2011 : un Amour de Cinéma

2010 avait été une année maussade pour le cinéma, on savait que 2011 serait d’emblée plus réjouissante mais on ne pouvait se douter qu’il s’agirait d’une année aussi formidable. Retour sur ce grand cru avec les meilleurs films de l’année, les déceptions, les ratages complets et quelques notes particulières sur certains films et acteurs.


Top 10 2011

L’exercice du top 10 a été particulièrement difficile cette année tant les grands films se sont enchainés dans un marathon incroyable. Voici donc, évidemment en fonction des films découverts, ce que je considère comme la crème de la crème du cinéma de 2011. Des films sur lesquels je ne reviendrai pas ici mais dont vous pouvez toujours retrouver les chroniques.

10. Le Cheval de Turin

09. A Dangerous Method

08. Il était une fois en Anatolie

07. Somewhere

06. 127 heures

05. Le Stratège

04. Drive

03. La Piel que Habito

02. Bruegel, le moulin et la croix

01. The Tree of Life

Et d’autres grands films

Par manque de temps, Habemus Papam de Nanni Moretti n’a pas été chroniqué ici. Dans cette comédie dramatique remarquable, qui se livre à une étude de caractère flirtant avec la satire, Michel Piccoli, refusant d’être le nouveau pape, se montre formidable. C’est un film qui joue habilement avec les blessures du passé, la notion de rôle et l’artifice paradoxalement indispensable du titre.
Méritent également d’être mentionnés : The Artist, Contagion, Warrior, Incendies – je vous invite à lire la chronique de Phil -, The Murderer, Source Code, Scream 4, The Green Hornet et Black Swan – bien que ce dernier m’ait laissé une impression bien plus mitigée en le revoyant.
2011 aura aussi été une année jalonnée de blockbusters d’une grande médiocrité, la petite surprise étant venue de La Planète des Singes : les origines, un reboot réussi de la saga. On se souviendra aussi du joli succès mérité de Polisse de Maïwenn, sans nul doute prêt à décrocher des César dans quelques semaines.

Des déceptions

Certains réalisateurs confirmés ne se sont pas montrés à la hauteur de leur talent. C’est le cas de Zack Snyder avec son joujou inabouti qu’est Sucker Punch, de Roman Polanski livrant un Carnage cordial et vain, de Gus Van Sant et ses ados atones de Restless, de Lars Von Trier qui broie du vide dans l’esthétisant Melancholia, et de David O. Russell avec Fighter.
Dans la série « à contre-courant », deux films remarqués (et récompensés) m’auront donné l’impression d’être un mouton noir : La Guerre est Déclarée ainsi que Winter’s Bone. On ne peut pas plaire à tout le monde !

Quelques bouses

Evidemment, l’année n’a pas été dispensée de bouses infâmes. Pour ma part, je n’aurais pas évité Rien à Déclarer, que l’on peut couronner comme l’un des pires films de l’année aux côtés de Dream House. La plus belle arnaque revient à World Invasion : Battle Los Angeles, vendu grâce à une géniale – maléfique ? – bande-annonce comme une bombe d’action mais s’avérant être un lamentable résidu du genre. Autre arnaque : le préquel de The Thing, véritable pompage de la version de John Carpenter – lui-même à la ramasse avec The Ward !
Si l’on devait attribuer une palme du pire blockbuster, elle irait sans hésitation à The Green Lantern, exceptionnel de nullité et de laideur. Autre film insupportable, la dernière comédie de James L. Brooks, Comment Savoir ? On essayera aussi d’oublier l’affrontement puéril des remakes de La Guerre des Boutons, loin d’atteindre la médiocrité…

A saluer et à blâmer

Parmi les belles initiatives de l’année, on peut mentionner le dépoussiérage de deux films exceptionnels distribués par Carlotta Films : le fabuleux et méconnu Deep End de Jerzy Skolimowski ainsi que le légendaire chef d’oeuvre de Powell et Pressburger, Les Chaussons Rouges. J’en profite d’ailleurs pour vous donner les titres de quelques films que nous allons retrouver en 2012 grâce à Carlotta : La Grande Illusion, Blow out, Le quai des brumes, Talk Radio, Portrait d’une enfant déchue, Le Colonel Blimp, Le Narcisse noir, …
Cure de jouvence également pour l’un des plus grands films de Federico Fellini : 8 1/2, accompagné de superbes bonus – merci Gaumont !
Présenté à Cannes dans une version d’une propreté incroyable, Le Conformiste de Bertolluci se fait par contre attendre en DVD et Blu-ray.

Deux coups de gueule : Wu-Xia, formidable film de Peter Ho-Sun Chan présenté hors compétition à Cannes n’a toujours pas trouvé le chemin des salles françaises, ce n’est pas faute d’avoir un distributeur, en l’occurence, UGC Distribution – qu’attendent-ils ? mystère…
Le second concerne The Divide de Xavier Gens, en compétition à L’Etrange Festival et qui devrait sortir directement en DVD en France. Injustice complète puisqu’il s’agit à mon sens du film le plus abouti du réalisateur ! Je gardais au chaud ma chronique jusqu’à la sortie cinéma, eh bien, ce sera pour la sortie en vidéo…

Des acteurs en ascension

Ils sont probablement trois à avoir marqué l’année. Tout d’abord Ryan Gosling, qui trouve dans le pilote solitaire de Drive son plus grand rôle jusqu’à maintenant. Présents dans trois autre productions cette année, vous l’avez peut-être vu en playboy dans Crazy, Stupid, Love, en amant dans Blue Valentine, ou encore en conseiller de campagne dans Les Marches du Pouvoirs – à voir, la chronique de Nivrae. On retrouvera Ryan Gosling dans trois films l’année prochaine, dont la prochaine production de Nicolas Winding Refn (Only God Forgives) et de Ruben Fleischer (Gangster Squad). Il devrait apparaitre aussi dans Lawless de Terrence Malick, aux côtés de Rooney Mara et de Christian Bale, prévu pour l’année 2013.
Autre visage récurrent : celui de Michael Fassbender. Après avoir été remarqué dans Hunger de Steve McQueen, un passage éclair parmi les Inglourious Basterds de Tarantino et un excellent second rôle dans Fish Tank d’Andrea Arnold, on attendait de voir l’allemand aux racines irlandaises prendre de l’ampleur. C’est chose faite. Seul acteur à donner de la densité à la guignolade qu’est X-men : le commencement, c’est en jouant à nouveau pour McQueen un maniaque sexuel (Shame) que Fassbender confirme définitivement qu’il est déjà un acteur qui compte. Rien de tel que de conclure l’année avec Cronenberg, aux côtés de Keira Knightley et Viggo Mortensen dans l’excellent A Danderous Method. Trois films déjà en boite pour 2012 : Jane Eyre (Cary Fukunaga), Haywire (Steven Soderbergh) et Prometheus (Ridley Scott). Une troisième collaboration avec Steve McQueen est d’ores et déjà validée : Twelve Years a Slave (pour 2013).
Le troisième homme ne s’est montré qu’une seule fois, sans dire le moindre mot ; c’est Jean Dujardin, qui reçoit le prix d’interprétation à Cannes pour The Artist et qui pourrait peut-être décrocher quelque chose outre-atlantique… On le retrouvera en février 2012 dans le films à sketchs Les infidèles, aux côtés de Gilles Lellouche.

Naissances et sacres d’actrices

Première semaine de l’année 2011 et déjà une révélation : Elle Fanning, superbe dans Somewhere (Sofia Coppola) dans le rôle de la fille d’un célèbre acteur déconnecté des réalités et de sa propre vie. Son talent se confirme au cours de l’été dans Super 8 (J.J. Abrams). Dakota Fanning risque de se voir éclipsée par sa soeur cadette qui a déjà tout d’une grande. On la retrouvera en 2012 dans Twixt de Francis Ford Coppola ainsi que dans On a acheté un Zoo de Cameron Crowe.
L’autre découverte de 2011 est celle d’une actrice à l’aura exceptionnelle, Jessica Chastain, incarnant la grâce dans le Tree of Life de Terrence Malick – une collaboration qui devrait continuer en 2012 dans un projet au titre encore inconnu. Chastain représente une singulière forme de sensibilité, de fragilité, insufflant une vitalité d’un naturel remarquable à ses personnages. En 2011, elle aura également joué dans L’affaire Rachel Singer, La Couleur des Sentiments et Take Shelter, dont la date de sortie a été repoussé au 4 janvier 2012. Elle conclue donc l’année dans Killing Fields, film qui ne semble pas recommandable d’après la chronique de Nico de Filmosphère. En 2012, outre le Malick, Jessica Chastain sera à l’affiche du premier film de Ralph Fiennes derrière la caméra, Coriolanus ; Mama, un premier film d’horreur par Andres Muschietti ; Wilde Salome d’Al Pacino ; Tar, un projet sur le poète C. K. Williams.
2011 aura vu le sacre de Natalie Portman aux Oscars pour son rôle dans Black Swan ainsi que celui de Kirsten Dunst à Cannes pour Melancholia – ce qui me pousse à saluer Tilda Swinton pour We Need to Talk About Kevin. Deux autres actrices m’auront particulièrement marqué : Bérénice Béjot dans The Artist et Elena Anaya dans La Piel que Habito.

Voilà pour ce bilan de l’année 2011. N’hésitez pas à commenter cet article avec vos préférences et coups de gueule. Pour ma part, je regrette de ne pas avoir pu découvrir le phénomène Donoma, Time Out – qui ne semble pas tenir ses promesses à en croire l’opinion générale -, 30 minutes maximum, L’Exercice de l’Etat et 50/50. Du rattrapage pour 2012… année durant laquelle j’espère pouvoir fournir toujours autant d’articles ici, ce qui m’est difficile depuis plusieurs mois avec mon nouveau rythme de vie, mais la passion du partage reste intacte.
Merci pour votre fidélité et bonne fête du nouvel an à vous !

Article rédigé par Dom

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4 commentaires

  1. Hello,
    je ne ferais que deux petits commentaires sur ce long article interressant, et très personel sur tes goûts. Le premier, c’est que dans les « bouzes » il y a la photo d’une comédie française, qui n’est pas vraiment une « bouze », mais tu n’en parles pas. Il doit s’agir d’une petite erreure. Et puis il y a Sucker punch, que j’ai trouvé vraiment sympa et jouissif dans ses phases de délires, et je suis aussi très agréablement surpris par la planète des singes. J’ai trouvé le film intelligent et emouvant, ce qui n’est pas souvent le cas avec des films ou tout est numérisé.
    Pour finir, bien sur, HAPPPPPY NEW-YEAAAR? et longue vie dans le « silence & l’action »…

  2. Excellent article, très complet. Faute à une distribution marseillaise indigne, je n’ai malheureusement pas pu voir « Le cheval de Turin » ni « Bruegel, le moulin et la croix ». Personnellement, c’est « Mélancholia » qui m’a véritablement bouleversé cette année: sa capacité à décrire la terreur d’une famille confrontée à une fin du monde inéluctable est autant sublime que terrifiante.

  3. eh bien voilà un beau bilan ! à la fois exigeant et ludique, vibrant et varié… je n’ai pas vu le stratège, qui ne m’avait pas l’air d’un grand film pourtant… grosse erreur alors ?
    merci de ton gentil lien !!!!

  4. @domdom2006 : merci et bonne année. Non je n’ai pas eu le temps de chroniquer Rien à déclarer mais je le trouvé profondément consternant, même pas drôle dans son exploitation d’un racisme très puéril.
    @cinemarium : c’est fort dommage que ces films soient si mal distribués, j’espère que tu pourras les découvrir prochainement en vidéo.
    @Phil Siné : Ah oui, Le Stratège est formidable, de belles valeurs dans un film avec des acteurs au top. Un gros coup de coeur !

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