[Cannes 2014] #06 Nouveau Carell

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Lundi 19 mai 2014, la compétition entre dans sa deuxième partie où nous avons découvert une nouvelle facette de Steve Carell. Au programme : Foxcatcher, Maps to the stars, When animals dream et le Silencio. Photo ci-dessus, Steve Carell dans Foxcatcher.

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Première projection de la journée, Foxcatcher de Bennett Miller, en compétition officielle. Tout comme dans Le Stratège, le film s’inspire de faits réels dans le milieu sportif. Le terrain de baseball a laissé place au gymnase où s’entraînent des lutteurs. Mark Schultz (Channing Tatum), champion olympique en 1984, vit dans l’ombre de son frère aîné qui l’entraîne chaque jour, Dave Schultz (Mark Ruffalo). Alors qu’approchent les championnats du monde de 1987, Mark, qui se montre incapable de continuer de façon profitable l’entraînement avec Dave, est repéré par un certain John E. du Pont (Steve Carell), riche successeur qui adore la lutte. Cinquantenaire au corps flasque, John a le physique opposé de Mark, qu’il va prendre sous son aile pour qu’il s’entraîne dans son domaine, au camp Foxcatcher, afin de rendre service aux héros sportifs de sa patrie. Son but est aussi d’amener à lui Dave, qui s’y refuse un premier temps, pour des raisons familiales. Deux choses qui manquent à Mark et John, fonder une famille et s’affranchir des liens du sang, ce dernier recherchant toujours l’approbation de sa mère qui voit la lutte d’un mauvais œil. « Un sport inférieur » dit-elle, contrairement aux sports équestres pratiqués dans la famille. A défaut d’être aussi passionnant que Truman Capote ou Le Stratège, Foxcatcher dresse un intéressant double portrait où l’argent contamine l’essence du sport et où l’égo vient écraser l’athlète. John se veut coach, leader et lutteur, se ridiculisant dans sa volonté d’être le fer de lance d’un domaine auquel il appartient uniquement grâce à sa fortune. Steve Carell, méconnaissable, livre une performance dramatique remarquable qui pourrait marquer un tournant dans sa carrière. Son rythme lent, ses attitudes à la fois sereines et menaçantes, la fierté qu’il distille dans ses discours et son regard impressionnent. Pour le festival, il ne s’agit pas vraiment du genre de rôle salué lors des récompenses mais le calibre est parfait pour les Oscars. Affaire à suivre ! A noter que Channing Tatum trouve un nouveau grand rôle après Magic Mike et Mark Ruffalo est aussi à saluer dans un rôle plus physique qu’à son habitude – certes, il campe Hulk dans les Avengers mais quelques effets spéciaux viennent à son secours ! Bien qu’il soit jalonné de belles scènes de lutte, le nouveau Bennett Miller ne cherche pas à sublimer ce sport, se concentrant sur les rapports humains entre ses différents protagonistes. Drôle grâce à l’obstination et l’égo surdimensionné de John, le film distille également un malaise fin, émanant de l’ambigüité de son opulent personnage central. Foxcatcher, une glaçante chronique d’une passion pour le sport qui se brise dans le tragique.

En quittant l’espace presse, l’équipe de Foxcatcher entre dans le palais afin de se rendre à la conférence de presse. La productrice Megan Ellison était présente pour accompagner son film tandis que les acteurs se sont prêtés au jeu des autographes avec les festivaliers :

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Un peu de temps permet un passage salvateur au supermarché où l’on entend un certain mécontentement sur la présence de certaines personnalités. La personne principalement visée ? Nabilla, « mauvais exemple pour les enfants qui n’a rien à faire au festival. » et d’autres mots peu tendres que je ne recopierai pas ici ! En caisse, j’entends même un « pour moi, Cannes, c’est fini. » Peut-être que les premières véritables gouttes de pluie ont déjà eu raison du moral de certains !

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Séance de midi pour Maps to the stars qui marque le retour commun de David Cronenberg et Robert Pattinson sur la croisette. Le film se déroule dans le milieu du cinéma à Hollywood où tout n’est que cynisme, hypocrisie et superficialité. Rien de neuf, donc, mais ce scénario faiblard de Bruce Wagner est toutefois sauvé par la mise en scène froide et attrayante de Cronenberg. Dans ce film choral, Mia Wasikowska joue Agatha, jeune fille au corps cicatrisé à cause d’un incendie. Elle vient tenter sa chance à Hollywood et rencontre Jerome (Robert Pattinson), chauffeur de limousine qui rêve d’une carrière d’acteur et de scénariste. Agatha se retrouve rapidement assistante de Havana (Julianne Moore), une actrice délaissée qui cherche à obtenir le rôle qu’avait tenu sa mère, décédée dans un tragique incendie, dans le remake de son plus grand succès. Autre personnalité intéressante, Benjie (Evan Bird, fascinant par son arrogance et son étrange morphologie chétive), jeune acteur de 13 ans sortant déjà d’une cure de désintoxication. Même si chaque personnage a droit à son lot de scènes drôles ou inquiétantes, il est regrettable que le film ne donne pas une place plus importante à Agatha, mouton noir de ce petit système qu’elle pourrait autant intégrer que réduire en poussières. Dommage également que Pattinson, passé de l’arrière de la limousine (Cosmopolis) au volant n’obtienne qu’un simple rôle secondaire. Satire relativement réussie non sans rappeler l’oeuvre de Bret Easton Ellis (Moins que zéro, Suite(s) impériale(s)), Maps to the stars ne devrait malheureusement pas faire date dans la filmographie de David Cronenberg.

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L’espace Miramar projetait à 17h le premier film du danois Jonas Alexander Arnby, When animals dream, sélectionné à la Semaine de la critique. On y suit Marie (Sonia Suhl), une jeune femme qui trouve un boulot dans une poissonnerie et qui voit son corps étrangement muter : apparition de poils, crises. Tout comme sa mère, en chaise roulante, Marie découvre qu’elle appartient à la lignée des loups-garous et va inquiéter toute la communauté de son petit village côtier. A la croisée du drame et du film d’horreur, le film d’Arnby ne dévie jamais des sentiers battus pour ne susciter, qu’au mieux, une ou deux frayeurs dans un récit légèrement militant. Anecdotique.

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Alors qu’on sent la croisette amorphe en soirée depuis le début des festivités, la faute à un nombre réduit de plages accessibles et à des soirées où il est trop difficile d’entrer – mauvaise ambiance pour ceux qui restent dehors, pas plus d’allégresse pour ceux à l’intérieur –, ce lundi 19 mai a quelque peu changé la donne avec un tour au Silencio, après avoir croisé Viggo Mortensen se baladant tranquillement rue d’Antibes. La soirée était organisée par ASVOFF (A Shaded View On Fashion Film) et il fut diffusé en guise d’entrée un documentaire sur le tournage d’Only lovers left alive de Jim Jarmusch, Travelling by night with Jim Jarmusch de Léa Rinaldi. Si le lieu n’était pas idéal pour profiter entièrement de ce making-of des séquences filmées à Tanger, il était intéressant de voir que la sérénité hypnotique du film découle directement du comportement du réalisateur sur le plateau et de sa relation très saine avec ses comédiens. La soirée a continué avec des projections de courts métrages mais c’est avec des chers membres de l’agence Cartel que j’ai préféré tailler une bavette en sifflant des bières Peroni, avant de faire la rencontre d’un producteur et d’un réalisateur britanniques à la recherche d’un distributeur pour leur film présent au marché, Hackney’s Finest. Bertrand Burgalat est ensuite passé derrière les platines pour assurer l’ambiance musicale de la soirée jusqu’à sa clôture autour de 22h30. C’est alors que j’ai retrouvé Antoine Corte du Passeur critique sur un bateau où se déroulait une fête où il fut bon de discuter des différents films découverts jusqu’à présent en se gavant de sucreries. Restons de grands enfants avec cette lueur d’espoir quant aux festivités nocturnes restantes !

Prochain point avec Deux jours, une nuit des frères Dardenne, Still the Water de Naomi Kawase et Lost River, le premier long métrage de Ryan Gosling derrière les caméras.

Article rédigé par Dom

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