Elisabeth Olsen, Bryan Cranston, Juliette Binoche
Scénario de : , Dave Callaham
Durée : 123 min
Genre : Science-fiction, Action, Aventure
Date de sortie en France : 14 mai 2014
Distributeur : Warner Bros. France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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5 commentaires

  1. C moi ou ça sent la merde ?!

  2. Assez d’accord pour dire que le scénario vole pas haut, mais par contre il y a certaines scènes vraiment dingues! (sur le pont par exemple). Ça reste du beau spectacle en tout cas 🙂

  3. @Adeline : oui mais ça peut être un spectacle encore meilleur avec moins d’ambitions scénaristiques, en utilisant une narration plus tendue – comme « Cloverfield ».

  4. Effectivement, Cloverfield était beaucoup mieux ! Je me rappelle être sortie de la salle les jambes ballantes …

  5. Pingback :En Bref : The Creator - Silence... Action !

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