[Test Blu-ray] La Porte du paradis (Michael Cimino)

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Fiche Technique :

La Porte du paradis (1980) réalisé par Michael Cimino
Avec : Kris Kristofferson, Isabelle Huppert, Jeff Bridges, Christopher Walken, John Hurt, Sam Waterston, Brad Dourif, Mickey Rourke
Titre original : Heaven’s gate
Durée : 219 min
Genre : Drame
Blu-ray testé : Edition française – Région B
Pistes Audio : Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Format d’image : 2.40:1
Codec : MPEG-4 AVC
Résolution : 1080p
Editeur : Carlotta Films

 

 

Synopsis :

Deux anciens élèves de Harvard se retrouvent en 1890 dans le Wyoming. Averill est shérif fédéral tandis que Billy Irvine, rongé par l’alcool, est membre d’une association de gros éleveurs en lutte contre les petits immigrants venus pour la plupart d’Europe centrale. Averill s’oppose à l’intervention de l’association sur le district et tente de convaincre son amie Ella, une prostituée d’origine française, de quitter le pays.

Le film :

Film maudit, La Porte du paradis fut un échec complet qui mit fin à l’ère formidable du Nouvel Hollywood durant laquelle les réalisateurs avaient tout le loisir d’exercer leur art sans être muselés par les producteurs et studios. Un échec facile à expliquer, qui aurait pu très bien tomber sur Francis Ford Coppola ou Martin Scorsese, mais la victime fut Michael Cimino. Deux ans après le succès du génial Voyage au bout de l’enfer, Cimino a le feu vert pour réaliser un western racontant un sombre épisode de l’histoire américaine. Le budget initial de 10 millions de dollars est explosé pour dépasser la barre des 40 millions, la faute à un réalisateur qui prend son temps, change d’idée et tourne parfois un seul plan dans la journée. United Artists, qui produisait le film, s’inquiétait mais montrait une réelle satisfaction dans les rushs tournés. Mauvaise surprise pour le studio, Michael Cimino leur présente un montage d’une durée de cinq heures et vingt-cinq minutes, impossible à exploiter en salle. Le réalisateur finit par livrer une version de trois heures et trente-neuf minutes – version désormais connue comme le director’s cut définitif présent sur ce blu-ray – mais l’accueil critique est catastrophique. Le film est retiré des salles pour revenir dans une version encore plus courte de deux heures et trente minutes, mais rien ne peut changer le destin du film qui est un bide absolu. United Artists, endetté dangereusement et aussi plombé par l’accueil tiède en parallèle de Raging Bull, est racheté par la MGM.

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Voilà pour le contexte de cette œuvre qui, aujourd’hui, peut être redécouverte dans une version pleinement approuvée par le réalisateur, jusque dans les détails techniques puisque Michael Cimino a suivi au plus près le processus de restauration. Avec du recul, il est peut-être possible d’expliquer la réception catastrophique de La Porte du paradis par son sujet controversé et la méthode employée par Cimino pour raconter cette histoire. Ce sont les personnages qui sont au cœur du film et non le terrible événement historique. Ainsi, la première partie du film se consacre à la découverte de James Averill (Kris Kristofferson) et Billy Irvine (John Hurt) lors de leur remise des diplômes. Le film impressionne déjà par ses mouvements de caméras amples et la présence de plusieurs centaines de figurants, participant au cérémonial et à une fête partagée par la nostalgie et la perspective d’un avenir plein de belles promesses. C’était l’année 1870, et vingt ans plus tard, dans le comté de Johnson, l’Amérique s’apprête à briser son image de terre d’accueil et de liberté. Excédés par du vol de bétail, qu’ils incriminent aux immigrants d’Europe Centrale, une puissante Association d’éleveur dresse une liste de 125 personnes à abattre pour mettre définitivement à l’abri leurs biens et propriétés. L’injustice est d’autant plus révoltante que le gouvernement les soutiens dans leur action. Le destin de quatre hommes se noue à l’aube de cet infâme massacre. James Averill est désormais shérif et la population immigrée de Sweetwater ne peut compter que sur son intervention. Billy Irvine appartient à l’Association et désapprouve l’action des siens mais il se montre impuissant, sombrant dans l’alcool. John H. Bridges (Jeff Bridges), qui possède et gère tous les lieux de vie de la communauté tente de gérer la situation avec Averill. Et enfin, il y a Nathan D. Champion, le personnage plus énigmatique de cette épopée, partagé entre les deux camps, terriblement amoureux d’Ella Watson (Isabelle Huppert), une prostituée que fréquente intimement Averill. Scènes d’allégresse et d’un quotidien insouciant, contrariées par la cruauté des américains à l’égard des étrangers, habitent la majeure partie de La Porte du paradis. Heaven’s gate, ce chapiteau où l’on se réunit pour danser en musique sur des patins à roulette deviendra bientôt le lieu de réunion de toute une communauté menacée par une Amérique gangrenée par une caste méprisante et inhumaine. Contraste : le décor naturel sublime dans lequel le film se déroule, confluent de montagnes, prairies et étendues d’eau. Un monde où tout semble possible, pour tous. Et pourtant, comme le déchirement inéluctable entre Ella, James et Nathan, l’horreur, la violence et l’amertume s’emparent de la dernière partie du film, cercle de mort qui répond tragiquement au cercle de vie ouvrant cette fresque. Grand, puissant et terrible, La Porte du paradis expose magistralement une véritable fêlure dans les fondations de l’Amérique. Une œuvre superbe de Cimino qui méritait tant à être réhabilitée et restaurée.

Bande annonce (VOST) :

 

Le Blu-ray

– Image :

Voilà enfin un master à la hauteur des images filmées par Michael Cimino et son chef opérateur Vilmos Zsigmond : couleurs splendides, détails fins et piqué précis sont au rendez-vous. Sur les trois heures et trente-neuf minutes, on ne décèle aucun artefact, aucune rayure ou poussière – bon, il faut avouer qu’il y a peut-être deux plans qui présentent quelques défauts, mais cela est si minime. Le grain est discret – un peu trop, probablement – et les contrastes solides, hormis sur quelques plans où de fortes sources lumineuses imposent des zones laiteuses. Quelques ciels montrent du fourmillement, mais rien de choquant esthétiquement. Il y a sans nul doute des masters HD de films du début des années 1980 plus uniformes que celui-ci, mais on ne peut que se réjouir de la qualité d’image obtenue ici pour La Porte du paradis.

– Son :

Seule la piste en VO est testée.
Entièrement nettoyée, la nouvelle piste audio du film est désormais mixée en 5.1 et codée en DTS HD Master Audio. Hormis une présence un peu envahissante de la musique – qui est aussi une preuve d’un dynamisme de qualité – sur une poignée de scènes – début et fin de film –, l’expérience sonore de La Porte du paradis est des plus satisfaisantes. Le canal des voix conserve toujours sa clarté, même lorsque le son des armes à feux s’empare de l’espace. Allant d’échappées intimistes à des scènes de fusillades impressionnantes, cette piste audio montre son efficacité en toute situation.

– Bonus :

Sauf précision, les bonus sont en haute définition.
Blu-ray 1 :
– Présentation de Michael Cimino (1 min 33 sec)
– Bande annonce d’époque (en définition standard)
– Bande annonce 2013
Blu-ray 2 :
– Retour au paradis, conversation avec Michael Cimino (50 min)
– La restauration (2 min 30 sec)
Entretiens :
– Kris Kristofferson (9 min)
– Isabelle Huppert (24 min)
– Jeff Bridges (18 min)
– David Mansfield (9 min)

Annotations :

En plus de l’édition double blu-ray, Carlotta Films propose également un coffret prestige en édition limitée et numérotée.

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Cette édition contient :
– l’édition double blu-ray (dont les disques sont testés dans cet article)
– l’édition double DVD (comprenant les même bonus mais qui voit le film séparé sur les deux disques)
– le CD de la bande originale du film
– la reproduction du livret (20 pages) distribué lors de la première du film
– la reproduction de la bible (288 pages) du tournage de Michael Cimino
– un portfolio de photos de plateau (44 pages) de Susan Geston Bridges
– un livret (56 pages) regroupant un essai de Jean-Baptiste Thoret et des archives

 

Film :
4.5 étoiles
Image:
4.5 étoiles
Son :
4 étoiles
Bonus :
4 étoiles
Avis Global :
4.5 étoiles
Article rédigé par Dom

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