[Critique] Oh Boy (Jan Ole Gerster)

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Premier long métrage de Jan Ole Gerster, Oh boy plonge un jeune berlinois dans une délicieuse tourmente. Une longue journée sous le signe de la dèche et des rencontres curieuses.

Un jour sans fin

Malgré le trouble temporel provoqué par l’emploi du noir et blanc, c’est dans un Berlin contemporain que débute la journée de galère de Niko (Tom Schilling). Rupture, déménagement, retrait du permis de conduire et carte bleue avalée par un distributeur ne ce sont que les prémisses d’une spirale de la poisse caractérisée par l’impossibilité d’obtenir une simple tasse de café. Si Niko est frappé par tant de malheurs et de rencontres incongrues, ce n’est peut-être pas entièrement le fruit du hasard. Il est à un stade de sa vie où il se trouve perdu, ayant abandonné ses études de juriste et vacant à une longue réflexion sur l’embranchement à prendre pour le futur. Accompagnée d’une agréable bande originale jazzy, contribuant également à donner un aspect rétro au film, cette comédie dramatique réclame plusieurs minutes avant de trouver son rythme de croisière. Tout comme son protagoniste, on ressent une certaine hésitation du cinéaste allemand sur la tournure de son récit, et même des premières rencontres. Chacune d’entre elles se place sous le signe de l’humour, exploitant souvent des situations embarrassantes – comme ce nouveau voisin qui vient se présenter avec un bol rempli de boulettes de viande avant d’exposer sa vie et de fondre en larmes. Malgré la possibilité de virer vers le burlesque, Oh boy s’agrippe à dépeindre un quotidien réaliste qui trouve son originalité et son charme dans la diversité des situations qui attendent le protagoniste malchanceux. D’une fâcheuse partie de golf avec son père jusqu’à une pièce de théâtre contemporaine, il n’y a qu’un pas.

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En compagnie de Matze (Marc Hosemann), ami qui semble bloqué à l’adolescence par son comportement et son style vestimentaire, Niko retrouve une ancienne camarade d’école, Julika (Friederike Kempter). Jeune femme séduisante qui, à l’époque, était la risée, surnommée « Julia le gros tas » à cause de ses 80 kg. Un soupçon de dimension sentimentale s’invite alors mais le cap est toujours celui de la drôle de déveine, au travers de petits accidents, d’accrochages inattendus et de face à face où Niko ressort toujours perdant. Sans transcender le genre, Jan Ole Gerster parvient, à l’aide de ses comédiens charismatiques, à composer une aventure plaisante qui capte une certaine réalité sociale. Niko, ce jeune homme dérivant sur le cours de la vie, éjecté de l’adolescence trop rapidement, représente une jeunesse qui ne sait pas où aller, flânant à l’orée d’un monde adulte dont elle ne trouve pas l’entrée adéquate. La faute à un manque de repères, peut-être, mais aussi une absence de dialogue avec les anciens. Une fois sur le versant comique et une autre fois sur le versant tragique, les échanges avec des personnages âgés suscitent un sentiment d’accomplissement. Par sa sobriété et sa façon d’aborder la prise en main de son destin, Oh Boy se présente comme un séduisant premier long métrage malgré un certain tâtonnement dans le ton et la narration.

3.5 étoiles

 

Oh Boy

oh-boy-afficheFilm allemand
Réalisateur : Jan Ole Gerster
Avec : Tom Schilling, Friederike Kempter, Marc Hosemann, Katharina Schüttler
Scénario de : Jan Ole Gerster
Durée : 88 min
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie en France : 5 juin 2013
Distributeur : Diaphana Distribution

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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